En 2017, douze ans après la première adaptation cinématographique avec Robin Williams du livre pour enfants “Jumanji” de Chris Van Allsburg, sortait une suite inespérée, Jumanji : Bienvenue dans la Jungle. Véritable carton au box-office (960 millions de dollars à travers le monde), cette suite directe au film de 1995 formait un savant mélange entre Tron (Steven Lisberger, 1982) et Tonnerre sous les Tropiques (Ben Stiller, 2008), avec de l’action et de la comédie grand public. Pour mémoire, après les événements du premier opus, un jeune garçon obtient le fameux jeu de plateau ensorcelé comme cadeau. Celui-ci le rejette jusqu’à ce qu’il se transforme en cartouche de jeu-vidéo. Tenté par cette version modernisée du Jumanji, le garçon tombe dans son piège. Vingt ans plus tard, un quatuor de lycéens – Spencer (Alex Wolff), Fridge (Ser’Darius Blain), Bethany (Madison Iseman) et Martha (Morgan Turner) – trouve la console en heure de colle, y insère la cartouche du jeu Jumanji pour y jouer et se font aspirer à leur tour dans l’univers du jeu.
Pour la première fois (en dehors de la série animée éponyme), l’intrigue se déroulait dans le monde luxuriant et impitoyable de Jumanji. Chacun des adolescents y jouait un personnage du jeu, doté de trois vies : le Dr. Bravestone, le meneur (Dwayne Johnson), Franklin Finbar le zoologiste (Kevin Hart), le cartographe Shelly Oberon (Jack Black) et Ruby Roundhouse (Karen Gillian), une experte du combat rapproché. Finir le jeu avant d’épuiser toutes leurs vies suffisait à conjurer la malédiction. Sans casser trois pattes à un canard (ou à une autruche ?), cette première suite avait le mérite d’innover et de proposer un concept intéressant de mise en abyme, lequel menait de plus à des situations surréalistes et cocasses entre les personnages.
Une suite inutile ?
Jumanji : Next Level reprend les principes énoncés dans le précédent film et force ses personnages à replonger dans la jungle virtuelle à nouveau pour sauver l’un d’entre eux – ou plutôt, à rejouer au même jeu. Spencer, mal dans sa peau, veut se redonner confiance en retournant dans la peau du grand et fort Bravestone. Cependant, rien ne se passe comme prévu. Spencer ne se retrouve pas dans la peau de The Rock et ses amis, à l’exception de Martha, suivis par deux nouveaux personnages – Eddie (Danny DeVito), le grand-père de Spencer, et son ancien ami Milo (Donald Glover) – ne retombent pas non plus dans les mêmes enveloppes corporelles. Pour le reste : rien de nouveau sous le soleil. Comme dans le précédent opus, le monde de Jumanji – qui gagne ici des monts enneigés et des oasis au milieu du désert – n’a toujours rien de dangereux et menaçant, comme son invasion dans notre monde nous le laissait penser dans le film de 1995. Même les célèbres tambours de Jumanji y sont moins effrayants.
Le système des trois vies par personnage est simple et très bien rappelé dans cette deuxième suite. Cependant, il n’a aucune réelle conséquence et surtout, à la différence du précédent Jumanji, il n’a aucune influence sur l’intrigue. Résultat : le spectateur ne ressent jamais ne serait-ce qu’une once de peur pour les protagonistes. Les forces et les faiblesses, établies pour chaque personnage de l’équipe (comme dans un RPG ou un jeu de rôle), ne jouent pas non plus. Par exemple, la force surhumaine du Dr. Bravestone (entre les mains du personnage d’Eddie) en devient tellement ridicule que même celle d’Astérix et Obélix semble sortir davantage de l’ordinaire en comparaison. De même, la seule faiblesse de Bravestone (absente du premier opus) est expédiée presque instantanément et ne joue plus aucun rôle par la suite. Au moins, quand Astérix est à court de potion magique, on sait que l’heure est grave !
Un pas en avant, deux pas en arrière
Le film peine à conquérir son public à tous les autres niveaux. L’aspect comique oscille entre un humour trop bas du front pour des adolescents et trop vulgaire pour des enfants. Côté action, rien ne révolutionne le genre, rien n’excelle et rien ne sort de l’ordinaire. Même les hommages parodiques à des classiques du genre comme le premier Mission : Impossible (Brian De Palma, 1996), la saga Indiana Jones – références déjà vues et revues,– ou à Tomb Raider tombent à l’eau. Les brefs moments d’émotion ne permettent pas au public de s’attacher aux personnages ni ne renforcent les enjeux tant ils sont tous tournés en dérision, même involontairement. Lorsque deux personnages en couple discutent sérieusement de l’état de leur relation, c’est en prenant une pause à flanc de glacier en pleine escalade. Quand un personnage dit adieu à son meilleur ami, c’est quand ce dernier est un cheval qui parle en hennissant ! Même l’idée du mélange des personnages n’est pas assumée, malgré les diverses occasions d’en tirer parti. Chacun reprend finalement son personnage initial dans une scène au ralenti faussement épique à base de « Welcome To The Jungle » des Guns N’Roses. C’est peut-être un mal pour un bien d’ailleurs, compte tenu du surjeu de Dwayne Johnson en Danny DeVito et de Kevin Hart en Donald Glover … En somme, Jumanji : Next Level est une reprise automatiqueet sans énergie de n’importe quel film d’aventure ou d’action-comédie déjà existant.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.
22 ans après la sortie du premier opus (1995 et non pas 2005…)