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[Dossier] De quelle manière la série Star Wars s’est-elle imposée au monde du cinéma ?

Série de films de George Lucas, Star Wars continue de conserver sa place de grande figure de la pop culture 40 ans après sa création. Malgré…

Série de films de George Lucas, Star Wars continue de conserver sa place de grande figure de la pop culture 40 ans après sa création. Malgré des hurlements de terreur après la deuxième trilogie, la série revient depuis peu sur le devant de la scène et cela risque de durer longtemps. Retour sur la manière dont Star Wars s’est imposée au monde du cinéma.

Déclinaison d’un projet avorté d’adapter Flash Gordon au cinéma, Star Wars n’est pas apparu dans la tête de Georges Lucas tranquillement un beau matin, porté par des muses. Cette longue série est née d’un croisement d’influences nombreuses, rémanences vivaces de la culture cinématographique de son créateur. Variées et brassant divers styles, ces dernières proviennent aussi bien du cinéma japonais des années 60 que des westerns de Ford et Leone, à la fois de productions ambitieuses et de courts-métrages iconoclastes (comme 21-87 qui émaille toute sa filmographie). Il a d’ailleurs souvent été reproché à la première trilogie de Lucas de réutiliser sans grande subtilité des gimmicks de réalisation ou des enchaînements de plans quasi similaires à ceux des œuvres dont il s’inspirait.

Si la ressemblance entre le générique déroulant du serial (film à budget réduit) Flash Gordon de 1936 et ceux de la saga est bien connue, la transposition entre l’attaque contre l’Etoile de la Mort du premier Star Wars de 1977 et l’assaut dans le canyon du film britannique The Dam Busters l’est un peu moins, mais reste un cas d’école manifeste de « gros » remaniement peu déguisé. Mais malgré ces appendices prélevés sur d’autres corps, le cinéma de Lucas au travers de sa série conserve une richesse évidente. Notamment lorsque Star Wars digère les influences pour y intégrer sa mythologie propre et créer son langage. Une discussion qui passe par une certaine philosophie – la Force et les Jedi, un background foisonnant et un aspect technique souvent mis de côté.

Régulièrement vue comme une source à laquelle vont boire les films de SF qui se cherchent une personnalité, la série Star Wars n’est pas la plus influente en terme de réutilisation de mythologie, ou de structure narrative. Elle s’est déjà occupée de les emprunter également. Non, la saga de Lucas est prescriptrice dans la manière dont a évolué, déjà le cinéma de genre et ensuite la production du film de divertissement hollywoodien. Lors de sa sortie, Star Wars : A New Hope a amené une révolution dans le domaine des effets visuels, grâce à la création de caméras spécifiques pour les combats spatiaux mais surtout une volonté de dépassement des limites d’époque. Lucas et son équipe ont rapidement tenté de pousser au bout les techniques de traitement de l’image afin d’obtenir le meilleur rendu possible, tout en inventant des astuces à la fois mécanique et informatique pour donner corps à leurs envies.

Un besoin de défricher qui donne naissance à ILM, regroupement de spécialistes des effets spéciaux, encore en activité aujourd’hui et parmi les plus importantes entreprises dédiées à ce domaine. Industrial Light and Magic est par exemple derrière les effets des récents Jurassic World, Captain America : Civil War ou encore Docteur Strange parmi une immense liste de films où la société est impliquée, depuis E.T jusqu’à Harry Potter. Il en est de même au niveau du son avec l’avènement de la technologie THX.

Développée par l’entreprise du même nom, fondée en 83 par Lucas, ce procédé part d’une volonté un peu mégalo de ce dernier de fournir à des cinéma un système sonore permettant de rendre au mieux le travail opéré sur ses films et notamment Le Retour du Jedi. Vendue comme le moyen d’être le plus proche des choix opérés au moment du mixage, cette « norme » est encore utilisée dans un immense spectre de matériel audio. Même si c’est désormais Razer qui en détient les droits. Enfin, d’un strict point de vue économique, la trilogie de Lucas a en partie défini la façon dont Hollywood a reconsidéré la cible la plus intéressante dans la production de longs-métrages : l’époque d’une force de frappe dirigée vers les trentenaires est terminée quand il est possible de s’adresser à des jeunes ados sensibles au merchandising.

De même, Star Wars a popularisé le principe de narration en série, s’étalant sur plusieurs épisodes tout en gardant les mêmes personnages et une dramaturgie similaire. Et ce n’est pas certains des plus grands cinéastes actuels qui diront le contraire.

[nextpage title=”Les gardiens d’une galaxie lointaine”]

Clairement suiveur de la locomotive Star Wars, les récents films de la série Les Gardiens de la Galaxie s’avèrent plutôt sympathiques mais ne parviennent pas à apposer leur marque. Non seulement à cause de leur intrication dans le labyrinthe Marvel, mais surtout par leur manque de mythologie. Là où Lucas s’imposait avec certes une vieille grammaire et de sacrés emprunts mais une dimension de conte emblématique indiscutable, les longs-métrages de James Gunn ne se servent pas de la référence Star Wars. La copie de structure narrative et de « casting » est stérile. Ce qui ne joue pas sur la qualité de ces productions, mais les met en position de faire-valoir un peu terne.

Les gardiens de la galaxie

La force de la série de George Lucas à l’époque est d’avoir relancé un genre en lui conférant un visage à la fois référencé quasi à outrance et neuf. La SF de tonton fonctionnait, mais n’avait pas cette dimension de mythe fondateur. Mélange de coup de bol et de vision, cette vague pleine de lasers et de gens casqués a ouvert une brèche. Ce que raconte Ridley Scott concernant Alien, interviewé par le site américain Deadline : « Star Wars a été une source d’inspiration absolue pour moi, le premier que Georges Lucas a réalisé […] J’ai annulé le film que j’étais en train de tourner après l’avoir vu ». Il poursuit en expliquant que la Fox a donné sa chance à Alien grâce au succès du film de Lucas. D’autant que les transfuges entre les deux films sont bien réels, notamment Roger Christian (directeur artistique) ou Dan O’Bannon (effets visuels de Star Wars et responsable du scénario sur Alien).

Aliens

Peter Jackson, Ron Howard, ou encore Guillermo del Toro se revendiquent eux aussi de l’influence Star Wars ce qui apparaît dans leur cinéma de manière claire, que ce soit dans l’intégration d’une dimension de conte, d’une envie de dépeindre un univers « cabossé », de chercher la performance visuelle. Car chacun d’eux a été sensible à cette façon de raconter une histoire, qui mêle SF et Fantasy, univers vieillissant et naïveté, passage cyclique entre espoir et chute. Une dimension de vieux conteur au coin du feu qui maîtrise des centaines de tours de magie pour enjoliver son histoire passée entre les générations. C’est cela et l’ambition technique qui a fait de Star Wars ce modificateur du cinéma hollywoodien actuel. Si l’on s’en tient à la première trilogie, bien évidemment.

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