Quand les poules auront des dents… Il aura fallu plus de 23 ans pour que les personnages en pâte à modeler de Chicken Run ne reviennent sur le devant de la scène. Depuis que ce classique a envahi les salles obscures, avec son aventure loufoque aux allures de La Grande Evasion en bassecour, Aardman Animation a poursuivi ses efforts dans la “claymation”. Avec Shaun Le Mouton ou encore Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou, l’entreprise a prouvé sa place de solide artisan de productions pour enfants. Néanmoins, malgré le succès qu’ont rencontré les premières aventures de la poule Ginger et du coq volant Rocky, aucune suite n’avait été produite.
Toujours à la recherche de licences emblématiques pour ajouter au prestige de son catalogue, Netflix offre enfin à Aardman Animation une occasion d’approfondir cet univers. Cette fois-ci, le réalisateur Sam Fell est aux commandes. Il succède à Peter Lord et Nick Park, qui avaient adapté un scénario de Karey Kirkpatrick et Kelly Asbury. La première rempile pour cette suite, qui va cette fois-ci plutôt piocher du côté de Mission : Impossible.
Depuis leur évasion de la ferme, les deux gallinacés coulent des jours heureux sur leur île avec leurs compères. Ils sont désormais parents et bien décidés à garder leur petite fille Molly loin des humains avides. Néanmoins, lorsqu’une nouvelle ferme hi-tech s’installe à quelques kilomètres, la jeune Molly décide de se lancer à la découverte du monde. Elle se retrouve rapidement aux mains d’une vieille ennemie. Ginger n’a plus d’autre choix que d’élaborer un nouveau plan pour la sortir de là.
On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs
Ethan Hunt et James Bond n’ont qu’à bien se tenir, les as de l’espionnage ce sont elles. Adoptant l’exact opposé du point de départ de son aînée, Chicken Run : La Menace Nuggets veut mettre en lumière la solidarité. Cette fois-ci, l’héroïne Ginger n’est pas motivée par ses envies de liberté, mais au contraire traumatisée par son passé dans la bassecour de Mrs Tweedy. Chacun pour soi et les vaches seront bien gardées, elle n’est pas prête à compromettre son bonheur pour sauver certaines de ses congénères. Il n’y a que lorsque sa propre progéniture est en danger qu’elle se décide à remettre le couvert.
Avec un entrain certain, ce nouveau film d’animation déploie une intrigue simple, mais plutôt efficace. En un peu plus d’une heure et demie, le dernier-né du catalogue Netflix convoque quantité de belles idées pour raconter l’histoire d’une poule qui doit sortir de sa coquille et affronter à nouveau le vrai monde. L’action est évidemment au cœur de la démarche et ce film ne manque pas de ludisme. On saluera par exemple l’idée d’utiliser un ramolisseur de cervelle comme principal défi de la narration.
Néanmoins, malgré l’enthousiasme que l’on a à retrouver ces personnages et cet univers, il manque à ce Chicken Run 2 la folie de ses débuts. La faute pourrait être allouée à une distribution française moins forte que pour le précédent film, qui pouvait compter, entre autres, sur l’excellente performance de Valérie Lemercier dans la peau de Ginger. Sous l’impulsion de Netflix, la mayonnaise prend toujours, même si l’on aurait aimé que l’empreinte du cinéma d’action sur cette nouvelle suite se fasse plus ressentir. Chicken Run avait réussi en quelques secondes à faire honneur aux métrages dont il s’inspirait — en l’occurrence La Grande Évasion, La Menace Nuggets lorgne plus du côté du dessin animé dans la pure tradition du genre que du grand divertissement Hollywoodien.
Voler dans les plumes des mastodontes
Deux décennies après son premier long-métrage, Aardman confirme son statut d’entreprise qui compte pour l’animation. Avec la même maîtrise de son format et une mise en scène inventive, le studio nous livre une nouvelle aventure de la plus belle eau. Ce nouveau métrage profite d’ailleurs de quelques ajouts numériques pour donner plus d’ampleur à ses décors. C’est particulièrement réussi, surtout lorsqu’il s’agit d’arpenter une usine à nuggets aux allures de parc d’attraction pour volatiles. Néanmoins, ce que le film gagne en couleurs et lumière, il le perd en potentiel dramatique. L’usine à tourte du premier volet aura sans doute traumatisé de nombreux enfants, cette suite range cette dimension au profit d’un accent mis sur la famille et les gags visuels bien sentis.
Chicken Run : La Menace Nuggets n’a rien à envier aux mastodontes de l’animation proposés en cette fin d’année, Wish : Asha et la bonne étoile en premier lieu. On regrette d’ailleurs que Netflix ne lui ait pas offert la chance de nous convaincre dans les salles obscures, il se serait trouvé une place de choix au cinéma en cette période de fêtes de fin d’années. Il nous restera donc plaids et chocolats chauds pour déguster ce divertissement familial réussi, qui se place sans peine dans le haut du panier sur Netflix.
La bonne nouvelle avec cette nouvelle proposition de Aardman Animation réside sans doute dans ce qu’elle augure pour le studio. Prochainement, il s’alliera à nouveau à Netflix pour offrir une suite aux aventures de Wallace et Gromit. Le film est promis à une sortie en 2024 et sera à nouveau réalisé et écrit par Nick Park, en collaboration avec Mark Burton.
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