Il y a une chose que j’ai apprise depuis que je tente de survivre dans le monde de DayZ : les jeux de zombies, c’est de la tarte. On vous met un gros flingue dans les paluches, et à vous de trucider le plus de morts-vivants possible. C’était devenu tellement simple et bourrin que je me disais : si les zombies apparaissaient un jour chez nous, il serait aisé de survivre. DayZ, le célèbre mod d’ ARMA II qui modifie le jeu pour en faire une simulation d’apocalypse zombie, m’a vite fait redescendre de mon nuage.
Mes débuts sont rudes. Échoué sur une plage que je ne connais pas, je ne vois pas âme qui vive. Autour de moi, des montagnes et des forêts inhabitées. En apparence du moins. Totalement perdu, je me mets en route sans savoir où je vais. Je croise une route, décide de la suivre, cap vers l’Est. Un ami m’a embarqué dans cette galère. Il m’avait dit qu’il m’aiderait à débuter. Mais il n’est pas encore là. J’ai fait ma tête de mule et j’ai décidé de ne pas attendre son arrivée pour commencer. Monumentale erreur.
Après une petite dizaine de minutes de marche, j’atteins un hameau isolé. Il semble qu’il y ait du mouvement dans les rues, quelque chose qui bouge. Désarmé, je décide de jouer la prudence. Je progresse accroupi vers les premières maisons. Arrivé dans un jardin en friche, je passe la tête au-dessus d’une palissade fatiguée et découvre la cause de cette agitation. Oui, ce sont bien des zombies. Il y en a deux, postés devant une maison ouverte. Je prends mon courage à deux mains et de me précipite vers l’entrée. Ma charge héroïque s’achève à deux mètres de la porte ; avec plusieurs os cassés et une hémorragie, je tombe lentement dans le coma alors que des zombies affamés dévorent ma carcasse inerte. Game Over. Je décide d’attendre mon ami.
A deux, c’est mieux
Une heure plus tard, MxM (c’est le pseudonyme de mon ami) m’a rejoint. Je suis à nouveau sur une plage, seul et sans armes. “Décrit moi l’endroit où tu te trouves”, me dit mon ami. Je lui indique alors qu’il y a quelques îles à l’horizon, et sur l’une d’elles un phare. “Tu es à Otmel. J’arrive dans 10 minutes. En attendant, allonge toi dans l’herbe et fais toi oublier”. Oublier de qui ? Je ne sais pas encore. Pas de zombies à l’horizon, mais le fait d’être caché dans les buissons près de la route me met déjà mal à l’aise. Pendant mon attente, MxM m’explique les rudiments du jeu : “Nous devons d’abord passer à Tcherno. Il te faut des armes, des vivres, et de quoi te soigner. Tu me marques à la culotte, tu vas ou je vais, et tu fais ce que je fais”. Après de longues minutes d’attente, il apparaît enfin. MxM décide de changer de serveur : “Nous allons prendre un serveur de nuit”, m’explique-t-il. ” Nous serons moins visibles, et l’ambiance sera plus pesante”. Je m’exécute. Plongé dans l’obscurité, je le suis à la trace, suivant sa lampe torche qu’il fait clignoter à intervalles réguliers.
Nous atteignons rapidement Tcherno, la plus grande ville de DayZ. “Tu as de la chance, nous étions à côté. Il faut savoir que la carte est immense, et que tu réapparais toujours sur la côte. Plus tu vas dans les terres, plus les autres joueurs sont organisés et équipés”. Une fois dans les faubourgs de la ville, j’imite chacun de ses gestes. Il marche lentement sur le béton pour faire le moins de bruits possible, il s’accroupit pour passer à côté d’un zombie, il se baisse systématiquement quand il traverse une rue. Plus loin, nous pénétrons dans un hôpital désaffecté.
Perte d’humanité
Je récupère un peu d’équipement dans l’hôpital : des sacs de sang, de la morphine, des pilules pour arrêter mes tremblements. Le système de pillage est imbuvable : je dois scroller pour dévoiler la liste des objets disponibles. L’interface utilisateurs, quasi inexistante, rend la gestion de mon inventaire douloureuse. Nous fouillons également les quelques immeubles de la zone. Je récupère des conserves, du soda et ma première arme : une Winchester. “Parfaite pour les débutants”, me dit MxM. “Elle est efficace et assez silencieuse”. Nous grimpons ensuite sur le toit d’un immeuble histoire de voir le chemin à prendre pour rejoindre l’épicerie. J’aperçois alors une silhouette qui se déplace assez vite. Ce n’est pas un zombie, mais bien un autre survivant. “On descend du toit, hurle mon compagnon dans le micro, on est trop visible ici !”.
Au rez-de-chaussée, nous tombons nez à nez avec l’autre survivant. Il crie : “Don’t Shoot!”. Mon compagnon lui loge une balle en pleine poitrine. Par réflexe, je tire aussi. Il tombe, raide mort. “Pourquoi as-tu tiré ?”, je demande. “C’était lui ou nous”, répond MxM. “Dans DayZ, il ne faut pas faire confiance aux autres joueurs. Il aurait attendu qu’on tourne le dos pour nous exécuter et voler notre équipement”. Je me rends alors compte que dans DAyZ, les zombies ne sont pas les ennemis les plus dangereux. Sur mon écran le chiffre 1 apparaître à côté du mot “meurtre”. “Dépouille-le et on se taille ! Les tirs ont attiré les zombies, et d’autres joueurs nous ont sûrement entendu !”. Je m’exécute et ramasse son sac à dos. “Un backpack, le meilleur du jeu !”, s’exclame MxM. “Prend le, mais fais attention, beaucoup de gens le convoitent ici.”
Survie en pleine nature
Quelques jours plus tard, je retrouve MxM et un autre compagnon de jeu, GodMother dans une nouvelle partie de DayZ. Pour la première fois de ma vie, j’ai réellement l’impression de jouer à un jeu de survie. La peur de mourir me hante. Une balle ou une morsure peuvent être fatales. En ville, mes amis chuchotent. Nous faisons un détour pour éviter un groupe de survivants qui lancent des fumigènes. Nous ne saurons jamais contre qui ils se battaient. Je me rends compte que je n’ai pas hésité une seconde à les abandonner à leur triste sort. Plus loin, un champs dépouillé nous sépare encore de la base militaire. Il faut le traverser pour l’atteindre, à terrain découvert. 60 joueurs sur le serveur, indiquait le launcher, et nous sommes sur un des lieux les plus “touristiques” de la zone de jeu. Nous progressons à tâtons, malgré les bugs graphiques qui apparaissent près des bases.
Le complexe militaire se révèle immense, et infestée de zombies. De pauvres militaires qui marchent maintenant avec les morts. Une bonne nouvelle pour nous, puisqu’ils regorgent de munitions. Nous fouillons minutieusement chaque bâtiment, et ramassons des trésors comme cette lampe torche militaire, dont le faisceau n’attire pas les zombies. Par chance, nous ne croisons personne. La base semble vide. “Allons vers le nord, des véhicules s’y trouvent surement”, lâche MxM. Encore une fois, il faut se déplacer à découvert. Nous rampons dans les hautes herbes. 10 mètres. 30 mètres. 100 mètres. Nous atteignons le milieu du champ, quand une balle siffle juste à côté de mon oreille. “Déco ! Vite !”, hurlent mes compagnons. Je quitte le jeu. Je réapparaîtrais ici si je me connecte sur un autre serveur, et avec un peu de chance, il n’y aura personne. C’est lâche, c’est de la triche, mais la peur de perdre mon précieux sac à dos a été plus forte que l’envie d’affronter un tireur embusqué. Mon cœur bat à deux cent à l’heure, je transpire à grosses gouttes, mes mains tremblent… Je regarde mon téléphone : il est 4 heures du matin.
DayZ est un jeu de survie, un vrai. Rares sont les expériences de jeu qui m’ont offerte tant d’immersion. Si l’apocalypse zombie devait arriver un jour, DayZ serait un bon entraînement. Règle numéro 1 : ne jamais relâcher sa garde. La perte de vigilance signifie la mort. DayZ n’est pour l’instant qu’un mod à ARMA II, avec ses bugs et ses imprécisions, mais le jeu sortira bientôt en stand-alone, c’est à dire comme un titre à part entière, amélioré aussi bien graphiquement qu’au niveau du gameplay. D’autres candidats viendront également occuper le créneau, comme le très mystérieux War Z. Bref, DayZ est plus qu’un jeu, c’est une expérience. Si vous avez l’occasion, essayez le, rien qu’une fois. Mais un conseil : ne pénétrez pas seul dans ce monde de zombies…
Mes débuts sont rudes. Échoué sur une plage que je ne connais pas, je ne vois pas âme qui vive. Autour de moi, des montagnes et des forêts inhabitées. En apparence du moins. Totalement perdu, je me mets en route sans savoir où je vais. Je croise une route, décide de la suivre, cap vers l’Est. Un ami m’a embarqué dans cette galère. Il m’avait dit qu’il m’aiderait à débuter. Mais il n’est pas encore là. J’ai fait ma tête de mule et j’ai décidé de ne pas attendre son arrivée pour commencer. Monumentale erreur.
Après une petite dizaine de minutes de marche, j’atteins un hameau isolé. Il semble qu’il y ait du mouvement dans les rues, quelque chose qui bouge. Désarmé, je décide de jouer la prudence. Je progresse accroupi vers les premières maisons. Arrivé dans un jardin en friche, je passe la tête au-dessus d’une palissade fatiguée et découvre la cause de cette agitation. Oui, ce sont bien des zombies. Il y en a deux, postés devant une maison ouverte. Je prends mon courage à deux mains et de me précipite vers l’entrée. Ma charge héroïque s’achève à deux mètres de la porte ; avec plusieurs os cassés et une hémorragie, je tombe lentement dans le coma alors que des zombies affamés dévorent ma carcasse inerte. Game Over. Je décide d’attendre mon ami.
A deux, c’est mieux
Une heure plus tard, MxM (c’est le pseudonyme de mon ami) m’a rejoint. Je suis à nouveau sur une plage, seul et sans armes. “Décrit moi l’endroit où tu te trouves”, me dit mon ami. Je lui indique alors qu’il y a quelques îles à l’horizon, et sur l’une d’elles un phare. “Tu es à Otmel. J’arrive dans 10 minutes. En attendant, allonge toi dans l’herbe et fais toi oublier”. Oublier de qui ? Je ne sais pas encore. Pas de zombies à l’horizon, mais le fait d’être caché dans les buissons près de la route me met déjà mal à l’aise. Pendant mon attente, MxM m’explique les rudiments du jeu : “Nous devons d’abord passer à Tcherno. Il te faut des armes, des vivres, et de quoi te soigner. Tu me marques à la culotte, tu vas ou je vais, et tu fais ce que je fais”. Après de longues minutes d’attente, il apparaît enfin. MxM décide de changer de serveur : “Nous allons prendre un serveur de nuit”, m’explique-t-il. ” Nous serons moins visibles, et l’ambiance sera plus pesante”. Je m’exécute. Plongé dans l’obscurité, je le suis à la trace, suivant sa lampe torche qu’il fait clignoter à intervalles réguliers.
Nous atteignons rapidement Tcherno, la plus grande ville de DayZ. “Tu as de la chance, nous étions à côté. Il faut savoir que la carte est immense, et que tu réapparais toujours sur la côte. Plus tu vas dans les terres, plus les autres joueurs sont organisés et équipés”. Une fois dans les faubourgs de la ville, j’imite chacun de ses gestes. Il marche lentement sur le béton pour faire le moins de bruits possible, il s’accroupit pour passer à côté d’un zombie, il se baisse systématiquement quand il traverse une rue. Plus loin, nous pénétrons dans un hôpital désaffecté.
Perte d’humanité
Je récupère un peu d’équipement dans l’hôpital : des sacs de sang, de la morphine, des pilules pour arrêter mes tremblements. Le système de pillage est imbuvable : je dois scroller pour dévoiler la liste des objets disponibles. L’interface utilisateurs, quasi inexistante, rend la gestion de mon inventaire douloureuse. Nous fouillons également les quelques immeubles de la zone. Je récupère des conserves, du soda et ma première arme : une Winchester. “Parfaite pour les débutants”, me dit MxM. “Elle est efficace et assez silencieuse”. Nous grimpons ensuite sur le toit d’un immeuble histoire de voir le chemin à prendre pour rejoindre l’épicerie. J’aperçois alors une silhouette qui se déplace assez vite. Ce n’est pas un zombie, mais bien un autre survivant. “On descend du toit, hurle mon compagnon dans le micro, on est trop visible ici !”.
Au rez-de-chaussée, nous tombons nez à nez avec l’autre survivant. Il crie : “Don’t Shoot!”. Mon compagnon lui loge une balle en pleine poitrine. Par réflexe, je tire aussi. Il tombe, raide mort. “Pourquoi as-tu tiré ?”, je demande. “C’était lui ou nous”, répond MxM. “Dans DayZ, il ne faut pas faire confiance aux autres joueurs. Il aurait attendu qu’on tourne le dos pour nous exécuter et voler notre équipement”. Je me rends alors compte que dans DAyZ, les zombies ne sont pas les ennemis les plus dangereux. Sur mon écran le chiffre 1 apparaître à côté du mot “meurtre”. “Dépouille-le et on se taille ! Les tirs ont attiré les zombies, et d’autres joueurs nous ont sûrement entendu !”. Je m’exécute et ramasse son sac à dos. “Un backpack, le meilleur du jeu !”, s’exclame MxM. “Prend le, mais fais attention, beaucoup de gens le convoitent ici.”
Survie en pleine nature
Quelques jours plus tard, je retrouve MxM et un autre compagnon de jeu, GodMother dans une nouvelle partie de DayZ. Pour la première fois de ma vie, j’ai réellement l’impression de jouer à un jeu de survie. La peur de mourir me hante. Une balle ou une morsure peuvent être fatales. En ville, mes amis chuchotent. Nous faisons un détour pour éviter un groupe de survivants qui lancent des fumigènes. Nous ne saurons jamais contre qui ils se battaient. Je me rends compte que je n’ai pas hésité une seconde à les abandonner à leur triste sort. Plus loin, un champs dépouillé nous sépare encore de la base militaire. Il faut le traverser pour l’atteindre, à terrain découvert. 60 joueurs sur le serveur, indiquait le launcher, et nous sommes sur un des lieux les plus “touristiques” de la zone de jeu. Nous progressons à tâtons, malgré les bugs graphiques qui apparaissent près des bases.
Le complexe militaire se révèle immense, et infestée de zombies. De pauvres militaires qui marchent maintenant avec les morts. Une bonne nouvelle pour nous, puisqu’ils regorgent de munitions. Nous fouillons minutieusement chaque bâtiment, et ramassons des trésors comme cette lampe torche militaire, dont le faisceau n’attire pas les zombies. Par chance, nous ne croisons personne. La base semble vide. “Allons vers le nord, des véhicules s’y trouvent surement”, lâche MxM. Encore une fois, il faut se déplacer à découvert. Nous rampons dans les hautes herbes. 10 mètres. 30 mètres. 100 mètres. Nous atteignons le milieu du champ, quand une balle siffle juste à côté de mon oreille. “Déco ! Vite !”, hurlent mes compagnons. Je quitte le jeu. Je réapparaîtrais ici si je me connecte sur un autre serveur, et avec un peu de chance, il n’y aura personne. C’est lâche, c’est de la triche, mais la peur de perdre mon précieux sac à dos a été plus forte que l’envie d’affronter un tireur embusqué. Mon cœur bat à deux cent à l’heure, je transpire à grosses gouttes, mes mains tremblent… Je regarde mon téléphone : il est 4 heures du matin.
DayZ est un jeu de survie, un vrai. Rares sont les expériences de jeu qui m’ont offerte tant d’immersion. Si l’apocalypse zombie devait arriver un jour, DayZ serait un bon entraînement. Règle numéro 1 : ne jamais relâcher sa garde. La perte de vigilance signifie la mort. DayZ n’est pour l’instant qu’un mod à ARMA II, avec ses bugs et ses imprécisions, mais le jeu sortira bientôt en stand-alone, c’est à dire comme un titre à part entière, amélioré aussi bien graphiquement qu’au niveau du gameplay. D’autres candidats viendront également occuper le créneau, comme le très mystérieux War Z. Bref, DayZ est plus qu’un jeu, c’est une expérience. Si vous avez l’occasion, essayez le, rien qu’une fois. Mais un conseil : ne pénétrez pas seul dans ce monde de zombies…
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