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De la SF à la réalité : comment le metaverse de Facebook veut révolutionner Internet

Annoncé en grandes pompes il y a quelques semaines, le metaverse de Facebook promet déjà de nous transporter dans un monde virtuel encore jamais exploré. Mais qu’est-ce que c’est au juste ?

On en entend parler depuis déjà plusieurs semaines. Après avoir annoncé la création de 10 000 emplois en Europe et la possibilité de changer jusqu’à son nom d’entreprise, Facebook envisage aujourd’hui son metaverse comme “le futur de Facebook en tant que société”, mais aussi comme l’avenir des réseaux sociaux. Sorte de monde virtuel transdimensionnel oscillant entre le réel et le dématérialisé, c’est quoi au juste le metaverse ?

Penser l’Internet de demain

Mark Zuckerberg en est persuadé : c’est dans le metaverse que se jouera l’Internet du futur. Surfer sur le web, assister à des évènements virtuels, communiquer, jouer aux jeux vidéo et même télétravailler… notre consommation du web s’apprête à prendre une toute nouvelle dimension.

Il y a plusieurs mois déjà, le battle royale Fortnite avait ouvert la voie, en réunissant plusieurs millions de spectateurs le temps de quelques concerts virtuels. Avant Epic Games, d’autres avaient déjà exploré cette idée du metaverse, que ce soit par le biais du cinéma comme avec Ready Player One de Steven Spielberg, sorti en 2018, ou de manière plus concrète, comme Nvidia et son projet Omniverse.

L’idée d’un monde virtuel n’est donc pas nouvelle ; il suffit d’ailleurs de constater le succès du jeu Second Life dès les années 2003 pour s’en rendre compte. Entre les mains d’un géant comme Facebook, le concept de metaverse pourrait cependant prendre des proportions bien différentes.

Concrètement, les possibilités offertes par le metaverse de Facebook semblent infinies. Depuis un smartphone, un ordinateur ou — mieux — un casque de réalité virtuelle, les internautes pourront désormais visiter l’appartement de leurs rêves, flâner dans une salle d’exposition virtuelle (où les œuvres vendues seront des NFT), et assister à des séances de cinéma avec leurs amis depuis l’autre bout du monde. Né du gaming, le metaverse a depuis longtemps dépassé le simple stade du divertissement, et pourrait bien d’ici quelques années, comme le prédit Mark Zuckerberg, révolutionner l’idée même d’Internet.

La nouvelle poule aux œufs d’or des GAFAM

Si Facebook espère révolutionner les habitudes des consommateurs grâce à son metaverse, ce n’est évidemment pas par altruisme. L’entreprise sait aussi qu’elle peut gagner très gros en dictant le futur des réseaux sociaux. Alors que les plateformes “historiques” comme Facebook, Twitter et même Instagram enregistrent un public vieillissant et un taux d’engagement en chute libre, le metaverse pourrait permettre au GAFAM de renouveler son offre, et de s’opposer frontalement à la pieuvre chinoise TikTok.

Travis Scott en concert sur Fortnite – Crédits Epic Games

Chez les créateurs de contenu notamment, pas besoin de chercher bien loin pour comprendre tout l’intérêt du metaverse. Il suffit de prendre en exemple le concert de Travis Scott sur Fortnite en avril 2020, et ses quelque 27,7 millions de spectateurs, pour réaliser la portée potentielle — et donc la monétisation potentielle — du monde virtuel rêvé par Facebook.

Chez les marques aussi, le metaverse pourrait être l’occasion de tirer leur épingle du jeu. Si une importante partie des bénéfices engrangés par Facebook chaque année se joue sur la publicité affichée sur le réseau social, le metaverse s’impose déjà comme une vitrine de choix pour les entreprises.

Parallèlement, l’émergence des cryptomonnaies pourrait aussi jouer un rôle clé dans le développement du metaverse, notamment via les NFT. L’intérêt du grand public pour les token non-fongible a beau s’être essoufflé depuis quelques mois, ces objets virtuels pourraient bientôt peupler nos univers virtuels. Selon les prévisions du cabinet d’étude IDC, les dépenses liées aux NFT devraient d’ailleurs être multipliées par six entre 2020 et 2024.

Dystopie ou révolution technologique ?

L’idée d’être virtuellement transporté dans un Internet tangible aux airs de monde parallèle séduit depuis longtemps déjà la pop culture. Imaginé en 1992 par le romancier Neal Stephenson dans Le Samouraï virtuel, le concept tout droit sorti de l’imaginaire SF a rapidement investi petits et grands écrans. Depuis la saga Matrix, jusqu’à Ready Player One et Black Mirror, le metaverse existe déjà dans l’imaginaire collectif, au point que sans jamais l’avoir expérimenté, nous savons sensiblement à quoi nous attendre.

Pour autant, l’idée même du metaverse suscite aussi bon nombre de questionnements, souvent plus éthiques que technologiques. À commencer par nos avatars, ces doubles virtuels dont rêve Mark Zuckerberg pour peupler son réseau social nouvelle génération. Dans son projet de développement, l’entreprise n’exclut pas l’idée d’équiper ses casques Oculus d’un lecteur biométrique, capable d’authentifier, mais aussi de reproduire les expressions faciales de son porteur. Au delà de rendre nos futurs échanges bien plus réalistes, cette fonctionnalité risque surtout de livrer à Facebook quantité de données biométriques sensibles. Pas forcément engageant de la part d’une entreprise régulièrement pointée du doigt pour sa gestion douteuse des données personnelles.

L’enjeu de la VR

Pour mener à bien son projet metaverse, Facebook surfe sur l’idée d’une téléportation mentale. En plus des hologrammes et de la réalité augmentée, capables de transporter le virtuel dans le monde réel, l’entreprise a depuis déjà plusieurs années, misé très gros sur la réalité virtuelle. Il faut dire que près de sept ans après le rachat d’Oculus, il était temps pour le GAFAM de capitaliser sur la VR, jusqu’alors balbutiante, et réservée au jeu vidéo. Initiée par l’Université de l’Utah dans les années 1970, la  technologie aura dû attendre les années 2010 pour imaginer (enfin) un déploiement à grande échelle. Pour autant, le concept reste encore aujourd’hui produit de niche, et ni l’Oculus Rift, ni le PS VR, ni le HTC Vive ne sont encore vraiment parvenus à s’imposer auprès du grand public.

casque réalité virtuelle
Pixabay- Mohamed Hassan

Tout l’enjeu pour Facebook pour ces prochaines années sera donc de développer sa technologie VR parallèlement à son metaverse. Pour y parvenir, l’entreprise entend se donner les moyens : il y a quelques semaines, elle annonçait pas moins de 10 milliards de dollars d’investissements de Research & Development sur son pôle Reality Labs. Car il faut bien être réaliste : Mark Zuckerberg a beau marteler que son monde virtuel sera accessible depuis n’importe quel ordinateur, tout l’intérêt du metaverse prendra sens une fois l’internaute équipé de son casque VR.

Le monde virtuel existe déjà

C’est dans son caractère immersif que le metaverse de Facebook se démarque le plus de l’Internet que l’on connaît. Capable de nous propulser dans un monde virtuel sans même avoir à bouger de notre salon, le concept repousse les frontières du monde physique, jusqu’à nous interroger sur le concept même de réalité.

Car il faut être réaliste : si aujourd’hui l’idée nous apparaît à la limite de la science-fiction, il en allait de même quelques décennies plus tôt pour Internet. Aujourd’hui, l’opposition manichéenne entre réel et numérique n’a plus réellement lieu d’être : nous passons de plus en plus de temps devant un écran, créons et entretenons des relations sur les réseaux sociaux, et notre travail aussi bien que nos divertissements répondent de plus en plus à l’appel du dématérialisé. Il n’a pas fallu attendre l’apparition du metaverse pour voir se brouiller les limites entre les mondes IRL et virtuel. En imaginant son réseau social du futur, Mark Zuckerberg ne fait que s’inscrire dans la continuité de ce qui a été entamé depuis des années déjà.

Au lieu de prendre part à la guerre spatiale qui oppose Jeff Bezos et Elon Musk, Mark Zuckerberg semble plutôt décidé à investir l’espace virtuel, et ce n’est finalement pas étonnant. Annoncé alors qu’il n’en est encore qu’à ses balbutiements, le metaverse est surtout un moyen pour l’entreprise au logo bleu de séduire un autre public — celui des young adults — à l’heure où elle enregistre une audience vieillissante, peine à monétiser son contenu, et souffre d’une réputation au plus bas depuis la diffusion des Facebook Files. Une bouée de sauvetage pour Facebook sur un marché Internet de plus en plus féroce qui soulève cependant de très nombreuses questions éthiques. Il s’agira pour les régulateurs européens et internationaux de se pencher sérieusement sur la question, afin d’éviter de laisser le metaverse devenir un no man’s land virtuel, où Mark Zuckerberg règne en seul maître à bord, à l’image de Stu Camillo dans la série Future Man.

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6 commentaires
  1. “séduire un autre public — celui des young adults —” => “séduire un autre public — celui des jeunes adultes—” 🙂

  2. Je ne comprends pas bien .
    On porte un casque est on a l’impression d’être à un concert tout en étant assis dans son canapé ?
    C’est cela ?
    Et cela marche ? Je veux dire cela plait ?
    Etonnant…
    A terme, on sera comme dans Wall-e, des grassouillets qui ne pourront même plus se lever et vivront dans un monde virtuel , par définition, qui n’existe pas …
    Bizarre, bizarre…

  3. “Le monde virtuel existe déjà”

    Un non sens, le virtuel par définition n’est pas réel et n’existe pas….

  4. Je suis dans le méta verse depuis longtemps avec le PSVR je voyage dans un monde virtuel, ceux qui n ont pas essayé ne peuvent pas comprendre

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