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Black Panther : du comics au film, entre force, fierté, et coup de tatane

Alors qu’il s’apprête à débouler dans les salles obscures un peu partout dans le monde, nous nous sommes dit qu’il serait intéressant de revenir sur les origines de Black Panther, ce héros pas si connu, mais terriblement intéressant, de l’univers Marvel. Suivez le guide.

[nextpage title=”Respecté par son peuple, craint par ses ennemis”]

S’il est une différence majoritaire entre les univers DC et Marvel, c’est le fait que chez ces derniers, les lieux, villes et pays sont généralement authentiques. Spider-Man évolue à New York, la Division Alpha nous vient du Canada, etc. Pourtant, le monde Marvel a aussi son petit lot de contrées exotiques et mystérieuses. La Terre Sauvage, la Latvérie ou encore le pays qui nous intéresse aujourd’hui : le Wakanda.

Situé en Afrique de l’Est, ce pays serait un des plus riche d’Afrique et le plus avancé technologiquement parlant. Ceci étant notamment dû au fait que c’est là que l’on trouve le Vibranium, cette matière quasiment indestructible dont est fait le bouclier de Captain America.

Ici, pas de dictature ni de démocratie, mais une monarchie avancée, mettant en avant la culture et la science. À la tête de ce magnifique pays ? Le roi T’Challa, héritier du trône ainsi que du titre de Black Panther, défenseur de son pays, et de tous les opprimés du reste du monde (parce que bon, ça reste un super héros). Pas d’identité secrète pour lui, puisque ce titre royal se transmet de père en fils au même moment que la couronne, à ceci près que, comme pour Mjolnir, le marteau de Thor, il faut encore en être digne. T’Challa est donc un souverain respecté par son peuple, et craint par ses ennemis. Mais qui est-il vraiment ? Et quelles sont ses facultés ?

[nextpage title=”Pionnier à de multiples degrés”]

Riche et beau et fort et riche. Et riche

Non content d’être souverain de tout un pays, comme Eddy Murphy dans un Prince à New York, T’Challa possède tout un tas d’atouts physiques et intellectuels. C’est une bête en arts martiaux, un athlète de très haut niveau et un génie (au sens surdoué du terme). En plus de ça, ses facultés ont été améliorées grâce à de vieux rituels Wakandiens et, ce qui ne gâche rien, le mec est pété de thunes. Genre vraiment pété. Genre Bruce Wayne à côté, il galère pour boucler les fins de mois. Ce qui lui donne accès à des technologies de pointe, parce qu’après tout, pourquoi s’arrêter en si bon chemin.

Mais au-delà de ça, ce qui fait vraiment la particularité de Black Panther, c’est qu’il s’agit du premier super héros mainstream africain et noir. Avant lui, d’autres héros noirs ont été vu ça et là, mais pas de « super héros », et surtout pas de protagonistes. Une grande première que l’on doit à une paire de génies créatifs qui ont à eux deux posé les standards du comic book américain.

Créé par Stan Lee et Jack Kirby, la première apparition de Black Panther date de juillet 66, dans Fantastic Four numéro 52, plusieurs années avant l’arrivée d’autres super héros noir-américain, tels que le Faucon ou Power Man. Bien qu’il soit arrivé la même année que le mouvement afro-américain des Black Panthers, il faut plus y voir une coïncidence qu’autre chose, le mouvement en question se faisant connaître en octobre de la même année, soit trois mois APRÈS l’arrivée de T’Challa dans les pages des comics Marvel.

Ceci dit, cette coïncidence ne sera pas sans poser des problèmes à Marvel, tant les actions des Black Panthers seront décriées, et les rapprochements faits par les médias entre les deux entités, nombreux. L’ignorance dans les médias de masse ayant toujours été une constante, la presse à l’époque fait de nombreux parallèles entre les méthodes des Black Panthers (le groupe) pour lutter contre la ségrégation (genre à base de Kalashnikov), et les bagarres nombreuses dans les comics. Il s’agit pour ces détracteurs d’une même violence, sourde, inouïe, indéfendable. Et peu importe si T’Challa ne combat que des malfrats et qu’il le fait avec un sens de la justice propre aux super héros de l’époque. Et tant pis également si les Black Panthers tentent à leur manière de faire passer un message concernant une oppression qui n’a que trop duré. Pour les gratte-papier et certains politiques de l’époque, c’est blanc bonnet, et bonnet blanc (sans vouloir faire de mauvais esprit).

À tel point que Marvel tentera même de renommer T’Challa en Black Leopard ce qui, en plus d’être nullissime, n’avait pas grand sens. Le changement de nom sera vite abandonné, Dieu merci.

Pionnier à de multiples degrés

En plus d’être le premier représentant d’une ethnie jusque-là sous représentée (puisque même dans la première équipe des X-Men, pourtant une allégorie de la ségrégation des noirs aux États-Unis, on ne trouvait aucun noir…), Black Panther est aussi le protagoniste de ce qui est vu comme le premier récit intégral de Marvel. Panther’s Rage est la première histoire complète, commencée et terminée en 13 épisodes, de l’histoire des comics Marvel. Avant cela (et après), le standard du modèle trade paperback (le format original des comics) est plutôt celui de la série-fleuve, avec des rebondissements durant l’épisode et un cliffhanger à la fin des seize pages, pour vous faire acheter le suivant, et bis repetita. La même chose que les télénovelas, mais avec des situations moins rocambolesques… Quoique.

Durant sa carrière de super héros, T-Challa va faire de nombreuses apparitions aux côtés d’autres super héros, tels que Captain America, les 4 Fantastiques ou Daredevil, et affronter tout un tas de super vilains, dont le légendaire Doctor Doom (Fatalis, chez nous). Il entrera même chez les Vengeurs (pas par effraction, hein, il a sa carte de membre), ce qui lui vaudra de nombreux aller-retour entre les États-Unis et le Wakanda.

Puis il obtiendra sa propre série dans Jungle Action, un recueil d’histoires centrées sur des barbares et autres sauvageonnes, en 1973. C’est d’ailleurs dans ces pages que sera publié Panther’s Rage. Quelques années après, suite à des ventes relativement basses de Jungle Action, Black Panther a enfin sa propre série, éponyme. Marvel propose même à Jack Kirby, fraîchement revenu de chez DC, de s’occuper du scénar’ et du dessin. Ce qui aurait ravi n’importe quel autre auteur ne plaira par à Kirby, qui ne voit aucun intérêt à s’occuper d’un personnage déjà existant. Il quittera la série après 12 épisodes, et la série ne tiendra que trois épisodes de plus avec une autre équipe.

Il faudra attendre près de dix ans pour que Black Panther revienne avec une nouvelle série, en 1988 et l’arrivée de Mark Texeira quelques mois plus tard aux commandes de l’histoire pour venir apporter plus de profondeur au personnage et à ses relations internationales. Les séries suivantes verront l’arrivée d’un nouveau Black Panther, de la sœur de T’Challa et ce dernier prenant une semi-retraite, privé de ses pouvoirs (générique de Dallas dans la tête).

[nextpage title=”Une teinte politique très marquée”]

T’Challa, head T’Challa

Un autre point sur lequel le personnage de Black Panther a pu servir de médium d’information alternative, c’est son rapport avec le gouvernement américain. En effet, le Wakanda étant le seul endroit du monde où l’on pouvait alors trouver du Vibranium, et les Américains aimant bien posséder tout ce qui ne leur appartient pas, leur gouvernement aura tôt fait de payer des mercenaires pour aller perpétrer des actes terroristes sur le sol africain. Toute ressemblance avec des faits réels étant bien entendu purement fortuits. Bien entendu. N’insistez pas, on a dit « bien entendu ».

Si l’on imagine totalement aujourd’hui un comic book qui parlerait de la façon dont les USA utilisent le terrorisme organisé pour parvenir à leurs fins et sortir grandis de pseudo-alliances, c’était tout de même un peu plus compliqué il y a quelques années. Une preuve de plus, s’il en fallait d’autres, que les comics ne se résument pas qu’à de la baston entre titans en slip et aux muscles saillants. C’est même généralement très peu souvent ça. Le comic book a toujours été un médium de critique sociale, et Black Panther peut-être encore plus que d’autres.

Mais les pages de Black Panther n’avaient pas qu’une volonté politique, non. On y trouvait aussi des choses plus légères, parce qu’après tout, cela reste du divertissement. Et la vie de super héros ne se résumant pas qu’à coller des beignes aux super vilains, T’Challa va finalement retrouver la superbe Ororo (Tornade), son premier amour, et l’épouser, en 2006, pendant l’arc Civil War. Il paraît qu’en écoutant bien, au loin, on pouvait entendre pleurer un serval, assis devant une forge indienne (référence obscure, si vous la captez, félicitations).

Peu après son mariage, T’Challa va se retrouver dans le coma et c’est sa sœur, Shuri, qui reprendra le flambeau (c’est-à-dire le rôle de souveraine du Wakanda, et celui consistant à coller des peignées à la racaille). Mais comme rien n’est jamais définitif, T’Challa fera rapidement son retour, avant de perdre ses pouvoirs, pour les récupérer à nouveau, en ayant prêté serment à une autre déité.

Puis, et c’est là que ça devient compliqué à suivre, n’étant plus seigneur du Wakanda, T’Challa part aider Dardevil, avant de revenir secourir son peuple, face à un Namor un tout petit peu en colère, qui rase le Wakanda d’une énorme vague. Ah, et alors que Tornade vient lui prêter secours, il lui annonce que leur mariage est annulé. Vous voyez, tout comme les télénovelas, on vous dit. Sauf qu’ici on ne parle pas de chirurgiens qui trompent leur femme, mais d’extraterrestres qui veulent manger la terre. C’est pas les mêmes enjeux.

Quelque temps après, la terre que nous connaissons entre en collision avec celle d’un autre plan de réalité, et la quasi-totalité des habitants est exterminée. Mais pas T’Challa, qui se trouvait dans une bulle blindée. C’est quand même pratique, d’être milliardaire.

Espèce en voie de disparition ?

Ce qui nous amène à aujourd’hui, à la place de Black Panther dans les comics, mais aussi et surtout au cinéma, et plus globalement dans la culture actuelle. S’il n’est pas le premier super héros noir à avoir franchi le pas des salles obscures (le Faucon récemment, et Blade il y a quelques années, pour ne citer qu’eux), il est clairement celui qui pourrait faire évoluer certaines idées ancrées depuis bien trop longtemps dans l’inconscient collectif.

Loin des clichés hollywoodiens du noir rigolo et débrouillard, éternel sidekick du héros, T’Challa est ici un modèle aussi bien dans sa façon de s’exprimer que dans ses faits et gestes. Un souverain respecté et respectable, une véritable figure positive pour toute une culture et tout un peuple. Et T’Challa n’est pas afro-américain. Il n’a pas grandi dans le Bronx. Non. T’Challa est africain, fier de son héritage, fier de son pays et du continent qui l’abrite. Il n’est pas dans le cliché de la colère face au blanc, non plus. C’est un homme déterminé, bon.

Il ne fait pas partie de ces personnages clownesques de plus en plus nombreux de l’univers cinématographique Marvel (Thor, Star Lord, Hulk…). Nous avons ici un héros sérieux et profond, auquel tout un tas de jeunes noirs (mais pas que) va pouvoir s’identifier. Une sorte de Batman avec des griffes, et qui ne risque pas de se prendre les pieds dans sa cape.

Et dans un Hollywood toujours terriblement raciste, c’est une véritable lueur d’espoir.

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6 commentaires
  1. Et la Trilogie Blade c’est quoi ? Certe le personage de Blade est apparu dans les années 70 mais la série de film est la première a montrer un héro noir, avec une identité propre, on a une origine story et les film respectent les canons Marvel.
    C’est dingue comme peu de gens se souvienne de lui.
    Maintenant je suis d’accord que Black Panter est le premier super héro Africain !

  2. Pourquoi tu t’énerves ? Blade est cité dans le dossier. Et tu parles de cinéma alors que le dossier parle principalement de comics, et finit en faisant le pont avec les films, oui, mais il parle majoritairement des comics.

  3. On parle de Black panther uniquement parce qu’un film est sortie ! On parle de son influence sur la société, la lutte racial et tout. Je ne me rappel pas qu’on ai fait tout ça pour Blade qui justement prenait le partie qu’un super héro noir n’était pas forcément un message politique/sociétal mais juste un autre Bad Ass mais avec la peau noir, était-on moins obnubilé par les question racial et identitaire ? Sur des facho on dut critiquer le film mais Wesley Snipe était déjà une immense star donc les critique on du se faire sur le film et non sur la couleur de peau du mec.
    De plus beaucoup argueront que BP est Africain donc osef de la ségrégation de l’époque, c’est juste un tarzan noir en spandex ! 
    Je suis vraiment ravis que ce film marche bien, ça fera peut etre bouger les lignes dans le bon sens mais devoir en arrivé là pour que les chose bouge est très très triste.
    Ah et peut être qu eles gens arrêteront de prendre l’Afrique pour un sous-continent ou comme dis Trump, des "Shit-hole country".

  4. Je suis désolé, en 1998 j’avais 20 ans, je sortais de l’école, je n’étais pas encore auteur. Je présente mes excuses à toutes les personnes que je peux avoir blessées en ne faisant alors pas d’article sur Blade.

    Quand au racisme Hollywoodien, tu sembles ne pas trop avoir d’infos sur la question. Ce n’est pas grave, c’est sans doute pas ton boulot. Par contre, ça te fait tenir des propos quelque peu erronés. Snipes a souffert du racisme durant toute sa carrière, comme la majorité des autres acteurs afro-américains. Es-tu au fait du scandale qui a éclaté à cause de Money Train, par exemple ? Et de la scène de sexe interraciale ? C’est totalement hallucinant aujourd’hui, mais à l’époque Snipes et les prods ont reçu des menaces de mort, le film a failli être censuré et beaucoup d’encre a coulé, juste parce qu’on y voyait un noir coucher avec une blanche.

    Il est donc effectivement important de souligner le fait qu’une telle tendance soit en train de changer, que cela dure ou non.

    Et non, on s’en fout pas de la ségrégation. 🙂

  5. Merci pour votre réponse.
    Concernant le racisme a Hollywood bien sur que je suis au courant, les noirs n’on pas fini de lutter contre les clichés et autre connerie qu’on leur impose. 
    Moi en 98 j’étais en 3ieme, au Cameroun et les gens ne parlaient pas du racisme d’hollywood mais plutôt a quel point WS était badass !
    Ce que je dis c’est que la culture geek de l’époque dans laquelle inscris le film n’était pas du tout aussi consumériste que maintenant. WS a du se faire insulté d’avoir fait un Vampire noir même si ça respecte le comic.
    Concernant la souffrance de Snipes durant sa carrière, vous pouvez élargir a l’ensemble des afro-américain 😉
    PS : j’ai grandis en Afrique noir donc les relents de racisme dans les pays blanc je ne les ai connu qu’une fois rentré en France … je suis tombé de haut.
    PEACE

Les commentaires sont fermés.

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