Malgré la hausse généralisée du prix des livres, l’agenda des éditeurs reste chargé en avril. Plutôt que de déprimer, autant profiter des premiers rayons de soleil de l’année pour aller lire dehors, dans un parc, en terrasse ou même sur votre balcon. Ce mois-ci, les mangas sont à l’honneur, avec trois titres très prometteurs à dévorer d’une traite.
Appare Ranman ! (T1)
Scénario de Apperacing, dessin de Ahndongshik — 196 pages
Publié le 2 mars 2022 aux éditions Doki Doki — 7,50€
Entre Fast and Furious et Les Fous du volant, Appare Ranman ! se dévoile cette année aux éditions Doki Doki. On ne l’attendait pas, et pourtant ce premier tome ne manque pas de ressort. Explosif, le récit retrace l’histoire d’Appare Sorano, un Jules Verne des temps modernes bien décidé à relier le Japon aux États-Unis à bord de son bateau à vapeur. Après s’être échoué sur les côtes californiennes, l’excentrique inventeur réalise qu’il est désormais seul et sans le sou. Seule solution pour retourner chez lui : remporter l’American Transcontinental Race, une course automobile sans foi ni loi, qui lui permettrait de gagner une importante somme d’argent.
Loufoque et attachante, l’histoire d’Appare Ranman se lit d’une traite. En attendant les deux derniers tomes qui viendront compléter cette mini-série en trois volumes, il est aussi possible de profiter de son adaptation animée sur Wakanim.
Sakamoto Days (T1&2)
Scénario et dessin de Yuto Suzuki — 192 pages
Publié le 6 avril 2022 aux éditions Glénat — 6,90€
On peut faire beaucoup de choses par amour. Comme abandonner sa réputation d’assassin légendaire pour ouvrir une supérette de quartier. De baron du crime, Sakamoto est devenu un commerçant tranquille et bedonnant, bien décidé à faire oublier au monde son ancienne vie. Mais son passé le rattrape lorsque Shin, un jeune assassin télépathe pousse la porte de son magasin. Aussi drôle qu’original, le shonen de Yuto Suzuki se classe parmi nos coups de cœur du mois d’avril. Plus profondes qu’elles n’en ont l’air, les aventures de Sakamoto et de sa reprise de service forcée réussissent un mélange des genres mortels, dont on a hâte de découvrir la suite.
Ramen !
Scénario de Hugh Amano, dessin de Sarah Becan — 192 pages
Publié le 13 avril 2022 aux éditions Hachette — 19,95€
Mélanger nourriture et bande dessinée, c’est toujours une bonne idée. Trois ans après L’art du sushi de Franckie Alarcon, c’est au tour de Hugh Amano et Sarah Becan de s’illustrer dans le domaine, avec Ramen ! un délicieux hommage à la soupe préférée de Naruto. Entre bande dessinée et livre de recettes, le graphic novel questionne la place de la soupe mythique dans la culture japonaise et à l’étranger, tout en livrant une flanquée de conseils pour réussir sa préparation.
En plus de nous avoir donné faim, Ramen ! s’impose comme un très beau livre, tant dans la forme que sur le fond. L’expertise du chef Hugh Amano se ressent à chaque page, et elle est particulièrement bien mise en image par les illustrations de Sarah Becan. Un joli voyage culinaire signé Hachette, qui n’a plus grand-chose à prouver quand il s’agit de mêler cuisine et objet éditorial de qualité.
Aïda
Scénario et dessin de Sergio Gerasi — 176 pages
Publié le 15 avril 2022 aux éditions Ankama — 18,9€
Dans une société numérique qui passe le plus clair de son temps devant un écran, quelle place pour la nouvelle génération ? Scénarisé et dessiné par Sergio Gerasi, Aïda est le cri de révolte d’une adolescente baignée dans la culture Internet. Mal dans sa peau et solitaire, la jeune femme en devenir croit trouver sa rédemption à travers un groupe d’artistes de rue, qui multiplie les actions militantes pour éloigner le monde d’un smartphone qui l’accapare.
Poignant, le nouveau roman graphique d’Ankama questionne encore une fois la place du numérique dans nos vies, et force est de constater que si Unfollow nous avait quelque peu laissé sur notre faim, Aïda s’impose comme une réussite totale, qui mélange malaise, colère et espoir avec la juste de recul nécessaire pour ne pas tomber dans les poncifs du genre. Un très beau récit, à offrir à tous les adolescents en quête d’identité.
The Paybacks
Scénario de Donny Cates, dessin de Geoff Shaw— 216 pages
Publié le 15 avril 2022 aux éditions Urban Comics — 20€
Dans la lignée de l’excellente série The Boys, The Paybacks confronte les super-héros à la vraie vie et c’est presque aussi trash que l’œuvre de Garth Ennis. Dans un monde où financer un costume résistant aux balles et des gros lasers coûte cher, les super-héros doivent multiplier les emprunts. Ceux qui ne peuvent plus rembourser risquent une saisie musclée, et c’est aux Paybacks de s’en charger. Composée de super-héros déchus pas toujours sympathiques, cette équipe d’élite s’inscrit dans la digne lignée de Butcher et Hughie, pour un résultat détonnant.
Injustement méconnu, The Payback s’inscrit dans un petit univers étendu qui n’est pas sans rappeler la saga Invincible de Robert Kirkman. Pour marquer le coup d’une sortie inédite en France, Urban Comics a publié dans la foulée Crossover, un récit oneshot qui se déroule dans le même univers.
Soul Keeper (T1&2)
Scénario et dessin de Tsutomu Takahashi — 208 pages
Publié le 20 avril 2022 aux éditions Panini Manga — 8,29€
Quand Soul de Pixar rencontre le genre seinen, on obtient Soul Keeper. Missionné pour jouer les anges gardiens du Premier ministre japonais, Riyon réalise vite qu’elle n’est pas tombée sur le client le plus facile. Le fantôme de la jeune fille va devoir briser l’une des règles principales de son métier pour venir en aide à son protégé, et se frotter à des forces obscures qu’elle ne soupçonnait pas.
Un intéressant mélange des genres qui fonctionne. Malgré quelques inspirations un peu trop empruntées à Death Note, Soul Keeper est une belle découverte qu’on n’attendait pas. Le ton se veut mature et étonnamment prenant, d’autant plus que la sortie simultanée des deux premiers tomes permet de ne pas rester sur sa faim, et de profiter au maximum de l’univers imaginé par Tsutomu Takahashi. Vivement la suite.
Descender Intégrale (Volume 1)
Scénario de Jeff Lemire, dessin de Dustin Nguyen — 376 pages
Publié le 22 avril 2022 aux éditions Urban Comics — 39€
La saga Descender n’est pas nouvelle. Publiée en 2017, elle est signée par deux des plus grands noms (selon nous) de la bande dessinée américaine : Jeff Lemire, à qui l’on doit l’excellent Sweet Tooth, et Dustin Nguyen, dont le style aquarelle a déjà fait des merveilles sur Little Gotham et Les Contes de Gotham. Cette année, Urban Comics inaugure son nouveau format de publication avec une imposante intégrale prévue en deux tomes. De quoi offrir à la saga futuriste toute la place qu’elle mérite.
Graphiquement, Descender est incroyable. Notre point de vue manque sans doute de perspective, c’est l’un des titres qui nous a plongés la tête la première dans les comics. Pour autant, le travail de Nguyen et Lemire s’impose comme une référence du genre, qu’il est bon d’avoir dans sa bibliothèque. Espérons que l’éditeur français profitera de l’occasion pour nous offrir dans la foulée une intégrale d’Ascender, la suite spirituelle de la série. En attendant une adaptation sur petit ou grand écran, on peut toujours rêver.
Trousse Boy (T1)
Scénario de Julien Josselin et Valentin Vincent, dessin de Grelin — 80 pages
Publié le 27 avril 2022 aux éditions Glénat — 16,95€
Entre Ant-man, Danny the Street (à prendre au sens littéral du terme), Plastic Man et Leezle Pon (un virus doté du pouvoir des Green Lantern), il était temps que la France s’offre elle aussi, un super-héros aux pouvoirs aussi ridicules que sa backstory. C’est désormais chose faite avec Trousse Boy, le comics bien de chez nous signé Julien Josselin et Valentin Vincent. En ouvrant une trousse maudite, Elliott libère des pouvoirs qui le dépassent. Pour que tout rentre dans l’ordre, l’adolescent va devoir s’allier à la fille la moins populaire du collège et combattre le terrible Effaceur.
Signé par deux figures emblématiques de l’histoire YouTube, Trousse Boy est une blague partie trop loin. Si loin qu’elle en devient finalement réussie. Loufoques et souvent absurdes les aventures d’Elliott s’imposent comme une succession de clins d’œil, de références et de vannes bien senties. Le genre de bande dessinée qui ne se prend pas au sérieux, mais qui le fait bien.
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