Il y a 14 ans, AMC ouvrait un important chapitre de son histoire. La chaîne américaine s’attaquait aux comics de Robert Kirkman, entendait raconter une apocalypse zombie aux côtés de certains survivants. Sous l’impulsion de Frank Darabont, le drame horrifique prenait des allures de réflexion sur les fondements d’une société. Il s’agissait de décortiquer la nature humaine, de passer au crible les notions de moralité, d’appartenance et de libre arbitre. Critiques dithyrambiques, records d’audience, The Walking Dead est rapidement considérée comme “l’autre grande série de la décennie”. Comme Game of Thrones a remis la fantasy au cœur des préoccupations de l’industrie cinématographique et télévisuelle, The Walking Dead a prouvé que les goules sanguinaires n’avaient pas encore livré tous leurs secrets.
Mais voilà, en 2022, AMC doit se résoudre à laisser mourir sa série The Walking Dead. Le public n’est plus aussi nombreux, les audiences sont en chute libre. La chaîne américaine a trop tiré sur la corde. À sa diffusion, le final de la série ne rassemblera que 11,7 millions de téléspectateurs contre 16 au début de la saison 11. Il apparaît alors très clairement que TWD vit ses dernières heures, le spin-off Fear The Walking Dead doit aussi arriver à son terme quelques mois plus tard. Mais l’épisode final ne semble pas tout à fait conclure le parcours des personnages principaux… Le film sur Rick Grimes ne se fera pas, mais un spin-off s’apprête à voir le jour. Maggie et Negan seront aussi à l’épicentre d’une série consacrée, évoluant à New York et explorant l’idée d’une collaboration forcée entre le bourreau de Glenn et sa veuve. The Ones Who Live doit quant elle réunir Rick et Michonne, expliquer ce qu’il est advenu du personnage incarné par Andrew Lincoln. Enfin, Daryl Dixon est sans doute celle qui s’affranchit le plus de la série mère, la série transporte le héros sur un nouveau continent. C’est en France que le loup solitaire pose involontairement ses valises. David Zabel est à la création, c’est la première fois qu’il explore l’univers The Walking Dead. Du sang frais et une nouvelle série pour relancer la machine ?
Nouvelle série… Vraiment ?
Le cadre a changé, les personnages aussi. En théorie, Daryl Dixon devait moins être la poursuite du voyage du héros qu’une réinvention de la fresque zombiesque. Mais la première saison n’a pas mis bien longtemps avant de tomber dans les mêmes écueils de son aînée, à se complaire dans des schémas narratifs et thématiques éculés. À dire vrai, le voyage de Daryl aurait tout aussi bien pu être intégré dans une saison de The Walking Dead, à ça près que “la french touch” apportée par les nombreux artistes hexagonaux convoqués pour l’occasion aurait créé une dissonance cognitive.
Hormis un enrobage plus exotique, pour le public cible, The Walking Dead : Daryl Dixon ne réinventait pas la roue. Le final de la saison 1 laissait espérer une suite plus enthousiasmante, les pions étant placés sur un échiquier que l’on imaginait plus vaste. Un an après, et alors que Carol Pelletier est en chemin, cette salve baptisée The Book of Carol semble trouver un tempo qui lui convient. Le nombre de personnages a été revu à la baisse, The Walking Dead ne veut plus s’éparpiller. La narration abandonne aussi le manichéisme de ses débuts, pour interroger la thématique qui la nourrit depuis des années. La saison 2 ajoute de la nuance et s’offre quelques moments de grâce.
“J’y crois encore…”
Depuis La Nuit des Morts-vivants de George Romero, le zombie est politique. Il permet de critiquer la guerre, puis la société de consommation jusqu’aux inégalités salariales. Dans The Walking Dead, il est surtout question de mettre l’accent sur l’humain, les marcheurs n’ayant jamais été le centre de l’attention. Rick Grimes et sa bande sont ses sujets d’un laboratoire qui interroge ce qu’il advient de l’humain lorsqu’il est confronté à une violence inédite, qu’il doit survivre à tout prix. Mais après onze saisons d’errance dans une Amérique désolée, le choix d’un contexte français donne de l’espoir. Nouveaux personnages, nouveaux enjeux, mais toujours le même amour pour ces humains confrontés à la chute d’un monde, la série AMC parvenait parfois à se réinventer.
Les même questionnements subsistent, et particulièrement sur la nécessité de faire société. The Book of Carol, nom choisi pour cette saison 2, oppose organisation militaire et groupe religieux, des fanatiques qui trouvent pour seul réconfort la perspective de voir un messie sauver l’humanité. Ordre ou espoir ? C’est lorsqu’elle met en parallèle le totalitarisme de l’organisation de Madame Genêt à celui de la communauté des rescapés du Mont-Saint-Michel que cette seconde saison trouve sa lumière. Si la saison 2 n’évite pas la redite, et se livre parfois à de l’explication de texte aux moyens de dialogues déclamés comme des notes d’intention, force est de constater que Daryl Dixon saison 2 a déjà plus à raconter que son aînée.
C’est aussi le cas dans quelques trouvailles narratives concernant le voyage de Carol, lorsqu’une panne de carburant fait tourner le voyage des héros en cauchemar. Reste que le format court, six épisodes, laisse un sentiment d’inachevé aux spectateurs. Car si l’on pouvait reprocher à la série mère ses nombreuses longueurs, ce spin-off a souvent le pied sur l’accélérateur. C’est aussi le constat que l’on pouvait faire à la fin de The Ones Who Live, quand les retrouvailles de Rick et Michonne semblaient précipitées, voire bâclées.
Mais pourquoi on continue ?
Cela fait maintenant plus d’une décennie que The Walking Dead garde les spectateurs prisonniers de son univers. Si certains sont parvenus à s’échapper, à vouer un culte à d’autres dieux télévisuels, force est de constater que TWD a encore de nombreux adeptes. On ’a été tentés plusieurs fois de laisser l’univers de côté, de se résigner à abandonner Daryl, Rick, Michonne, Maggie et Negan, pourtant, The Walking Dead continue de nous prendre dans ses filets. Malgré les choix narratifs douteux et les tentatives infructueuses, la série continue de nous captiver, car elle est parvenue à faire éclore des personnages captivants, que l’on ne veut plus quitter. Cet attachement se confirme avec Daryl Dixon : The Book of Carol, où la perspective de voir les personnages face à face à nouveau suffit à nous tenir en haleine. Norman Reedus est encore une fois impeccable dans la peau du survivant taiseux, mais attendrissant, tandis que Melissa McBride continue d’acter la métamorphose de son personnage. Si tous les acteurs qu’ils côtoient n’affichent pas la même justesse, l’aura des têtes d’affiche suffi à nous garder prisonniers un peu plus longtemps. Notre intérêt n’est pas encore mort, du moins pour ce qu’il est du bon vieux Daryl Dixon et de son acolyte Carol. Dead City et The Ones Who Live ne sont pas parvenus à nous intéresser de la même manière.
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ya plus rien a raconter… Sympa le décors de la France, mais la saison 1 ressemble plus a une serie carte postal qu’autre chose… Plus d’interet… et en fait, c’est plus contre-productif qu’autre chose… on se lasse franchement, on regarde ca uniquement par curiosité puis on est decu.. comme d’hab… La serie originale a globalement arreté d’etre interessante apres la periode Negan.
C’était déjà le cas pour le comics