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Coupe du monde 2022 : quand la technologie façonne le football

Des ballons truffés de capteurs, une IA qui surveille les joueurs et des stades climatisés sous surveillance, la Coupe du monde au Qatar regorge de nouvelles technologies.

Au Qatar, c’est le coup d’envoi d’une Coupe du monde de football pas comme les autres qui vient d’être donné. Outre les nombreuses polémiques et critiques qui accompagnent l’événement, cette 22e édition du mondial de football marque un tournant dans l’histoire. Il s’agit de la première Coupe du monde organisée en hiver, de la première à se dérouler dans un État arabe du Golfe et de la première édition à faire appel à toute une armada de nouvelles technologies. L’objectif est de faire basculer le football dans la « modernité », sans lui faire perdre sa culture et ses traditions. L’affaire est complexe et les amateurs de ballon rond sont loin d’accorder leurs violons sur ce sujet épineux.

Ces dernières années, l’introduction de l’assistance vidéo à l’arbitrage (le ou la VAR) a fait couler beaucoup d’encre chez les passionnés. Censée améliorer l’équité et la justice, elle a rapidement eu droit à des détracteurs qui contestent l’efficacité de cette technologie. Alors que certains sont nostalgiques du football d’avant, cette Coupe du monde confirme que la technologie prend une place de plus en plus grande dans ce sport.

Pour sa Coupe du monde, le Qatar a d’ailleurs dépensé sans compter en déboursant 220 milliards de dollars, d’après les estimations de Front Office Sport. Une somme astronomique pour construire les infrastructures et proposer des technologies dernier cri.

Un ballon connecté

Déjà évoqué dans nos colonnes, le ballon connecté est l’une des nouveautés de cette Coupe du monde 2022. Le ballon officiel, proposé par Adidas, dispose notamment d’un capteur d’unité de mesure inertielle qui enregistre sa position 500 fois par seconde. Ce ballon pas comme les autres peut mesurer la vitesse ou encore l’orientation, faisant appel à une batterie rechargeable. Il aide aussi les arbitres en envoyant les données collectées aux officiels de la FIFA, permettant de mieux juger les hors-jeu et les litiges concernant les touches.

Un concentré de technologie qu’Adidas réserve à la FIFA. Le ballon « Al Rihla » ne sera pas commercialisé par la marque. Dans le même esprit, les crampons et maillots connectés – bardés de capteurs – se développent depuis quelques années. Ils permettent d’accéder à toujours plus de statistiques, qui sont ensuite regroupés et analysés. Les GPS, trackers et autres drones pour suivre les entraînements et déplacements des joueurs se généralisent. Outre les données, l’utilisation de la technologie vise à prevenir et éviter les blessures des sportifs.

© FIFA

Le hors-jeu semi-automatique

La mue technologique du football passe par une meilleure détection des hors-jeux. C’est là qu’intervient le hors-jeu semi-automatique qui a fait ses grands débuts cette année en Coupe d’Europe. Cette nouvelle assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) prend le nom de SAOT (pour Semi-Automated Offside Technology ou hors-jeu semi-automatisé) et vient faciliter la détection du hors-jeu ; sans toutefois prendre la décision à la place du corps arbitral. Une aide supplémentaire donc qui s’appuie sur 12 caméras positionnées sous le toit du stade. Elles contrôlent jusqu’à 29 points de données – telles que les mains, les pieds ou la tête – 50 fois par seconde. Les données recueillies par le ballon, que nous évoquions précédemment, seront aussi à la disposition des assistants VAR. Il permet une détection très précise du moment exact où le ballon est joué.

L’objectif est d’avoir un regard plus efficace que celui de l’oeil humain, capable de vérifier et de réagir rapidement en cas de hors-jeu. Pour rappel, un joueur se trouve en position de hors-jeu si n’importe quelle partie de sa tête, de son tronc ou de ses jambes est dans la moitié de terrain adverse (ligne médiane non comprise) et plus près de la ligne de but adverse que le ballon et l’avant-dernier adversaire.

Fière de sa technologie, la FIFA explique sur son site : « En combinant les données provenant du ballon et des joueurs, et à l’aide d’un système d’intelligence artificielle, la nouvelle technologie transmet automatiquement une alerte de hors-jeu aux arbitres vidéo chaque fois que le ballon est reçu par un attaquant qui se trouvait en position illicite au moment où le ballon a été joué par un coéquipier ». Du côté des spectateurs, ils voient s’afficher une animation 3D « détaillant précisément la position des membres des joueurs au moment où le ballon a été joué ». Cette animation 3D fait l’objet d’une diffusion sur les écrans géants du stade et est mise à la disposition des diffuseurs.

Une Coupe du monde sous haute surveillance

Le jeu n’est pas le seul de cette Coupe du monde à faire l’objet d’une étroite surveillante. Avec 15 000 caméras biométriques et des techniques avancées algorithmiques avancées, le Qatar repousse les limites en matière de technologies de surveillance. Le sujet divise et alors que beaucoup s’inquiètent d’une dérive technologique, Niyas Abdulrahiman répond que ce que nous voyons au Qatar est la future norme pour les événements sportifs. Responsable des technologies de l’événement, il précise : « Ce que vous voyez ici, c’est l’avenir de l’exploitation des stades. Une nouvelle norme, une nouvelle tendance dans l’exploitation des sites, c’est la contribution du Qatar au monde du sport ».

Cette surveillance ne se limite d’ailleurs pas qu’aux différents stades. Elles se vérifient dans certains endroits stratégiques (gares, rues proches des stades…) tandis que des drones sont utilisés pour protéger les stades. Notez qu’il serait faux de penser que ces mesures strictes se limitent à un événement sportif organisé au Qatar. En Europe, la reconnaissance faciale tente peu à peu de se faire une place dans les stades français et européens.

Une technologie controversée qui ne sera pas utilisée lors des Jeux olympiques de Paris 2024, annonce Le Parisien. Il est toutefois probable que le sujet revienne très vite sur le tapis dans les années à venir.

FIFA Player App : le plein de données pour les joueurs

En plus des caméras et capteurs qui suivent les mouvements des joueurs, il y a la FIFA Player App. Contrairement à la plateforme FIFA+ destinée au grand public, cette application se destine aux joueurs eux-mêmes. L’app propose aux participants d’accéder à toutes leurs données et performances, offrant des informations spécifiques et adaptées aux joueurs. Elle est disponible sur iOS et Android, mais il y a peu de chance que vous soyez la cible. En revanche, vous pouvez consulter notre sélection des applications indispensables pour suivre cette compétition.

Application FIFA Player App
© FIFA

Les données individuelles des joueurs sont consultables immédiatement après les matchs. Ils obtiennent des informations sur leurs performances sur le terrain, des données de suivi physique, de footballistiques avancées ou encore d’intelligence footballistique. Sur son site, la FIFA détaille une partie des données recueillies par l’application :

  • Les données footballistiques avancées : il peut s’agir par exemple de la nature des mouvements réalisés par un joueur en vue de recevoir le ballon, de l’intensité de son pressing face au porteur du ballon ou encore de savoir s’il est parvenu à casser les lignes adverses.
  • Les données de performance physique : ces informations, mises en lumière sur des cartes thermiques positionnelles, comprennent la distance parcourue à différents seuils de vitesse, le nombre de courses au-dessus de 25 km/h ainsi que la vitesse maximale enregistrée.
  • Les données avancées d’intelligence footballistique : ces nouvelles mesures permettent d’analyser le football sous un nouvel angle, s’intéressant notamment aux différentes phases de jeu, aux courses et aux passes qui cassent les lignes adverses, aux zones de réception du ballon et au pressing exercé sur le porteur du ballon.

974 : le stade démontable… et « réutilisable »

Parmi les milliards dépensés par le Qatar pour organiser sa coupe du monde, il y a le stade 974. L’équipe de France de football, dirigée par Didier Deschamps, a eu l’occasion de découvrir cet étonnant stade lors de son match de poule contre le Danemark. Sa particularité ? Il a été construit à partir de conteneurs maritimes aux couleurs vives et présenté comme démontable. Ce stade unique d’une capacité d’un peu plus de 44 000 places qui accueillera sept matchs de la Coupe du Monde 2022.

En effet, la presqu’île pas plus grande que l’Île-de-France ne compte pas conserver tous ses nouveaux stades. Seule enceinte non climatisée de l’événement, le stade 974 pourra être démonté après le Mondial et même être réutilisé ailleurs. Il se murmure déjà qu’il pourrait trouver refuge en Uruguay pour la Coupe du monde 2030, à condition que la candidature de ce pays soit retenue.

Pour l’anecdote, l’Uruguay a remporté la première édition de la Coupe du monde de football, en 1930.

Les stades climatisés, l’idée controversée du « Dr Cool »

Parmi les polémiques qui entourent cette 22e édition de la Coupe du monde de football, il y a la question de la climatisation des stades. Le sujet fait évidemment réagir alors que le Qatar a décidé de proposer une climatisation dans des stades à ciel ouvert. Un non-sens écologique qui suscite des critiques depuis que le pays a obtenu l’organisation de l’événement sportif.

Cette climatisation est là pour faire face aux températures extrêmes que connait le pays. Face au risque de voir une compétition se dérouler l’été avec un thermomètre pouvant atteindre 50 degrés ; la Coupe du monde 2022 a été décalée à l’hiver. Les températures sont plus douces, mais sept des huit stades de l’émirat peuvent quand même compter sur la climatisation. Chacun aura son avis sur la question et Saud Abdulaziz Abdul Ghani estime qu’elle est vouée à devenir « la norme ».

Saud Abdulaziz Abdul Ghani, professeur originaire du Soudan ayant étudié en Grande-Bretagne, en est le concepteur. Il a travaillé 13 ans sur cette technologie qu’il assure « aussi durable que possible ». Surnommé « Dr Cool », il affirme qu’elle permet de protéger les joueurs des blessures, de préserver le gazon, d’éliminer l’humidité ambiante et même les « odeurs corporelles » dans les tribunes.

Désireux de proposer des technologies de pointe, le Qatar ne semble pas avoir lésiné sur les moyens. Les organisateurs du Mondial affirment que les systèmes développés par Saud Abdulaziz Abdul Ghani sont « estimés plus durables de 40 % que les techniques existantes ».

https://youtu.be/OgUI5VuHpW0

Des stades climatisés pour la Coupe du monde de 2026 ?

En effet, des solutions existent déjà et climatiser un stade n’est pas une idée totalement nouvelle. Aux États-Unis, le célèbre stade de football américain des Cowboys de Dallas, l’AT&T Stadium, dispose également d’un système de climatisation. Il fait, lui aussi, polémique depuis de nombreuses années.

Selon le « Dr Cool », il faut toutefois s’attendre à ce que ces stades se multiplient. « À l’avenir, pour la sécurité des joueurs, les stades climatisés deviendront plus la norme » et cela pourrait se vérifier dès 2026 aux États-Unis et au Mexique. Les deux pays, organiseront avec le Canada, la prochaine coupe du monde de football.

Notons que le système de refroidissement utilisé par le Qatar est alimenté par une ferme de panneaux solaires. « Nous avons la meilleure isolation thermique, les meilleurs capteurs, afin d’utiliser la juste dose d’énergie dans chaque zone. Nous ne faisons pas d’excès », affirmait Saud Abdulaziz Abdul Ghani dans des propos rapportés par l’AFP.

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1 commentaire
  1. Le foot brasse tellement de pognon qu’on est capable de climatiser la planète si besoin histoire de faire tourner la machine à cash.

    Quelle époque merveilleuse où l’humain se regarde scier sciemment la branche de l’arbre sur lequel il est assis et accélère la cadence parce que visiblement cela va pas assez vite pour certains…

Les commentaires sont fermés.

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