Chaque année, à l’approche des fêtes, la même question taraude les Pères Noël amateurs du monde entier. Qu’offrir à un proche le 25 décembre ? À mesure que s’approche la date fatidique, la tension devient de plus en plus palpable. Fort heureusement, il existe des présents qui ne déçoivent que très rarement : les livres. Pour faire plaisir à coup sûr, voici les six ouvrages à se procurer d’urgence. Pour les amateurs de fantasy, les passionnés de science-fiction ou simplement les lecteurs avides de romance et de poésie, voici ce que les elfes du Journal du Geek vous recommandent en ce début du mois de décembre 2023.
Les Aiguilles d’or – Michael McDowell
Publié chez Monsieur Toussaint Louverture (520 pages)
Plus d’un an après la publication du feuilleton Blackwater, Monsieur Toussaint Louverture récidive et publie un nouvel ouvrage de l’auteur Michael McDowell. Fort du succès populaire qu’a été la saga familiale des Caskey, l’éditeur français offre aux lecteurs une nouvelle opportunité de se plonger dans l’imaginaire du scénariste de Beetlejuice. Cette fois-ci, pas de créature mystique et de rivières capricieuses, l’auteur nous embarque à New York à la fin du 19e siècle.
Alors que la ville fête la nouvelle année, le juge Stallworth a pour grand projet d’éradiquer le vice de l’un des quartiers les plus gangrénés de la ville : le triangle noir. Avec son fils pasteur et un avocat promis à un brillant avenir, il s’attaque à l’une des lignées criminelles les plus importantes de la ville : Les Shanks.
Comme il est plaisant de retrouver la plume de McDowell après avoir été subjugués par sa saga. Monsieur Toussaint Louverture a eu le nez creux en offrant à l’auteur sa première traduction et édition française, avec un incroyable travail de mise en page et de couverture. Bien moins étrange que son prédécesseur, ce nouveau roman — publié avant Blackwater outre-Atlantique — convoque toutes les qualités de narrateur de McDowell. Dès les premières lignes, l’écrivain construit une ambiance ravageuse, faire naître des personnages fouillés et cultiver sa part de suspense. Les Aiguilles D’Or s’impose alors comme une magistrale quête de vengeance, un récit criminel abouti et savant que l’on dévore sans aucune peine.
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Le Crime parfait d’Agatha Christie – Bénédicte Jourgeaud
Publié chez 10/18 (360 pages)
Avis aux amateurs d’Agatha Christie qui ont écumé toute sa bibliographie, voici un nouvel ouvrage qui pourrait vous intéresser. 10/18 nous offre une nouvelle exploration de l’univers de la Reine du Crime issue de l’imaginaire de Bénédicte Jourgeaud. L’autrice se retrouve au cœur d’un récit policier assez singulier, une lecture parfaite au coin du feu.
Décembre 1926. Agatha Christie disparaît une dizaine de jours pour échapper à une situation conjugale compliquée. Prise pour une autre, elle embarque pour une croisière jusqu’à Constantinople. À bord, deux meurtres sont commis. La romancière se retrouve plonger au cœur d’une intrigue policière inédite, elle a elle-même imaginé et écrit le modus operandi de l’assassin.
Cette véritable disparition d’Agatha Christie est un terrain fertile pour ses descendants. Bénédicte Jourgeaud s’en empare avec brio et livre une chronique policière efficace et inattendue, ponctuée de références à la vie réelle de la romancière et autant de passages fictifs réussis. Il saura se trouver une place de choix sur les étagères des amateurs de Christie, même si les néophytes devront sans doute passer leur chemin pour éviter les spoilers.
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Le Livre de Hain, Intégrale – Ursula K.Le Gain
Publié chez Le Livre de Poche (1640 pages + 1200 pages)
Si son nom résonne beaucoup moins que ceux que Tolkien, George R.R. Martin ou encore Robert Jordan, Ursula K. Le Gain est une figure de proue de la littérature fantasy, et de la science-fiction. Avec son cycle du Hain, elle fait se rencontrer ces deux univers pour livrer une fresque passionnante d’un monde riche et passionnant.
Livre de Poche compile toutes ces explorations du monde de Hain dans un seul et même ouvrage. Celui-ci s’impose ainsi comme la meilleure porte d’entrée possible vers l’imaginaire d’Ursula K.Le Gain, à qui l’on doit également Le Cycle Terremer adapté par Goro Miyazaki en 2006. À la lecture du Livre de Hain, on comprend mieux pourquoi ces écrits ont attiré l’œil du mythique studio d’animation japonaise.
D’une poésie indéniable, Le Monde de Rocannon et son prologue Le Collier saisissent, par la rigueur de l’autrice, de par sa volonté de rendre son monde intelligible et sensible autant que de faire éclore des personnages captivants. C’est le cas de son ethnologue qui joue les guides dans une mythologie à la croisée des mondes entre la fantasy et la science-fiction.
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Été – Edith Wharton
Publié chez 10/18
Cette année, Apple TV+ a mis en lumière l’autrice américaine Edith Wharton avec sa série The Buccaneers. L’adaptation de l’ouvrage du même nom est actuellement diffusée sur la plateforme et s’impose comme l’opportunité rêvée de se plonger dans la bibliographie de l’autrice. Été est sans doute la meilleure porte d’entrée vers son univers, dont l’approche du roman ressemble parfois à celle de Jane Austen, plus contemporains et impétueux, mais toujours avec cette rigueur dans la manière de passer sa société au crible.
La jeune Charity a été recueillie enfant par un avocat du petit village de North Dormer en Nouvelle-Angleterre. Au pied des montagnes, la jeune femme s’est résignée à une vie étriquée de bibliothécaire municipale, passant le plus clair de son temps à dépoussiérer de vieux ouvrages. Lorsque l’architecte Lucis Harney franchit la porte de l’imposant bâtiment pour dessiner des croquis d’habitats traditionnels, elle tombe sous son charme.
La poétesse et essayiste américaine livre une chronique acide, pointue et pourtant d’une simplicité déconcertante. Avec l’histoire de Charity, elle questionne la normalité et explore les sentiments humains avec beaucoup de justesse. Edith Wharton n’oublie pas, malgré le spectre de sa narration, de poser un décor riche et envoutant, la Nouvelle-Angleterre y est décrite dans les moindres détails, participant un peu plus à l’ambiance de cette romance passionnante.
Un étranger en Olondre – Sofia Samatar
Voici un premier roman qui mérite que l’on s’y attarde. Publié en 2016 par les éditions de l’Instand, Un étranger en Olondre s’offrait une nouvelle version en septembre 2023 sous l’impulsion de J’ai Lu. Nouvelle couverture mais toujours la même invitation au voyage, le premier roman de Sofia Samatar est à ne pas manquer.
Jevick est le fils du plus riche marchand de poivre de Tyom. Bercé toute sa vie par les légendes et les contes de la lointaine Olondre, il entreprend à la mort de son père de visiter cette contrée magique emplie de bibliothèque. Son voyage se déroulait à merveille jusqu’à ce qu’il découvre être hanté par un esprit. Suspecté de crime, il se retrouve au cœur d’une lutte entre les deux principales religions olondriennes.
Avec trois parties savamment orchestrées, Un étranger en Olondre est de ses romans qu’il est difficile de lâcher. Ce récit de fantasy convoque un univers riche, dense et captivant que l’autrice s’attache à nous faire découvrir de la meilleure manière possible. Au fil des pages, son amour pour les histoires transpire. Au sein d’un genre très souvent inspiré par l’époque médiévale européenne, Un étranger en Olondre surprend par la diversité de ses décors et personnages.
La Cité des Saints et des Fous – Jeff VanderMeer
Publié chez Le Livre de Poche
Véritable OVNI dans nos lectures de l’année, La Cité des Saints et des Fous est une dystopie à part. Alors que le meilleur et le pire de l’Humanité se côtoient dans la métropole d’Ambregris, le missionnaire Dradin tombe amoureux d’une femme dont il a tout juste aperçu la silhouette à la fenêtre. Entre les nains, les champignons et les calamars géants, le personnage va tenter tant bien que mal de s’extirper de la ville tentaculaire qui l’étouffe, pour vivre le grand amour.
Aussi folle qu’elle le présage, cette romance pas comme les autres signées Jeff VanderMeer est un récit pessimiste et cruel, peut-être le plus étonnant que vous lirez en 2024. Rien de très étonnant quand on connaît l’amour de l’auteur pour le genre New Weird, qu’il avait déjà exploré dans la Trilogie du Rempart Sud. Construite sous la forme d’un recueil, cette épopée du bizarre nous plonge la tête la première dans un monde remarquable d’originalité, bien que parfois difficile à appréhender.
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