Le Shinkansen, le train à grande vitesse qui traverse le Japon, a été piégé. S’il tombe sous la barre des 80km/h, une bombe explose, menaçant la vie de tous ses passagers. Une course contre-la-montre s’engage pour mettre la main sur les terroristes et parvenir à sauver les otages. Ce scénario ne vous rappelle rien ? Et si on remplace par le Shinkansen par un bus et qu’on met Keanu Reeves à l’intérieur ?
Toute une génération a usé la cassette de Speed, film de Jan de Bont sorti en 1994 qui a gagné ses galons de classique (du moins pour nous). Or, le grand public ignore souvent que le long-métrage américain est inspiré de Super express 109, production japonaise de 1975 dont on vous donnait le synopsis en début d’article. Si on vous en parle aujourd’hui, c’est parce que Netflix a sorti cette semaine Bullet Train Explosion, œuvre présentée comme un remake de Super express 109, confiée entre les mains de Shinji Higuchi, réalisateur de l’exceptionnel Shin Godzilla. Et vous nous connaissez : un scénario qui sent bon l’adrénaline avec un metteur en scène compétent à la barre et les moyens modernes à disposition, on était obligés de nous jeter goulûment sur cette nouvelle version. Même sans Keanu Reeves.
De quoi parle Bullet Train Explosion ?
Bon, on ne va pas faire très original puisqu’en tant que remake, Bullet Train Explosion va reprendre quasiment le même scénario que Super express 109. Le Shinkansen a été piégé et il ne doit pas descendre sous les 100 km/h sinon boum ! La nouveauté tient de la demande du terroriste qui exige que la rançon soit payée par les Japonais eux-mêmes.
Face à un gouvernement qui refuse de négocier avec les terroristes, la compagnie ferroviaire et le personnel à bord va tout tenter pour sauver les occupants du train.
Train à grande vitesse pour film tout mou
Il faut savoir mettre de l’eau dans son vin — expression utilisée par les plus de cinquante ans et une fausse jeune de la rédaction – et reconnaître que le ressenti devant Bullet Train Explosion va surtout dépendre de vos attentes. Loin du sensationnalisme supposé, le film tente une approche plus réaliste de son concept, en mettant en avant le travail de la East Japan Railway Company. Une vision inédite qui donne à voir ce qui pourrait réellement se passer dans ce genre de situation et la solution ne viendra pas tant d’un héros que d’une pléthore d’employés, à des postes divers.

Il y a quelque chose de rafraîchissant de voir une crise gérée sans clichés hollywoodiens et où chaque personne a un rôle à jouer. Non, le chef de cabine n’est pas électricien et non, l’aiguilleur responsable n’y connaît rien dans la conception du Shinkansen. Y compris dans sa demande de rançon, le film entend mettre en avant le peuple et sa capacité à agir et à se serrer les coudes face au danger et à un gouvernement inactif. Il y a propos très nationaliste sur la représentation de la force vive du Japon, à savoir sa population. Même si cela passe par une belle publicité pour la East Japan Railway Company qui a un personnel vraiment, vraiment exceptionnel jusqu’au ridicule. Où s’arrête le réalisme et où commence le brossage dans le sens du poil, là est la question.
Toutefois, ce n’est pas le portrait excessivement valeureux de la JR qui nous aura personnellement sorti du long-métrage. Peut-être attendions-nous davantage à revoir du Speed dans la forme, on l’avoue, mais on a ressenti un certain manque d’adrénaline tout du long. Le métrage circule sur le même rythme pendant plus de deux heures, au point où on fait peu de différence entre une séquence d’action et une discussion entre passagers. Une cadence lancinante qui ne justifie absolument pas sa durée avec des temps morts omniprésents.

Il ne faut pas juger un livre sur sa couverture, néanmoins quand un film s’intitule Bullet Train Explosion, on s’attend à avoir une sensation de vitesse, ce qui n’est pas le cas avec une capacité de 300km/h qui se divise de moitié rapidement, et on s’attend à une mise en scène plus énergique. À cela s’ajoute un scénario fortement bancal. Certes, il a le mérite de ne pas s’éparpiller en sous-intrigues et de rester au plus proche de l’action. Toutefois, son rapprochement avec Super express 109 – dont il s’agira en réalité plus d’une suite que d’un remake – le dessert avec un terroriste dont la justification est particulièrement faible, pour être poli.
Quand on succède à deux films qui ont déjà bien épuisé le concept, il faut savoir se différencier. Bullet Train Explosion tente une approche inédite à ce niveau qui pourra satisfaire les ferrovipathes, mais pour les amateurs de thriller tendu et d’action pêchue, ils risquent de rester sur le quai. Et vive la East Japan Railway Company !
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