Si Apple TV+ s’est fait un nom en produisant bon nombre de séries de qualité, à l’image de Severance, Sugar, Silo, Slow Horses, Shrinking et d’autres shows qui ne commencent pas tous par un s, on ne peut oublier que la plate-forme de streaming sait également produire des longs-métrages solides qui lui ont permis d’asseoir sa réputation. Et ce n’est pas The Gorge qui va venir nous prouver le contraire.
Un projet qui a attiré notre attention en premier lieu parce qu’on ne parvenait pas à définir ce qu’il voulait nous vendre au-delà de son casting. Jugez plutôt : Anya Taylor-Joyr (Mad Max Furiosa, Le Jeu de la Dame, The Witch et plein d’autres joyeusetés) en compagnie de Miles Teller (Whiplash, Les 4 Fantastiques, Top Gun : Maverick) devant la caméra de Scott Derrickson (Sinister, Doctor Strange, Black Phone). Sur le papier, trois noms qui donnent envie et qui trouvent, normalement, facilement le chemin du grand écran – tout notre respect pour le service de SVoD mis à part.
De l’autre, une affiche et un synopsis qui sentent bon le récit jeune adulte bien cliché, comme il en sort à la douzaine chez la concurrence, Prime et Netflix en tête. Dès lors, on était devant deux options : soit The Gorge allait bien être la romance fantasy annoncée par la campagne promotionnelle, avec Anya et Miles venus toucher leurs chèques ; soit le film allait se révéler bien plus que ça. Et le miracle fut.
![The Gorge](https://www.journaldugeek.com/app/uploads/2025/02/the-gorge.jpg)
Mais puisqu’on parlait du scénario, le voici : deux snipers talentueux se retrouvent chacun à devoir surveiller un gouffre mystérieux au sommet de leurs tours respectives. Deux consignes : ne jamais entrer en communication avec son homologue, et empêcher tout ce qui se trouverait dans le gouffre d’en sortir. Bon, on vous a fait la version un peu moins romantique que le synopsis officiel qui s’emballait un peu sur les liens entre nos deux tireurs. On va y revenir autour de nos trois bonnes raisons de vous jeter dans The Gorge.
1 – Un récit qui n’est pas là pour beurrer les sandwichs
Car oui, il faut l’avouer, le long-métrage d’Apple TV+ possède bien une part de romance affichée. Cette dernière est, d’ailleurs, pas forcément l’un de ses points forts, le récit expédiant le moment fondateur du couple en quelques minutes, comme s’il était pressé de passer à autre chose. Tout juste si des ellipses viendront excuser le manque de matière concernant l’expression des sentiments.
Il faut dire qu’en faisant le choix du film plutôt que la série, le scénario doit caser beaucoup de choses en seulement deux heures de temps. Et il y en a des choses ! Certes, en l’état, le pitch est plutôt simple et facile à suivre. Toutefois, il y a de nombreux éléments à montrer et tous ne bénéficient pas du même niveau de développement, ce qui peut donner un ultime acte trop expéditif pour réussir.
![The Gorge (1)](https://www.journaldugeek.com/app/uploads/2025/02/the-gorge-1.jpg)
Néanmoins, ce qui s’apparente à un défaut fait aussi la valeur d’un projet qui n’a pas peur de nous offrir à boire et à manger ! Le film démontre une certaine ambition une fois au sein de la gorge, et ce, malgré son absence de peaufinage qui lui donne parfois un aspect assez grossier. The Gorge touche autant au film d’action, qu’à la romance, au film d’horreur, de science-fiction… Bref, une expérience imparfaite, mais généreuse.
2 – Le Jeu de la Reine
On a beau apprécier le talent d’acteur de Miles Teller, au sommet de l’affiche, il n’y a bien qu’une seule reine. On aurait pu se demander ce qu’Anya Taylor-Joy était venue faire dans ce projet qui sentait la galère à plein nez, néanmoins qu’est-ce qu’on est heureux de la voir ici. L’actrice est une boule d’énergie, de charme, et elle prouve après Furiosa que malgré son petit gabarit, elle peut tenir les séquences musclées aussi bien que son partenaire fier de ses abdos.
Là où le personnage de Teller est davantage réservé, toute la charge énergétique du long-métrage incombe à Anya qui va être le véritable moteur de l’action et du scénario, notamment en apportant systématiquement la touche d’humour nécessaire. Néanmoins, on ne peut enlever que son homologue répond bien par son propre talent et si la première moitié du film, centrée quasiment uniquement sur le duo, fonctionne, c’est parce qu’on a ces deux acteurs sachant si bien occuper l’espace.
![The Gorge (2)](https://www.journaldugeek.com/app/uploads/2025/02/the-gorge-2.jpg)
3 – Une meilleure adaptation de Resident Evil que les adaptations de Resident Evil
Puis les événements s’emballent et Scott Derrickson reprend la main en faisant parler son expérience dans le cinéma d’horreur. Une fois dans la gorge, le réalisateur va s’amuser à jouer avec ses filtres colorimétriques et un bestiaire conséquent et original. Avec son mélange de conspiration, expérimentation et bestioles bien dégueulasses, The Gorge finit par ressembler à un jeu Resident Evil où nos héros Jill Valentine et Chris Redfield doivent affronter toutes sortes de monstres et s’échapper. Plusieurs séquences semblent directement s’inspirer des jeux vidéo, au point de nous donner envie de prendre la manette par moment.
Au final, The Gorge n’a peut-être pas le potentiel pour devenir un produit phare chez Apple TV+, notamment parce qu’il reste hautement perfectible sur chacun de ses aspects, comme si on avait voulu en faire un bon film, mais surtout pas davantage. Toutefois, il faut lui reconnaître que sa mission première est remplie : le divertissement est assuré grâce à un casting charismatique et une direction artistique vidéoludique qui a su se faire plaisir. Dommage que la plateforme de streaming n’a pas encore le succès qu’elle mérite, car The Gorge se serait placé aisément numéro 1 dans n’importe quel Top 10 de la concurrence.
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