Alors qu’il prépare activement la suite de son Gladiator, Ridley Scott, réalisateur qu’il n’est plus nécessaire de présenter, continue d’occuper nos salles obscures. Et après avoir brillamment prouvé qu’il restait un grand monsieur avec son Dernier Duel, le voilà changeant de registre – mais pas d’Adam Driver – à peine quelques semaines plus tard (du moins en terme de date de sortie). House of Gucci nous embarque dans une sombre affaire d’argent et de trahison au sein de la prestigieuse maison du luxe.
À la fin des années 70, la maison Gucci est reconnue dans le monde entier, mais commence à montrer des signes de fatigue. Rodolfo et son frère Aldo vieillissent et ne savent plus comment redresser la barre. Paolo, le fils d’Aldo, est un homme limité qui se rêve styliste et Maurizio, le fils de Rodolfo, n’aspire qu’à devenir avocat, loin du business familial. Mais lorsque ce dernier rencontre Patrizia Reggiani, son avenir et celui de toute la maison Gucci va prendre des chemins que nul ne pouvait imaginer…
Comme tout film s’inspirant d’une affaire dont on connaît déjà la conclusion, l’important n’est pas tant l’atterrissage que la chute. Scott nous embarque ainsi dans un jeu de dupes pour la conquête du trône où on s’intéresse davantage au pourquoi et au comment qu’à la finalité tragique connue de tous. Une guerre d’alliance et de tromperie familiale qui n’a rien à envier à Game of Thrones, à ceci près qu’ici, la plume est plus forte que l’épée.
Le théâtre tragi-comique de Ridley Scott
Lorsqu’on veut transformer la réalité en fiction, il faut parvenir à lui donner une cohérence afin de ne pas perdre son spectateur au sein du chaos qu’est la vie. Néanmoins, Ridley Scott préfère épouser entièrement la folie de la réalité dans un long-métrage joyeusement bordélique. Est-ce que le destin des Gucci en devient trop drôle pour être tragique, ou est-il trop tragique pour en rire ? Le metteur en scène brille par son sens visuel, mais ne donne aucune direction à sa narration, volontairement ou non.
On navigue ainsi entre des éléments d’humour noir qui ne s’échappent jamais de leur prison du premier degré. Souvent, House of Gucci côtoie franchement les bords de la comédie pure, se moquant ouvertement de ses comédiens, mais sans jamais désirer en épouser le genre. De l’autre, ceux sont les faits dramatiques qui donnent le la. Loin de se mélanger naturellement comme ce fût le cas pour Parasite par exemple, ces deux aspects semblent ici se repousser l’un l’autre. On apprécie chaque facette, malheureusement distinctement.
Une dualité qui se retrouve dans la galerie de personnages. Lady Gaga vampirise chacune de ses scènes dans la peau d’une Patrizia manipulatrice et joueuse lorsque Jared Leto personnifie le guignolesque des choses dès qu’il ouvre la bouche. En face, Adam Driver joue le contre-poids sérieux, sans un bord de chemise qui dépasse. Tous sont excellents dans leur rôle, sauf qu’ils semblent jouer chacun dans une pièce de théâtre différente. Accents italiens appuyés, Lady Gaga et Jared Leto s’amusent dans leur surjeu, confrontés à la sobriété de leurs partenaires. On en vient à se demander si le problème vient de ceux qui en font trop ou de ceux qui n’en font pas assez. Il n’y aurait qu’Al Pacino pour parvenir à jouer sur les deux tableaux. Mais c’est Al Pacino.
Un manque d’alchimie qui entache inévitablement la crédibilité d’un long-métrage pourtant solide sur chacun de ses aspects, là encore seulement si on réussit à faire abstraction de leurs contraires. Scott, qui n’est pas connu pour ses films comiques, ne parvient pas à laisser la folie s’échapper (difficile d’imaginer le réalisateur se renouveler à 83 ans…) alors qu’il suffirait parfois d’un rien pour que le métrage y excelle. En face, les rebondissements dramatiques sont conduits d’une main de maître, mais un élément nous empêchera toujours de prendre ça entièrement au sérieux. Un film perturbant…
On en finit par abandonner tout espoir qu’House of Gucci nous emmène réellement quelque part, trouvant même le trajet particulièrement long (2h40 mine de rien), surtout lorsqu’il se fait en compagnie d’un conducteur schizophrène. Et si on en sort avec aucun goût désagréable en bouche, on ne peut nier l’absence de mariage des saveurs qui transforme un plat gastronomique en assiette banale.
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Belles images mais pas de réalisation incroyables avec des plans mémorables, je vois pas ce qu’a apporté Ridley Scott.
Bons acteurs, sans aucun doute, il a pris un coup de vieux Al Paccino!
Histoire sordide, bien racontée mais longue, trop longue, le film méritait 30 min de moins. Je me suis vraiment ennuyé, ma compagne aussi.
Bref un film aussitôt vu, aussitôt oublié.