Raconter l’avènement du minitel et la manière dont l’outil de communication a bouleversé le quotidien de millions de Français, c’est l’ambition de 3615 Monique. Sur OCS, la série raconte comment trois étudiants ont eu l’idée de créer une messagerie érotique inédite pour l’époque. La seconde saison transporte la petite bande dans les sous-sols de Libération, d’où ils gèrent un nouveau service : 3615 Turlu. Rapidement, Simon, Stéphanie et Toni décident de quitter l’entreprise pour relancer leur affaire. Mais ils sont confrontés aux comportements dangereux de certains de leurs utilisateurs.
Cette nouvelle saison entend donc porter un nouveau regard sur nos outils de communication contemporains, en particulier sur les questions de modération. Une thématique plutôt à propos, alors que la liberté d’expression est au cœur des débats, particulièrement concernant Twitter depuis le rachat par Elon Musk. Nous avons rencontré Arthur Mazet, Noémie Schmidt et Paul Scarfoglio pour en parler avec eux. Interview.
JDG : La série aborde les prémices d’internet, elle questionne aussi nos usages et les dérives de tels outils de communication. Cette saison a-t-elle déclenché chez vous des questionnements sur ce sujet ?
Arthur Mazet : “C’est vrai que les réseaux sociaux ont créé du bon et du mauvais. Moi, ça me fait un peu flipper tous les travers de ces outils de communication. La série aborde notamment l’anonymat en ligne.”
Paul Scarfoglio : “Cette deuxième saison questionne beaucoup la morale de ce qu’ils sont en train de développer. Dans la saison 1, c’était des jeunes qui essaient de construire quelque chose, la seconde interroge plus sur les dérives. D’un coup, on vient parler d’agression sexuelle, de rapport à la pornographie ou même de viol. Je ne sais pas personnellement si ça nous a fait nous poser plus de questions, je m’en posais déjà beaucoup. C’était important de ramener ces sujets-là.”
Arthur Mazet : “Même si on aborde une technologie qui est obsolète, on dénonce aussi ce qui se passe sur les réseaux sociaux aujourd’hui. Je pense que c’est pour ça aussi que la série trouve un écho chez les jeunes spectateurs qui n’ont pas du tout connu le minitel. Ils peuvent se dire que ça ressemble un peu à Instagram.”
Pour mieux comprendre les enjeux politiques et sociétaux de la narration, Paul, Arthur et Noémie ont fait quelques recherches. Cette saison aborde en particulier la création d’Internet, et la démarche de libre-échange qui est née avec lui.
Noémie Schmidt : “Je trouve que l’invention d’Internet est plus intéressante que celle de la télématique. Il y avait au départ une véritable intention de transfert et de partage d’informations. Une information gratuite. En fait, la charte des créateurs d’Internet, qui revient sur le devant de la scène avec l’histoire d’Elon Musk et Twitter, je n’ai jamais trouvé dans la télématique de telles préoccupations. Il y avait cette idée d’une vision utopique de la société, où tout est possible. On va devenir meilleurs, une meilleure humanité grâce au partage gratuit de l’information. Aujourd’hui, c’est un peu le darknet qui a cette place, à l’heure où l’internet est à une ère très capitaliste.
La télématique, c’était quelque chose de très utilitariste, l’idée d’exploiter la solitude des gens, leur isolement à des fins monétaires. Je me souviens d’un rapport ministériel de 80 pages qui parlait de l’importance du minitel, une création française et un super coup financier pour le pays. Il mentionnait aussi Internet et disait que ça ne marcherait jamais. Je trouve ça hyper intéressant.”
JDG : Il y a-t-il un truc d’Internet que vous ne comprenez pas ?
Paul Scarfoglio : “Moi ce que j’ai du mal à comprendre, c’est comment cette liberté d’expression a donné naissance à beaucoup de choses négatives. Pourquoi les gens sont méchants ? Pourquoi ça crée chez les gens une forme de violence. C’est quelque chose que j’ai du mal à admettre.”
Arthur Mazet : “TikTok c’est très intéressant. Ça paraît incompréhensible, mais si tu arrives à gérer ton algorithme, c’est assez marrant. Tu vois le logo TikTok sur Instagram, on ne comprend pas tout.”
Paul Scarfoglio : “J’ai installé TikTok, je l’ai gardé pendant un mois et demi. Une fois, j’ai passé deux heures dessus, je l’ai directement désinstallée. C’est horrible. Quand je sors de l’application je n’ai plus de cerveau, c’est une noix de pécan.”
Arthur Mazet : “Ça aspire ta concentration. Je n’arrive pas à m’en passer, je sais qu’il faudrait réduire. Tu vois des documentaires et tu te dis que ça ne t’arrivera jamais. Que tu seras au-dessus de ça et en fait, ils sont trop forts.”
JDG : Est-ce qu’il y a des applications, des outils d’Internet dont vous ne pouvez pas vous passer ?
Arthur Mazet : “Je passe beaucoup trop de temps sur Instagram. Des fois, il y a des choses qui m’intéressent et d’autres pas, mais j’y passe quand même beaucoup trop de temps. Et après, il y a cette immédiate sensation de regret. Je vois des Reels de mecs qui te donnent des conseils pour passer moins de temps sur Instagram. Se déconnecter chaque fois à la fin par exemple. IL y a un super documentaire sur Netflix, Derrière nos Écrans de Fumée. Tu le regardes et tu te dis, ‘ok, je vais jeter mon smartphone et m’acheter un Nokia 3310.’ Finalement, on se rend compte à quel point notre vie est dictée par notre smartphone.”
Noémie Schmidt : “Moi, je suis tout le temps sur Twitch. Je regarde beaucoup Dany Eraz, c’est la meilleure chaîne. C’est de la revue de presse, je regarde vraiment beaucoup. Ce sont des live de 4 heures, c’est vraiment autre chose que YouTube.”
Paul Scarfoglio : “Moi, c’est clairement YouTube, pour certaines personnes c’est la télévision, moi c’est YouTube.”
Pour découvrir 3615 Monique, c’est sur OCS que ça se passe. L’intégralité de la saison 2 est disponible sur le service d’Orange depuis le 15 décembre dernier. Pour les fêtes de fin d’année, cette plongée au cœur des années 80 est le divertissement parfait à regarder avec un bon plaid.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.