Une arbalète en main, des lapins morts autour du bras et un langage de charretier, lorsque Daryl Dixon apparaît sur nos écrans pour la première fois en 2010. Il n’est pas vraiment promis à devenir le personnage préféré des spectateurs de The Walking Dead. Face à un Rick Grimes tout en responsabilité et moralité, Norman Reedus se montre tout en violence et égoïsme. Quatorze ans après cette première scène, le protagoniste est l’un des plus appréciés du public. AMC lui consacre désormais un spin-off, une occasion d’approfondir sa mythologie et d’acter son statut de chouchou des adorateurs de production zombiesque. On a rencontré Norman Reedus, pour retracer son parcours.
Survivant ultime
Que faut-il pour survivre à une apocalypse zombie ? Une maîtrise accrue des armes, un goût pour la survie en milieu hostile ou des difficultés à faire confiance? Les trois. Dès sa première apparition dans l’épisode “Tell it to the frogs”, Daryl Dixon s’illustre comme le seul personnage capable de naviguer dans ce chaos. Il sait chasser, se battre, n’a pas froid aux yeux et ne se lie pas aux autres humains. Il fait seulement confiance à son frère Merle, que la narration va lui arracher précipitamment pour mieux lui offrir une opportunité de grandir. Norman Reedus se souvient des premières discussions entourant la participation qui lui a été confié. Sur le papier, il devait simplement être un “raciste qui prend de la drogue” explique son interprète.
Reedus veut pourtant s’émanciper de cette caractérisation pour tirer un portrait plus nuancé pour raconter autre chose. “Je leur ai demandé si l’on pouvait changer ça. Je voulais qu’il ait grandi comme ça, mais qu’il en ait honte. Maintenant que son frère est parti, il peut doucement devenir une nouvelle personne dont il est fier. Je pense qu’il continue à évoluer de cette manière”.
Dès que Merle sort du tableau, Daryl se réinvente. La saison 2 est un point de bascule pour le personnage, qui apparaît comme un soutien infaillible de Carol lorsqu’elle cherche sa fille Sophia. De brute épaisse à sauveur, Dixon entame sa métamorphose. Il reste taiseux, discret et très secret, la série n’a pas encore livré tous les secrets de sa caractérisation.
Il faudra attendre la saison 3 pour que le personnage se montre sous une nouvelle lumière, qu’il apparaisse comme le seul capable de véritablement survivre dans ce milieu hostile. Bien avant que le monde ne parte en fumée, celui de Daryl avait déjà sombré dans le chaos. La simple vision de cicatrices dans son dos suffira aux spectateurs pour tirer les conclusions qui s’imposent. Pour Norman Reedus, c’est dans ce passé de victime de violence que se cache toute sa complexité. “Je pense que parce qu’il a traversé tout ça, il a le désir de se battre pour les marginaux. Ce passé lui a enlevé toute forme d’ego. Il est très humble”.
Son passé d’enfant victime de violence permet aussi d’appuyer l’importance de sa relation avec Carol, leur amitié est nourrie par leurs traumatismes communs. Les deux héros ont néanmoins une approche différente en ce qui concerne la survie. Tandis qu’elle use la propension des gens à ne pas se méfier d’elle à son avantage, Daryl utilise sa carapace pour éloigner tous ceux qui veulent s’approcher.
Un héros qui s’ignore
Rick est à l’épicentre du récit dès les premiers instants. C’est avec lui que la série débute, à travers son regard que les spectateurs découvrent le monde en proie à une invasion de morts-vivants coriaces. Homme de loi, père de famille aimant et ami dévoué, le shérif incarne la moralité et la justesse. The Walking Dead n’aura de cesse d’interroger cette moralité, de questionner ce que l’humain est prêt à faire pour subsister. Des moments héroïques, Rick Grimes en aura des dizaines. Daryl Dixon aussi. Mais selon Norman Reedus, le plus important était qu’il soit vertueux et héroïque, sans en avoir conscience. “Ça ne me dérange pas qu’il soit le héros, je ne veux pas que Daryl sache qu’il est le héros”. Souvent d’ailleurs, la série se chargera de rappeler les spectateurs à la violence qui l’habite.
Un mentor, un leader…
Quatorze ans après ses premiers pas dans la série mère, Daryl Dixon continue de sillonner le monde. S’il semblait avoir trouvé la paix, la disparition de son ami Rick l’a contraint à reprendre la route. Avec sa série dérivée, le personnage sillonne la France avec l’espoir de rentrer auprès des siens. Comme à son habitude, Daryl se forge des amitiés de fortune et plus particulièrement avec le jeune Laurent, vu par un groupe de survivants comme le Messie. Il est le seul capable de redonner de l’espoir à ses pairs. Pour Norman Reedus, cette relation est précieuse dans le parcours de son personnage. Il explique :
“Ce gamin a grandi dans un monastère, entouré de nonnes, il ne sait pas ce qu’il y a dehors. Daryl ne va pas lui raconter son histoire, les horreurs qu’il a vécues. Laurent a une innocence, une curiosité naïve que l’on ne voit plus. Personne ne réfléchit comme lui désormais. Il est spécial, il peut encore ressentir des choses, il n’est pas engourdi. Il est un peu comme une licorne. Daryl ne s’en rend pas compte avant la moitié du voyage et il commence à déteindre sur lui. Cette innocence affecte Daryl”.
Tandis que Daryl est le fruit de la violence, elle se retrouve à chaque endroit de son parcours, la présence du jeune Laurent sonne comme une bouffée d’oxygène autant que la perspective de trouver une forme de plénitude, de paix.
Rêver à un avenir meilleur
Après plusieurs décennies de pérégrinations zombiesques, la question de la retraite se pose pour Daryl. Son voyage en France permet au personnage de voir l’apocalypse sous un nouveau jour, la série continue d’interroger la notion de communauté autant que celle de la survie. À l’éternel combat contre le mal, certains des personnages convoqués pour l’occasion préfèrent la tranquillité. Une vie plus courte, mais où le plaisir est à l’épicentre, pourrait bien être la perspective la plus réjouissante, selon Norman Reedus.
“Il y a une très belle scène dans la saison 1, où Daryl entend quelqu’un jouer d’un instrument. Il regarde à la fenêtre et il y a ce vieux couple qui est juste en train de dîner. Daryl est surpris. Les gens font encore ça ! Je pense que c’était très intéressant pour lui de venir dans un monde civilisé, où l’art et le temps sont importants. Avoir un bon repas… Il mange des animaux sauvages. La mortalité nous rattrape tous, et il pourrait être l’heure pour Daryl de penser à cela”.
La question d’appartenance et de famille reste à l’épicentre du récit, cette nouvelle saison devrait être une occasion de faire avancer Daryl sur ce chemin. Pour rappel, la série est en cours de diffusion sur Paramount+ en France.
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