Difficile de catégoriser Marvel 616. Cette série documentaire propose en effet huit épisodes (d’une durée variant entre 47 et 70 minutes) indépendants les uns des autres. Au final, elle ressemble plus à une collection de films traitant chacun d’une thématique particulière. Pêle-mêle, on peut en apprendre plus sur le rôle des femmes et des super-héroïnes, y découvrir des personnages inconnus, oubliés et ressuscités ou encore voir comment Marvel recrute les talents étrangers à l’origine de nouveaux héros comme Spider-Man Miles Morales. Si chaque partie a été traitée par un réalisateur différent, on note une certaine unité de la mise en scène, inhérente au genre choisi (le documentaire). On retrouve les protagonistes se remémorant des séquences-cultes, égrenant souvenirs et anecdotes dans un ordre chronologique rendant le propos facile à suivre. L’écueil principal de ce type de docus est bien souvent d’être trop langue de bois et de verser dans l’autocongratulation. Dans Marvel 616, il n’en est rien. Les scénaristes, dessinateurs et éditeurs évoquent leur succès comme leurs échecs avec une vraie impartialité, une rigueur et une bonne dose d’autodérision quand le sujet s’y prête. En règle générale ils n’en font pas des tonnes et cela rend le visionnage très agréable.
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La série fait la part belle aux couvertures inconnues, aux héros malchanceux qui n’ont vécu que quatre aventures. D’autres, comme le raconte le quatrième film, ont été exhumés des limbes pour effectuer une retour gagnant à l’image de Black Panther. Au rayon des curiosités, le premier épisode se focalise sur l’histoire du Spider-Man japonais. Marvel cherchait alors à diffuser ses comics au pays du manga. L’éditeur noue un partenariat avec la Toei Company, connue pour ses dessins animés et séries à base de robots. Elle a réalisé une série de 41 épisodes réservés à l’archipel nippon qui ressemble, ni plus, ni moins, à un « sentai » (Power Rangers et consorts) avec Spidey en héros principal. Le résultat, bien loin des standards occidentaux, avait tout de même réussi à séduire Stan Lee.
La partie consacrée à la part des femmes dans l’univers des comics se révèle d’une rare acuité. Elle aborde tant les faits historiques que démographiques et présente des bande-dessinées des années 40 et 50, aujourd’hui disparues. Elle nous fait connaitre de nouvelles artistes et scénaristes, qui poussées par l’émancipation féminine s’imposent dans ce milieu masculin et osent proposer des super-héroïnes loin des canons hollywoodiens. Squirrel Girl affiche des courbes plus marquées que ses consœurs. Ms Marvel est la première super-héroïne musulmane et voilée. Marvel fera d’ailleurs appel à l’écrivaine américaine G. Willow-Wilson, musulmane militante, pour concevoir le scénario, les dialogues, l’univers et les personnages secondaires de Ms Marvel. Celle-ci s’attendait à recevoir des messages d’indignation et d’insultes, ce fut tout le contraire…
Tourné à la manière d’un thriller, un des documentaires nous fait vivre toute l’histoire d’Iron Man 2020, des première bribes de l’intrigue jusqu’à la livraison en librairie et les signatures de dédicaces de Dan Stoll. On y découvre la « méthode Marvel ». Cette séquence dévoile toutes les étapes de la fabrication et devrait ravir les fans. De la même manière, un des films s’attache à Marvel Spotlight. Il s’agit de pièces de théâtre à destination des lycéens américains qui mettent en scène les super-héros. Ils sont utilisés par les professeurs d’art dramatique à travers tout le pays. Ils expliquent que pour leurs élèves, il est plus facile de se reconnaitre dans Magneto, Mordoc, Squirrel Girl ou Ms Marvel qu’en Roméo, Juliette ou Othello. Dédiée aux fans de comics en général et aux amoureux des héros Marvel, cette série est une véritable mine d’informations, de secrets de fabrication et presque tous les épisodes recèlent des pépites visuelles inédites. On regrette juste le film sans intérêt consacré au cosplay. Seules les cinq premières minutes valent le coup d’œil, on y apprend la genèse du mouvement. Le reste suit des cosplayers qui se rendent au Comic Con de New York, le tout entrecoupé d’interventions de psychologues qui alignent les poncifs. On peut zapper la conscience tranquille.
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