Les fans d’animation ont de quoi se réjouir en ce moment, les belles propositions pleuvent sur les services SVoD, avec de grands noms derrière. Le créateur de Cowboy Bebop a dégainé son Lazarus sur Max, la folie d’Adi Shankar (Castlevania) a de nouveau frappé sur Netflix avec son adaptation de Devil May Cry. Et c’est sur cette même plate-forme que le réalisateur de L’Attaque des Titans et la mangaka responsable de Fullmetal Alchemist ont décidé de se serrer la main pour accoucher de Moonrise. Un hit en puissance ?
Dans le futur, la planète Terre désormais unifiée a réussi à coloniser la lune. Mais une rébellion des habitants de la surface lunaire éclate et un terrible attentat provoque une guerre entre la planète et son astre. Jacob Shadow, intimement lié aux événements, rejoint une équipe d’assaut chargée de mettre la main sur le chef de l’armée lunaire.
Une série d’animation de dix-huit épisodes, chapeautée par Masashi Koizuka, qui a longuement travaillé sur L’Attaque des Titans, coscénarisée par Tow Ubukata (Ghost in the Shell : Arise, Psycho-Pass), et dont les personnages ont été dessinés par Hiromu Arakawa, maman de Fullmetal Alchemist. Une fiche technique qui impose déjà le respect et, le plus beau, c’est que cette réunion de talents se voit à l’écran.
1 / Un premier épisode qui donne le ton
On peut comprendre que la science-fiction ne soit pas votre domaine de prédilection. On peut comprendre que vous restiez de marbre face à la japanimation. Néanmoins, Moonrise mérite que vous lanciez le premier épisode avant de préjuger de sa suite. Tout simplement parce que cette entrée en matière est un véritable condensé de tout ce que le show vous prépare sur les dix-sept épisodes suivants. Loin de vouloir jouer la réserve pour une montée en puissance crescendo, Moonrise montre une vraie générosité en une vingtaine de minutes.
La série démarre à cent à l’heure avec une séquence d’action ambitieuse avec robots, gros flingues, baston, piratage informatique, train en marche… on ne sait encore rien de l’histoire et des personnages que Koizuka veut nous en mettre plein la vue en termes de direction artistique. En quelques plans, on comprend rapidement quelles sont les différentes compétences des membres de l’équipe et, une fois ceci posé, la suite de l’épisode se charge de nous les caractériser. Le héros nonchalant, l’héroïne responsable, le guerrier coincé, la tête en l’air, le beau gosse… l’alchimie et la complémentarité du groupe sont évidentes. On ne sait encore quasiment rien d’eux, mais on est déjà attachés.

Ce début installe également une ambiance qui va osciller entre moments de bravoure, légèreté de certaines interactions – bien qu’elle ne soit que character designer, on constate la patte d’Arakawa avec un humour très proche de FMA – et de vraies séquences dramatiques. On sent que Moonrise n’a pas envie de n’être qu’une série de catalogue et qu’elle a la volonté de marquer les esprits.
2 / Refuser la simplicité
Après un épisode d’introduction qui se refuse d’être trop introductif, on pouvait s’attendre à ce que Moonrise ralentisse le rythme. Après tout, dix-huit épisodes, de nos jours, cela laisse largement le temps de ménager le spectateur. On ne cache pas notre étonnement de voir que le show n’a jamais ralenti le rythme et chaque épisode a considérablement fait avancer l’histoire et les protagonistes.

Rien que la narration évite le chronologique pour nous balader d’événement en événement, puis revenir en arrière pour nous révéler un détail clé de l’intrigue. Une direction qui permet de s’intéresser davantage aux personnages et à leurs sentiments en reliant passé et présent sur une seule séquence. On sent une maîtrise de bout en bout en dosant habilement les émotions et les différences de tons. Moonrise se refuse d’en garder sous le coude et on achève chaque fournée avec cette sensation d’en avoir eu pour notre argent, et pourtant cette furieuse envie d’en avoir davantage, comme une drogue. Une série addictive qui ne marque aucune pause.
3 / Récompenser le spectateur
La plus grande surprise vient vraiment du bon dosage des révélations. On s’est peut-être trop habitués à voir des séries ménager ses twists, ses éléments de réponses, afin de nous tenir sur la corde le plus longtemps possible, quitte à remplir superficiellement les trous au milieu. Un schéma que ne reproduit pas Moonrise, préférant répondre rapidement aux questions, mais sans forcer, dans la logique naturelle du récit.

Résultat : on n’a jamais cette sensation de remplissage ; on se prend des rebondissements en pleine poire alors qu’on commençait à peine à émettre des hypothèses. Plus d’une fois, on en vient à s’étonner de voir le show balancer une carte scénaristique qui aurait pu servir de conclusion dans un bon nombre d’autres productions, ici mise sur la table alors qu’on est à peine en train de profiter de l’entrée. Moonrise est visuellement riche, mais elle est également faite avec beaucoup d’intelligence et cette envie de ne pas trahir notre confiance, de soigner le fond et la forme jusqu’au bout. Viser la lune, ça ne lui a pas fait peur.
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