Les sorties comics et bandes dessinées ont repris de plus belle. Après un été timide, les éditeurs semblent avoir repris du poil de la bête. L’occasion de découvrir quelques pépites chez Urban Comics avec l’adaptation de la série animée Harley Quinn, mais aussi certains titres plus confidentiels dénichés chez les éditeurs indépendants. La rentrée a été chargée, on n’en demandait pas tant.
Sanctuary (T1)
Scénario de Sho Fumimura, dessin de Ryoichi Ikegami – 464 pages
Publié le 7 septembre 2022 aux éditions Glénat – 14,95€
Entre jeu politique et complots mafieux, Hojo a beaucoup d’ennemis. Le yakuza n’en garde pas moins un sens de l’honneur à toute épreuve, une qualité rare dans son milieu. Derrière un thème classique et des personnages froids, cette perfect édition signée Glénat est un bel hommage à la série de Sho Fumimura et Ryoichi Ikegami.
Attention, avec ses affrontements matures et implacables, le seinen n’est définitivement pas à mettre entre toutes les mains. Il faudra d’ailleurs vous accrocher un peu pour venir à bout de certains arcs narratifs tant ils sont denses. Pour peu d’y mettre un peu du sien, l’expérience vaut tout de même le détour.
Maria Montessori, l’école de la vie
Scénario de Caroline Lepeu, dessin de Jérôme Mondoloni – 176 pages
Publié le 7 septembre 2022 aux éditions Marabulles – 20,95€
Plus qu’une méthode éducative, Maria Montessori était surtout une femme illustre : médecin, féministe et pacifiste, le personnage né en 1870 a traversé bon nombre de conflits mondiaux avant de finalement révolutionner les méthodes éducatives. À contre-courant de son époque, elle passera sa vie à combattre pour les droits des femmes et des enfants.
Personnage fondateur de notre époque et injustement mal connue, Maria Montessori s’offre enfin une biographie à la hauteur de sa réputation. Publiée aux éditions Marabulles, cette bande dessinée est une plongée dans la vie passionnante d’une figure historique. Le trait de Jérôme Mandoloni est précis, presque nostalgique avec ses touches de couleurs sépia, et promet déjà de s’imposer comme une référence du genre.
Bofuri (T1)
Scénario de Yuumikan, dessin de Jirou Oimoto – 164 pages
Publié le 8 septembre 2022 aux éditions Mana Books – 7,90€
Dans la lignée de l’excellent Shangri-La Frontiers, publié depuis l’année dernière, Bofuri est un manga-hommage aux jeux vidéo. L’occasion de suivre la jeune Kaede, une joueuse poltronne et timide, qui déteste mourir sous les coups de ses ennemis. Pour pallier ce problème, l’héroïne décide de rejoindre un nouveau MMORPG, et de mettre tous ses points de stats sur la défense. Elle devient alors une véritable forteresse imprenable, presque invulnérable mais très (très très) lente.
Sans révolutionner le genre, Bofuri est une jolie découverte. Le thème du RPG est très bien retranscrit sur papier, et on a pris beaucoup de plaisir à dévorer ce premier tome. Reste à voir combien de temps la série réussira à nous tenir en haleine.
Une féministe révolutionnaire à l’atelier
Scénario de Fabienne Lauret et Philippe Guillaume, dessin d’Elena Vieillard – 144 pages
Publié le 14 septembre 2022 aux éditions Boîte à bulles – 19€
Fabienne est soixante-huitarde et féministe. Après avoir fait ses armes dans les grandes manifestations étudiantes de sa jeunesse, son engagement politique et social la pousse à intégrer l’une des plus grosses usines Renault de France en mai 1972. Objectif : insuffler un vent de révolution chez des ouvriers et des ouvrières, alors peu au fait des revendications syndicales. Ce qui sonne d’abord comme une mission politique finira par devenir sa vie : elle passera 36 ans à jouer les petites mains pour le constructeur automobile.
Dans cette bande dessinée crue et autobiographique, Fabienne Lauret nous livre un pan de sa vie, mais aussi de l’histoire de France. À la manière d’un journal de bord, la militante raconte une vie de luttes syndicales et féministes, celles violentes ou plus discrètes qui conduiront à l’obtention de droits sociaux qu’on pense aujourd’hui fondamentaux. Un très beau témoignage historique, social et intimement politique, à l’heure où les luttes sociales sont plus que jamais d’actualité.
Harley Quinn : The animated serie (T1)
Scénario de Tee Franklin, dessin de Max Sarin – 144 pages
Publié le 16 septembre 2022 aux éditions Urban Comics – 17€
La série animée Harley Quinn a trouvé son digne héritier. Comme Batman avant elle, la psychiatre de Gotham – née dans la série de Paul Dini et Bruce Timm – a droit à ses propres aventures sur petit écran depuis 2019. Pas question ici de sauver le monde, les aventures d’Harleen Quinzel sont irrévérencieuses et déjantées, au point d’avoir fait de l’ombre au Herogasm de The Boys cet été.
Avec cette première adaptation BD de la série animée Harley Quinn, Tee Franklin et Max Sarin offrent une très belle suite aux aventures du personnage. Situé après les évènements de la saison 2, ce premier tome nous entraîne dans un road trip déluré à travers Gotham, alors qu’Harley a officialisé son couple avec Poison Ivy, et que le commissaire Gordon s’est mis en tête de l’arrêter quoi qu’il en coûte. Le ton est hilarant, les vannes trashs et explicites, et les illustrations de Max Sarin sont un bonheur pour les yeux.
Harley & Ivy : d’amour et de ronces
Scénario de Paul Dini, dessin de Bruce Timm – 144 pages
Publié le 16 septembre 2022 aux éditions Urban Comics – 16€
Avant d’être en couple, Harley Quinn et Poison Ivy étaient déjà partenaires de crime. Avec D’Amour et de ronces, les maîtres Bruce Timm et Paul Dini signent un nouveau one-shot explosif. Pas de doute, on tient là le digne héritier de Mad Love. Cette première édition française chez Urban nous en met plein les yeux, et va même jusqu’à compiler en plus du récit principal quatre autres mini-récits inédits en France (24 heures, Au pied du sapin, Harley, Ivy et… Robin ? et Le Pari).
Explosif et loufoque, ce nouveau one-shot d’Harley Quinn devrait rappeler au bon souvenir de la chauve-souris tous les fans de la série animée des années 1990. Après tout, c’est bien à la création télévisuelle de Paul Dini et Bruce Timm que l’on doit l’existence de la psychiatre déjantée. Définitivement émancipée de son Joker, Quinzel n’a pas encore tiré sa révérence.
Ana et l’Entremonde (T1)
Scénario de Marc Dubuisson, dessin de Cy – 104 pages
Publié le 21 septembre 2022 aux éditions Glénat – 16,95€
Et si Christophe Colomb s’était trompé ? Quand la jeune Ana se retrouve malgré elle embarquée sur les caravelles du célèbre navigateur italien, elle découvre un monde qui la dépasse. Non seulement la Terre est plate, mais en plus, celles et ceux qui osent s’approcher trop près de son bord risquent le naufrage dans l’Entremonde, un mystérieux univers qui relie les différentes couches de la surface.
Porté par les superbes illustrations de Cy (qu’on avait déjà découvert dans Radium girls et Le vrai sexe de la vraie vie), Ana et l’Entremonde est une fable poétique et entraînante, une relecture de L’Île au trésor saupoudrée d’un peu de féminisme qui nous embarque dès les premières pages. L’aventure imaginée par Marc Dubuisson signe un premier tome ambitieux, presque frustrant : l’Entremonde sera une saga épique prévue en quatre tomes, il faudra donc patienter un peu pour lire la suite.
Super Dickie
Scénario et dessin de Pieter de Poortere – 56 pages
Publié le 28 septembre 2022 aux éditions Glénat – 15,95€
Dickie est de retour ! Après une incursion au cœur du IIIe Reich dans Le Petit Dickie Illustré 2, le bonhomme à la tête de Playmobil revient, pour de nouvelles aventures noires et déjantées, ou le politiquement incorrect jongle avec l’absurde.
De Batman a Indiana Jones, en passant par Harry Potter, Super Mario et l’agence tous risques, l’humour acerbe de Pieter de Poortere n’épargne personne, et s’attaque cette fois aux héros et héroïnes de la pop culture. C’est drôle, bête et méchant, et on en redemande. Avec ses 56 pages et son format strip, la bande dessinée se dévore en quelques minutes, on ne s’en lasse décidément pas.
Rhétorix
Scénario de Stéphane de Freitas, dessin de Baba et Christo – 128 pages
Publié le 15 septembre 2022 aux éditions Le Robert – 14,90€
Si prendre la parole en public vous tétanise, ou que vous passez vos soirées à refaire le match après avoir subi une réflexion désagréable, Rhétorix veut s’imposer comme le guide ultime de l’éloquence. Avec humour et second degré, Stéphane de Freitas livre de précieux conseils pour apprendre à vaincre son stress et devenir un véritable orateur né. Pas de quoi vous transformer en homme ou femmes politiques, mais assez pour prendre la parole sans manquer de s’évanouir à la boulangerie.
À travers des exercices pratiques et une bonne dose d’autopersuasion, Rhétorix est une très belle découverte de ce mois de septembre. Le genre de bande dessinée qui se dévore d’une traite, et vous laisse un ego boosté à bloc. À mettre entre toutes les mains, surtout celles des plus timides.
Sandman the Dreaming : Waking hours
Scénario de Gwendolyn Willow Wilson, dessin de Nick Robles – 296 pages
Publié le 30 septembre 2022 aux éditions Urban Comics – 24€
En marge de la série de comics originale, et de l’adaptation Netflix, Sandman c’est aussi un vaste univers étendu. Imaginées par le prolifique Neil Gaiman, les aventures du Seigneur des rêves se poursuivent, cette fois avec Waking Hours, une mini série signée initialement parue en 2020 sous la plume de Gwendolyn Willow Wilson et Nick Robles.
L’héritage du marchand de sable est là. Après ses aventures de Morpheus à Fawney Rig, c’est à un nouveau cauchemar que s’attaque la saga. Petit nouveau parmi les protagonistes de cet univers étendu, Ruine va bouleverser (encore) le fragile équilibre ente le royaume des rêves et le monde éveillé. Avec un trait plus moderne loin d’être désagréable à l’œil, l’intégrale de la mini-série s’offre une très belle arrivée chez Urban Comics.
Découvrir Sandman the Dreaming : Waking Hours
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