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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les sexbots (sans jamais oser le demander)

Bien loin des poupées gonflables inertes et informes de l’imaginaire collectif, les “sexbots” nouvelle génération s’offrent aujourd’hui des cerveaux à la pointe de la technologie. Alors que la promesse d’un monde où robots et humains cohabitent en parfaite harmonie se généralise, où en est l’industrie de la poupée-robot sexuelle aujourd’hui ?

Crédits : X-Dolls via Facebook

“Si ça existe, il y a un porno pour ça”. La règle 34 imaginée par Peter Morley-Souter n’échappe pas à l’explosion des objets intelligents et connectés. Alors que les robots nous assistent aujourd’hui dans la médecine, l’industrie ou la vie quotidienne, ils pourraient bien, à l’avenir, nous satisfaire sur le plan sexuel. Si les poupées gonflables n’avaient, à l’époque rien de très excitant, leurs créateurs utilisent désormais la science et les nouvelles technologies pour les rendre de plus en plus réalistes, et surtout de plus en plus intelligentes.

“Dans 10 ans, on aura des robots sexuels chez soi, comme on a des micro-ondes aujourd’hui” – Douglas Hines à Reuters

Plus qu’une simple poupée inerte, le sexbot affiche une sexualité consentante, et surtout démonstrative. À San Marcos aux USA, Matt McMullen a commercialisé en avril 2017 Harmony, un modèle ultra réaliste de poupée sexuelle de la marque RealDoll capable de tenir plusieurs positions sexuelles, et même “d’avoir un orgasme”. Selon la société, la poupée aux mensurations de Barbie fruit de 20 ans de recherche réagirait aux stimulis extérieurs et serait dotée de capacités d’apprentissage.

Sextoy ou partenaire ?

Si les sexbots ont évidemment pour but premier de satisfaire leur propriétaire sur le plan sexuel, les acteurs du secteur tentent d’élargir leur capacités, afin d’en faire des partenaires de vie. Une application permet par exemple de créer de toutes pièces le caractère fantasmé de la love doll Harmony. Capable de se souvenir de la date d’anniversaire de son propriétaire, de tenir une conversation, de citer Shakespeare ou d’afficher un comportement jaloux, le sexbot simule de manière toujours plus réaliste les relations humaines.

“Je veux créer quelque chose d’interactif qui va vraiment exciter un humain sur le plan émotionnel et intellectuel, au-delà du physique” – Matt McMullen, fondateur de RealDoll

Rick and Morty S01EP07 – Crédits AdultSwim

Bien plus onéreuses et encombrantes qu’un simple sextoy, les poupées sexuelles robotisées veulent apporter à leur propriétaire une s(t)imulation intellectuelle et émotionnelle qui irait au-delà de la masturbation. Présentées en 2010 à Las Vegas, les dolls imaginées par TrueCompanion ont chacune leur propre “personnalité”. De son côté, la love-doll Samantha, imaginée par Sergio Santos pour la marque Syntha Amatus intègre une véritable phase de séduction. Pour espérer avoir un rapport sexuel avec la poupée, son utilisateur devra au préalable la séduire et la satisfaire.

[nextpage title=”À qui sont destinés les robots sexuels ?”]

On a souvent tendance à penser que les sexbots constituent un marché de niche. Dans la réalité, les choses sont un peu plus complexes. Avec un marché estimé à 30 milliards de dollars en 2018 selon The Guardian, la sex tech a le vent en poupe. Elle ne sera peut-être jamais un produit mainstream mais le marché a explosé ces vingt dernières années au Japon, propulsé par les progrès de la robotique et de l’intelligence artificielle.

“Mieux vaut être avec un robot qu’être seul” – David Levy, dans “Love & Sex with Robots”

Pour David Lévy, expert en AI et auteur de l’essai Love & Sex with Robots, les sexbots ont été conçus pour répondre à une solitude affective qui touche de plus en plus de célibataires au XXIe siècle (18 millions en France selon un recensement de l’Insee en 2016). 

Crédits : X-Dolls via Facebook

Combien ça coûte ?

Si le marché des sexbots est en pleine expansion depuis quelques années, le prix des poupées robotisées a de quoi donner le tournis. Pour espérer s’offrir aujourd’hui un modèle de la marque RealDoll, il faut débourser au moins 6 000 $ (5 200 €). Livrée avec toutes les options disponibles, Harmony culmine quant à elle à près de 15 000 $ (13 200 €). A ce prix-là, tout est personnalisable, depuis la forme de ses yeux jusqu’à sa pilosité intime. Un prix très élevé entre autres lié à la fabrication encore “artisanale” des sexbots. D’ici quelques années, l’industrie des love doll devrait automatiser le processus de fabrication réduisant considérablement leur coût de revient.

En attendant que le marché devienne plus abordable, les sex dolls sont également disponibles à la location. En France, l’établissement XDolls situé à Paris propose de débourser 89 € pour passer une heure avec Lily, Candice, Sofia ou Sarah. 

Et les sexbots masculins ?

Le sujet de sexbots est presque exclusivement abordé via le prisme d’une relation hétérosexuelle entre un homme humain et une femme robot, il existe aussi quelques robots sexuels masculins sur le marché. Pour la marque TrueCompanion, c’est Rocky qui fait office de sextoy (presque) vivant. De son côté, la marque RealDoll a annoncé l’arrivée en 2019 de Henry, 1m80 de silicone et de robotique destiné au plaisir féminin. Conçu comme son alter-ego Harmony, le sexbot pourra raconter des blagues, courtiser sa propriétaire, et bien sûr avoir des relations sexuelles avec elle. Une initiative encore minoritaire sur le marché des love dolls.

Situation amoureuse : c’est compliqué

Si le sexbot le plus élaboré du monde n’a d’intelligent que les hommes et les femmes derrière sa fabrication, les sentiments développés par certains propriétaires de robots sexuels n’en sont parfois pas moins réels. Au Canada, un jeune américain a construit de toute pièce sa femme parfaite qu’il a baptisée Aiko.

Une fiancée pas comme les autres – Crédits Diaphana Films

En 2017 en Chine, un trentenaire a même épousé une poupée sexuelle avec qui il entretenait une “relation” depuis plusieurs mois. Faute d’avoir trouvé une femme en chair et en os, cet expert en intelligence artificielle espère, à terme, améliorer sa promise pour lui apprendre à se déplacer de façon autonome. Le risque, pointait Serge Tisseron  dans son essai Le jour où mon robot m’aimera est que “l’homme finisse par attendre de ses semblables qu’ils ne se comportent comme des robots”.

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