Nous étions sortis des trente premières minutes de Mortal Engines passablement emballés par le grand spectacle plein de promesses que nous délivrait cette production de Peter Jackson. En chapeautant le premier tome de la saga Mécaniques Fatales de Philipe Reeve, le papa du Seigneur des Anneaux avait les cartes en main pour signer, peut-être, LE blockbuster surprise de cette fin d’année. Et si, visuellement, nous étions déjà conquis, on attendait surtout de savoir ce que le film pourrait bien nous raconter.
Petit rappel des faits : environ mille ans dans le futur, la Terre, et plus particulièrement l’Europe, n’est plus qu’une vaste étendue désolée où les survivants se sont réunis au sein de Locomopoles, gigantesques villes mobiles qui se dévorent les unes et les autres pour s’accaparer les ressources. Une sorte de Mad Max (filiation obligée) où les véhicules sont à l’échelle d’une cité. Dans ce jeu mortel du traqueur et du traqué, la jeune Hester (Hera Hilmar) est en quête de vengeance et sur sa route, va croiser Tom (Robert Sheehan). Ainsi commence Mortal Engines.
Mortal Engines et sa mécanique usée…
Disons-le tout de suite, le point fort du long-métrage n’est pas à chercher dans son scénario. Ici, on comprend rapidement qu’on a affaire à du stéréotype de Young Adult, dont la littérature foisonne et qui a fait les beaux jours d’Hollywood il y a une décennie. Qu’il s’agisse de la relation entre nos deux héros ou du récit en général, on voit les choses arriver longtemps à l’avance et rares sont les événements qui parviendront à nous surprendre. Surtout quand une certaine séquence pompe allègrement du côté de Star Wars.
Le manque d’originalité scénaristique du film aurait encore pu passer – ce qui peut être le cas si vous êtes vraiment fans du genre – si on n’avait pas senti ce manque de maîtrise des différents éléments peuplant l’oeuvre originale. On vous rassure (ou pas), pas besoin d’avoir lu le travail de Reeve pour se rendre compte des maladresses narratives de Mortal Engines, notamment en ce qui concerne l’écriture des personnages. Ainsi, nombreux sont les seconds rôles a avoir été totalement sacrifiés, sûrement par manque de temps. On pense tout particulièrement à Katherine Valentine (Leila George) dont la présence ne parvient jamais à peser sur l’histoire ; ou Anna Fang (Jihae), personne qui aurait beaucoup de choses à dire, mais auquel le récit ne s’intéresse quasiment pas.
Le plus frustrant étant de voir qu’au final cet univers a un potentiel énorme que le script effleure plus d’une fois. L’utopie pacifiste, la métaphore animale, les leçons de l’Histoire, le système des classes, la guerre entre mégalopoles, etc… tous les ingrédients sont réunis pour ouvrir le débat autour de l’économie, de l’écologie, de la nationalisation et on sent que le métrage aimerait parfois aller dans cette direction. Sauf qu’il paraît prisonnier du genre auquel il appartient et n’insistera jamais ailleurs que sur ce qui reste le moins digne d’intérêt.
… néanmoins ambitieuse
Par contre, là où on ne peut rien reprocher à Mortal Engines, c’est dans ce qu’il met en scène. Les équipes techniques ont fait un travail colossal pour nous livrer un décorum steampunk comme on en avait encore jamais vu au cinéma. Chaque lieu visité possède un aspect, une personnalité qui le rend unique. Toutes les scènes comportent énormément de détails et la caméra de Rivers rend hommage à ce boulot de titan, surtout lorsqu’il s’agit de survoler une Londres mouvante et vivante, aussi bien humainement que matériellement. Non seulement c’est impressionnant, mais c’est aussi loin d’être paresseux. Autant on a pu se plaindre du manque de fraîcheur du scénario, autant on ne cache pas notre plaisir devant cet univers foisonnant visuellement. À ce niveau-là, on regrette presque de ne pas en avoir plus à se mettre sous la dent.
On espérait du grand spectacle et on en a eu ! De la première à la dernière minute, il se passe toujours quelque chose à l’écran. Mortal Engines ne manque ni de rythme, ni de moments épiques et nous offre quelques séquences à couper le souffle. Il y a sans conteste de la générosité dans le film produit par Peter Jackson qui conjugue direction artistique gourmande et effets-spéciaux d’une grande qualité. On ne s’ennuie pas ou peu et on en prend plein la vue.
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