Passer au contenu

Sausage Party Bouff’land : un barbecul qui manque de piquant 🌭

Les blagues potaches se mettent Ă  l’heure d’Ă©tĂ© sur Prime Video.

Pile Ă  l’heure pour les vacances, Sausage Party est de retour sur nos Ă©crans. Le film qui avait fait scandale Ă  sa sortie en 2016 revient, cette fois sur Prime Video au format Ă©pisodique, dans une suite baptisĂ©e Bouff’land, ou Foodtopia en VO. Au programme : beaucoup d’absurde, une propension assez bluffante Ă  tout salir, et un plaisir coupable qu’on dĂ©vore en quelques heures.

Un after chez les saucisses

Sausage Party : Bouff’land commence lĂ  oĂą le film s’Ă©tait arrĂŞtĂ©. Après avoir dĂ©couvert que le grand Au-delĂ  qu’ils fantasmaient tant n’Ă©tait qu’un massacre organisĂ© par les humains, Frank (une saucisse), Barry (encore une saucisse) et Brenda (un pain Ă  hot-dog) se mettent en tĂŞte de lancer une rĂ©volution alimentaire. Les produits de supermarchĂ© ne veulent plus ĂŞtre mangĂ©s, et aspirent dĂ©sormais Ă  vivre leur propre destinĂ©e.

Sausage Party (2)
© Prime Video

La première scène de Bouff’land dĂ©taille la fin d’une bataille sanglante entre nos hĂ©ros et les grands mĂ©chants humains. Douche la poire Ă  lavement n’est plus de ce monde, et la bande menĂ©e par nos trois hĂ©ros espère dĂ©sormais trouver un havre de paix oĂą Ă©tablir une sociĂ©tĂ© alimentaire harmonieuse. On s’en doute, tout ne va pas se passer comme prĂ©vu. Après l’euphorie, nos personnages vont rapidement faire face aux dangers environnants. La vie est dĂ©cidĂ©ment Ă  l’image de Frank : plus dure que prĂ©vu. Entre les humains, les animaux et les conditions climatiques, certains en viendraient presque Ă  regretter l’Ă©poque du supermarchĂ©. Mais le pire reste Ă  venir.

Toy Story sauce trash

LĂ  oĂą le film apportait une dimension rafraĂ®chissante au genre, Sausage Party Bouff’land s’impose comme une suite directe, mais pas vraiment innovante, de son ainĂ©. Huit ans après la sortie du long-mĂ©trage de Conrad Vernon et Greg Tiernan, l’animation pour adulte a trouvĂ© son public, et les dessins animĂ©s du genre sont nombreux. Netflix en particulier, semble en avoir fait sa marque de fabrique. Entre Big Mouth et Exploding Kittens, pas facile de se frayer une place au rayon du politiquement incorrect. Prime Video fait pourtant le pari d’une concurrence frontale, en misant sur une licence qui avait fait beaucoup de bruit au moment de sa sortie.

Sausage Party (3)
© Prime Video

Reste que pour tous les gamins des annĂ©es 1990 biberonnĂ©s Ă  Toy Story, la recette fonctionne plutĂ´t bien. L’animation est efficace, les blagues potaches percutantes, et force est d’admettre que l’on prend un certain plaisir coupable Ă  pouffer devant les mĂ©saventures de Frank et de sa bande. C’est bĂŞte, mĂ©chant, cruel, et personne n’est vraiment Ă©pargnĂ©.

Est-ce que la sĂ©rie est rĂ©ussie pour autant ? C’est lĂ  une autre histoire. Le film a beau avoir Ă©tĂ© un phĂ©nomène Ă  sa sortie (on y reviendra), il brillait davantage pour ses scènes trash que pour son scĂ©nario finalement très convenu. Avec cette nouvelle sĂ©rie, la licence perd Douche, son grand mĂ©chant historique, au profit d’une orange en manque de vitamine. La sĂ©rie rĂ©ussit timidement Ă  se renouveler Ă  travers de nouveaux enjeux, et de nouveaux retournements de situation. Encore une fois, c’est de l’intĂ©rieur que vient la plus grande des menaces. La sociĂ©tĂ© rĂŞvĂ©e par Frank et Brenda est au bord de l’autoritarisme, et certaines voix contestataires s’Ă©lèvent dĂ©jĂ  contre les dĂ©cisions prises par nos hĂ©ros.

Plus critique que trique

La vie sexuelle de nos aliments constituait la pierre angulaire du long-mĂ©trage Sausage Party. Huit ans plus tard, force est de constater que Prime Video a revu son trashomètre Ă  la baisse. Sur les huit Ă©pisodes que compte cette première salve d’Ă©pisode, on compte seulement deux scènes de sexualitĂ© (qui, il faut bien l’admettre sont plutĂ´t explicites). Les rĂ©alisateurs semblent avoir concentrĂ© leurs efforts sur la satire sociale, autre composante forte dans l’ADN du film original. Le rĂ©sultat n’est pas dĂ©cevant — la critique du capitalisme portĂ©e par la sĂ©rie est mĂŞme plutĂ´t intĂ©ressante — mais on s’attendait sans doute Ă  un peu plus.

C’est quoi la polĂ©mique avec Sausage Party ?

En 2016, les dessins animĂ©s Ă©taient encore souvent perçus comme des productions pour enfants. C’est du moins ce qui est apparu Ă  la sortie de Sausage Party. Le mĂ©trage d’animation n’a jamais Ă©tĂ© vendu comme une production jeunesse, mais ses personnages façon Toy Story et son histoire Ă  première vue sympathique lui ont valu un coup de projecteur inattendu. Alors que le film est diffusĂ© au cinĂ©ma, bon nombre de parents dĂ©cident d’y emmener leur progĂ©niture, sans rĂ©ellement savoir dans quoi ils s’embarquent. Entre le langage fleuri des personnages, la prĂ©sence de drogue et de scènes de sexe plutĂ´t explicite, c’est le drame. Quand on vous dit qu’il faut lire les Ă©tiquettes avant d’acheter…

Avec la suite de Sausage Party, Ariel Shaffir et Kyle Hunter se veulent plus prudents. La production est diffusĂ©e sur une plateforme de SVOD, gĂ©nĂ©ralement plus permissive, et se flanque d’une interdiction aux moins de XX ans. L’Ă©pisode 6 de son cĂ´tĂ©, s’offre mĂŞme un trigger warning aux airs d’argument de vente.

Le problème de Sausage Party n’est pas l’absence de bonnes idĂ©es — la sĂ©rie n’en manque pas — mais plutĂ´t l’absence d’enjeux rĂ©els qui entourent les personnages. Le casting vocal portĂ© par Seth Rogen, Kristen Wiig et Michael Cera est brillant, mais les enjeux scĂ©naristiques manquent de profondeur. On apprĂ©cie toutefois le soin portĂ© au monde de Frank, Brenda et Barry, qui fourmille de rĂ©fĂ©rences et de dĂ©tails. LĂ  oĂą Bouff’land manque parfois de texture graphique, elle se rattrape largement dans l’utilisation maligne de son univers.

La sĂ©rie aurait peut-ĂŞtre mieux fait de miser sur une succession d’Ă©pisodes indĂ©pendants plutĂ´t que sur un fil rouge unique, qui sonne souvent creux et accuse de nombreuses longueurs. Au final, on sort de notre visionnage comme d’un repas un peu trop fade : pas malheureux, mais pas complètement rassasiĂ©s non plus.

Rendez-vous sur Prime Video

DiffusĂ© Ă  partir du 11 juillet 2024 sur Prime Video, Sausage Party : Bouff’land rend un bel hommage au film original. Les huit Ă©pisodes seront disponibles d’une seule traite sur la plateforme de SVOD. Dommage que le film original ne soit pas, lui aussi, proposĂ© gratuitement au catalogue du gĂ©ant amĂ©ricain. EspĂ©rons que l’arrivĂ©e de la sĂ©rie changera la donne.

DĂ©couvrir Sausage Party Bouffland sur Prime Video

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Notre avis

Sans égaler le phénomène qu'était Sausage Party à sa sortie, Bouff'land est un plaisir coupable à regarder en vacances. Si la série est loin d'être inoubliable, elle profite d'un humour potache et de calembours bien sentis, qui réussissent la plupart du temps à nous dérocher un sourire. Le sexe gratuit laisse place à une satire sociale plus assumée, mais le discours peine finalement à s'offrir la consistance qu'il ambitionne.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mode