Si vous avez ouvert Prime Video ces derniers jours, vous n’avez pas pu louper Anaon, sans même avoir eu besoin d’y jeter un œil. Le service SVoD a particulièrement mis en avant la série française, dans une campagne promotionnelle à destination de ses abonnées. Une stratégie payante puisque le show de Bastien Dartois (En Terrasse, Panda) occupe actuellement la sixième place du Top 10, comme un bon indicateur du nombre de curieux ayant répondu présent.
De là à s’imaginer ce Top comme un bon indicateur de qualité… la présence de G20 à la première place répond à la question. On se devait donc de juger sur pièce si le show méritait sa position, avec néanmoins un certain intérêt, Anaon proposant une intrigue bercée par le folklore breton et une ambiance à la Stranger Things.
L’histoire d’Anaon en quelques mots
À Harz, ville fictive de Bretagne, Max, major de gendarmerie, et sa fille Wendy essaient de reprendre le cours de leur vie après la mort tragique de la mère de cette dernière, survenue un mois plus tôt dans des circonstances étranges. Rapidement, Max doit faire la lumière sur la disparition mystérieuse d’une jeune adolescente. De son côté, Wendy, de retour au lycée, va subir une série d’événements qui va l’amener à enquêter avec ses ami.es.
Max et Wendy vont aller de découverte en découverte, entre individus suspects, phénomènes surnaturels et des victimes retrouvées vivantes, mais comme dépossédées de quelque chose. Pas facilement de faire son deuil dans ces conditions.
Anaon ou Anaoff ?
On doit avouer avoir été agréablement surpris par l’entrée en matière d’Anaon. Bon, son inspiration américaine est évidente. On peut facilement remplacer tous les éléments par une fameuse série Netflix. Harz est un Hawkins breton et le coup des gosses rejouant le club des cinq sans l’assentiment des adultes, avec pouvoirs et créature d’un autre monde… Il serait fortement hypocrite de la part des auteurs de crier aux malheureuses coïncidences tant elles sont nombreuses.

On ne leur jettera pas la pierre. Les séries francophones voulant boxer dans la même catégorie que l’oncle Sam ne se comptent plus et il y a assez d’empreintes locales dans Anaon pour développer sa propre mythologie sans crier au plagiat. Le premier épisode pose une ambiance oscillant assez bien entre le thriller et le récit fantastique et les cinq épisodes suivant continueront à emprunter cette voie jusqu’à finir inévitablement par relier les points dans une conclusion laissant présager une seconde saison.
La série montre une certaine ambition, notamment au niveau des effets-spéciaux avec un monstre plutôt impressionnant visuellement, bien aidé par la mise en scène de David Hourrège. Le réalisateur a fait l’école dite « Gueules Noires » et sait que pour réussir l’effet horrifique d’une créature, il faut éviter de trop la mettre en pleine lumière, ni poser la caméra longuement dessus. Pour un show grand public, l’atmosphère est réussie avec des séquences épouvantables efficaces.
Le versant émotionnel du show, incarné par le duo Max et Wendy, est traité avec sincérité et on a droit à un vrai regard sur le deuil. L’enjeu des deux intrigues n’est pas tant la résolution de ces dernières (on y reviendra), mais comment le père et sa fille vont à nouveau s’ouvrir à l’autre et s’écouter. On est parfois dans le gros cliché, toutefois, on se prend au jeu par l’implication des acteurs, surtout la jeune Capucine Malarre.

On a beau éprouver de la sympathie envers Anaon, car elle cherche honnêtement à faire de son mieux, on ne peut nier son incapacité à pouvoir s’élever au-delà de la petite série charmante qui ne restera pas en mémoire. La faute à une mise en œuvre qui essaie beaucoup et ne réussit pas toujours. D’une scène à l’autre, on est ballottés entre un passage captivant et un rebondissement attendu, entre une séquence d’action bien filmée et une nervosité digne d’un épisode de Julie Lescaut. Un jeu d’acteur juste peut être mis au service d’un dialogue indigne, quand ce n’est pas l’inverse. La Bretagne elle-même n’est pas un théâtre d’opération spécialement employé hormis pour ses légendes. Bref, on balance entre le thriller fantastique solide et la production TF1 classique occupant une case horaire pour pas cher. On a beaucoup apprécié l’un quand l’autre nous a refroidis systématiquement.
Trop maladroite, Anaon ne devrait pas truster le Top 10 de Prime Video bien longtemps – et encore, on peut être surpris -, néanmoins, elle mérite de trouver son public pour son envie d’avoir envie et ses versants plus qualitatifs. Le genre de projet auquel on croyait peu, nous donnant raison plus d’une fois, mais qu’on a envie de soutenir sans avoir touché de chèque pour (contrairement à une croyance populaire). La plate-forme de streaming nous a déjà proposé des productions françaises bien moins appréciables ; et la liste est assez longue pour ne pas avoir à y inclure Anaon.
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