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Comment aborder le confinement chez soi le plus sereinement possible ?

L’Italie est confinée et les États-Unis se referment alors que l’étau se ressert sur la France. Si cette crise sanitaire continue sur sa lancée, le confinement généralisé pourrait bien gagner notre pays aussi dans les semaines à venir. Pour nous aider à s’y préparer, deux spécialistes nous ont permis d’y voir plus clair.

Crédits : Tim Mossholder / Unsplash.

Le 10 mars, le gouvernement italien a étendu ses mesures de confinement, mises en place deux jours auparavant seulement autour de la région de Lombardie, à l’ensemble du pays au moins jusqu’au mois d’avril. Le 11 mars, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement qualifié la crise sanitaire actuelle de « pandémie ». Le 12 mars, le président de la République, Emmanuel Macron, s’est adressé aux Français pour leur annoncer la fermeture de tous les établissements scolaires – des crèches aux universités – jusqu’à nouvel ordre, l’interdiction des visites aux personnes âgées dans les maisons de retraite et les centres médicalisés ainsi que la suspension de tous les rassemblements de plus de 100 personnes.

Le responsable de cette situation sans précédent ? Le coronavirus SRAS-CoV-2, à l’origine de la pneumonie virale COVID-19, évidemment. Si l’évolution de la situation continue sur sa lancée, le confinement généralisé, tel qu’il est mis en place en Italie ou dans d’autres pays du monde, pourrait bien toucher la France. Comment continuer de vivre dans le cadre d’un enfermement imposé pour raisons médicales ou préventives ? Comment éviter de céder à la panique et à l’angoisse ?

(Sur)vivre le confinement

« Ne pas pouvoir faire les choses qui nous animent, cela peut amener un ressenti très difficile à vivre, souligne Charline Schmerber, analyste psycho-organique, qui a été en contact avec des personnes placées en quarantaine en France et en Italie et qui nous avait déjà accordé un entretien sur le sujet de l’éco-anxiété. Une jeune femme, qui s’est elle-même confinée après être revenue d’une zone à risque, a comparé ce qu’elle a vécu à une sorte d’emprisonnement. » Rester confiné chez soi pour éviter d’être contaminé ou de contaminer les autres, cela signifie ne sortir de chez soi qu’en cas de nécessité absolue. En Italie, par exemple, une autorisation spécifique est désormais demandée aux personnes souhaitant se rendre chez leur médecin ou pour un rendez-vous médical précis. Pour s’alimenter ou obtenir des produits de première nécessité, il faut pouvoir compter sur des services de livraison (si tant est qu’ils fonctionnent encore), ses proches ou ses voisins afin qu’ils déposent les courses devant la porte du lieu de résidence. Pour les propriétaires d’un chien, il faut limiter au maximum les sorties, mettre un masque et garder une distance d’au moins un mètre avec les autres personnes à l’extérieur.

Crédits : StockSnap / Pixabay.

« Préserver les autres mais aussi l’environnement, c’est une prise de responsabilité individuelle qui engage sa loi personnelle », remarque Charline Schmerber. Il faut donc posséder une mentalité solide ou, comme l’évoque Olivier Nison, psycho-somatothérapeute, une capacité de « résilience » pour vivre son confinement sans y succomber. Selon ce dernier, la solitude peut aller jusqu’à engendrer une « tendance à l’hypocondrie, d’autant plus dans la situation actuelle » et même des crises d’angoisse. L’angoisse peut ne pas seulement venir de son propre état de santé mais aussi de celui d’une autre personne, malade, avec laquelle il faut vivre en confinement. Cette anxiété émerge face à des inquiétudes sanitaires, mais aussi matérielles. Selon Olivier Nison, pour la limiter le plus possible, « il ne faut surtout pas rester inactif et alimenter son angoisse ».

Combattre la solitude

« La peur est le sentiment le plus contagieux », nous rappelle Charline Schmerber. Pour la combattre, il faut réussir à rester en contact avec ses proches ou avec le plus d’autres personnes possible. Il est essentiel de parler le plus possible, « parler régulièrement, parler de ses peurs et de ses angoisses avec ses proches » conseille Olivier Nison. À l’inverse, il ne faut surtout pas se jeter sur la quête d’informations ou d’actualité – même si la curiosité et l’inquiétude deviennent maladives. De surcroît, selon l’analyste psycho-organique, le confinement peut être une occasion pour justement entamer une « détox médiatique ».

Jeu de cartes. Jeu de société.
Si vous êtes confiné avec d’autres personnes, rien de tel qu’un jeu de société (Crédits : Jo_Lanta / Pixabay).

Pour les personnes les plus seules, les deux spécialistes conseillent de se tourner vers une permanence téléphonique, gérée par des personnes formées à « l’écoute émotionnelle ». Il existe notamment celle de l’association S.O.S. Amitié (au 09 72 39 40 50), dont Olivier Nison a été membre. Charline Schmerber déclare, quant à elle, travailler sur l’ouverture d’une « hotline » avec des collègues, créée spécialement dans le cadre de cette pandémie. Un groupe Facebook ou un forum, par exemple, dont les administrateurs sont eux aussi formés à l’écoute émotionnelle peut suffire. Néanmoins, l’usage des réseaux sociaux est fortement déconseillé pour combattre la solitude. « Les réseaux sociaux forment une relation entre une personne face à la masse », indique Charline Schmerber. Autrement dit, une personne peut parfois tomber sur des choses très anxiogènes qu’une relation plus équilibrée, de personne-à-personne, aurait pu éviter ou limiter. L’analyste en profite pour appeler le gouvernement à soutenir davantage les dispositifs contre la solitude aussi bien psychologique que physique : « il faut contenir le virus, mais aussi le mal-être des gens. Notre pays n’a jamais fait l’expérience émotionnelle d’un confinement généralisé : tentons d’en retenir une leçon, à l’avenir. »

Donner du sens à son activité

Pour lutter contre un phénomène aussi déstructurant qu’un isolement imposé, il faut surtout parvenir structurer son quotidien. Les conseils en la matière commencent par le respect d’horaires de réveil et de sommeil, à établir selon ses besoins individuels, et un nombre de repas fixes. Pour les « télétravailleurs » du secteur tertiaire notamment, il semble important de déterminer une zone de travail précise et confortable au sein de leur lieu fixe. « Ne travaillez pas de votre lit si vous ne le feriez pas en temps normal », remarque, par exemple, Charline Schmerber. Côté matériel, parlez-en avec votre employeur pour vous doter de quoi travailler ou profitez des offres spéciales de Google, qui ouvrent gratuitement l’accès à sa plate-forme Hangouts de visioconférence, ou de Microsoft, qui propose sa suite bureautique pendant six mois sans frais. Pour ceux qui considèrent leur activité non pas comme un travail, mais une passion, « libres à eux d’organiser leur journée et même de faire déborder leur travail sur le reste des activités selon leurs envies et leurs besoins » encourage Olivier Nison. Pour le psycho-somatothérapeute, l’important est de se fixer des rituels : « il faut conserver un certain rituel pour permettre d’avoir un cadre et des repères structurants. » Cela peut se matérialiser sous la forme d’une simple routine sécuritaire comme de respecter les pauses café comme on le ferait au bureau ou de fixer des rendez-vous téléphoniques ou visioconférences réguliers avec proches et collègues. « L’essentiel, explique l’analyste, c’est d’être en lien avec les autres et de pouvoir maintenir une activité physique », d’une façon ou d’une autre.

Jeu en ligne.
Si vous n’avez pas à travailler ou à étudier, les jeux en ligne (au mieux, avec des amis) peuvent être utiles s’ils ne deviennent pas une pratique excessive (Crédits : Sean Do / Unsplash).

« Paniquer n’a jamais été un moyen constructif de se sortir d’une solution difficile », remarque, quant à lui, le psycho-somatothérapeute. D’après lui, pour vivre son confinement du mieux possible, il faut impérativement donner du sens à son activité. « Il faut parvenir à surpasser cet événement traumatisant en donnant du sens. » Cela consiste d’abord à profiter de l’ennui pour réaliser des choses que le manque de temps quotidien rendait inaccessibles. Ainsi, le confinement gagne une raison d’être qui devient plus personnelle pour le ou la confiné(e). Cela peut aller de lire ce livre qui a accumulé la poussière (évitez « La Peste » d’Albert Camus) depuis qu’il nous a été offert, voir ce film trop longtemps resté sur l’une de nos listes (si c’est Contagion, laissez tomber) ou finir un jeu-vidéo (n’essayez pas de compléter vos succès sur Plague, Inc.). Pour les plus motivés, ce confinement peut les enjoindre à se lancer dans une nouvelle activité ou laisser libre cours à sa créativité. « Personnellement, je conseillerais d’essayer la méditation », avoue Charline Schmerber.

Se divertir à distance

Pour les gamers, n’hésitez pas à vous organiser quelques sessions de votre jeu en ligne préféré avec vos amis tant qu’elles n’interfèrent pas avec votre routine sécuritaire. Quant aux cinéphiles perdus suite à la fermeture des cinémas et le report des dernières sorties mais propriétaires d’un abonnement Netflix, pensez, pourquoi pas, à organiser des séances de visionnages à distance avec des proches. L’extension Google Chrome Netflix Party peut vous en donner l’occasion en quelques clics. Cette option ouvre un chat en ligne synchronisé avec la vidéo lancée par la personne ayant initié le partage. Quoi qu’il en soit, Charline Schmerber et Olivier Nison conseillent avant tout de rester solidaire avec son entourage. « Pour les personnes les plus résilientes, il peut être utile de mettre cette qualité à profit des autres qui ne la possèdent pas nécessairement », remarque le psycho-somatothérapeute. En somme, et si finalement le meilleur moyen de survivre à la solitude et au confinement, c’était tout simplement de compter sur les autres, de les aider et les laisser nous aider à leur tour ?

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