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Fans des serial killers ? Cette série devrait satisfaire votre obsession

Le succès monstre des anthologies Netflix autour des serial killers ayant réellement sévi n’ont fait que confirmer notre certaine appétence pour le genre du « True Crime ». Et Happy Face sur Paramount+ entend enfoncer le clou.

L’affection du public pour le True Crime n’est plus à prouver. Que ce soit dans les pages du magazine Détective, dans la bouche de Christopher Hondelatte sur le plateau de Faites entrer l’accusé, ou au travers de multiples œuvres comme Mindhunter, le Serpent ou l’anthologie Netflix Monstres avec Dahmer et les Menendez, on se fascine pour ces histoires criminelles vraies. Avec Happy Face, Paramount+ remet une pièce dans la machine, en tentant malgré tout de changer notre perception de la chose.

Le show est tiré du podcast du même nom, tenu par Melissa Moore, la fille de Keith Hunter Jesperson, un tueur en série qui a fait plusieurs victimes dans les années 90, dont huit officielles. Il a été surnommé Happy Face en raison des smileys souriants qu’il laissait dans les lettres qu’il envoyait aux médias. La production de Paramount+ raconte l’histoire de Melissa en s’inspirant à la fois de son podcast et de son livre en mettant l’accent davantage sur comment on parvient à se reconstruire en étant « fille de » que sur son meurtrier de père.

Que raconte Happy Face ?

Melissa Moore (Annaleigh Ashford) s’apprête à fêter les quinze ans de sa fille, Hazel. Celle-ci reçoit parmi ses cadeaux une lettre avec un étrange dessin, que Melissa reconnaît immédiatement. L’expéditeur n’est d’autre que son père avec qui elle a complètement coupé les ponts depuis que ce dernier est enfermé à perpétuité pour le meurtre de huit personnes. Aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, Melissa a changé de nom et est maquilleuse au sein d’une émission, The Dr. Greg Show, qui offre des conseils pour se sentir mieux au quotidien. Elle a laissé le passé derrière elle et seul son mari est au courant de son ascendance.

Happy Face (1)
© Paramount

Sauf que Keith Hunter Jesperson (Dennis Quaid), surnommé par la presse Happy Face, n’a pas oublié sa fille. Il parvient à rentrer à nouveau en contact avec elle par l’intermédiaire du Dr. Greg. Il annonce vouloir confesser une neuvième victime, mais seulement face à Melissa. Obligée d’avouer son passé à son employeur, elle se rend aux côtés de la productrice du show à la prison pour être à nouveau confrontée à l’homme responsable de ses traumatismes.

Une vision originale du True Crime

Contrairement à beaucoup d’exemples de True Crime cités précédemment, Happy Face se démarque de la concurrence en jouant la carte du rapport aux victimes. Dans leur grande majorité, les productions ont tendance à vouer une certaine fascination, voire admiration, pour les histoires vraies des serial killers en mettant ces derniers au centre du récit, créant ainsi une sorte de lien malsain entre le public et de véritables meurtriers. Une habitude que le show de Paramount+ prend à contre-pied en recentrant sa narration quasiment uniquement sur Melissa. Jesperson apparaît bien à l’écran, mais c’est sa fille le moteur de l’intrigue.

L’enjeu n’est pas de s’intéresser à l’acte, mais au traumatisme que celui-ci à provoquer. Comment se reconstruire lorsqu’on a vécu au plus près du tueur et que la vérité de l’abomination lutte constamment avec le souvenir du père aimant ? Pire, et si les ténèbres de l’homme étaient héréditaires ? Happy Face porte aussi le regard sur les autres victimes, collatérales, sur celles et ceux qui ont perdu une mère, un frère… D’une certaine manière, la série nous rappelle Adolescence sur Netflix (un coup de cœur de l’année).

Happy Face (2)
© Paramount

Annaleigh Ashford et Dennis Quaid rejouent au Silence des Agneaux

Plus habituée des seconds rôles et des planches de Broadway, Annaleigh Ashford prouve qu’elle peut tenir un premier rôle de cette profondeur. Quant à Dennis Quaid, il joue l’équilibriste entre la fausse figure du père soucieux et d’une sorte de Joker dont le sourire cache tromperie et malice. C’est lorsque les deux se retrouvent que la série dévoile ses meilleures scènes et permet à son propos de marquer les esprits.

Des moments où on remet en question de ce que l’on sait et comment notre mémoire peut trafiquer nos souvenirs, entre ce que l’on pensait savoir, et ce dont on voulait se convaincre malgré les indices. Où s’arrêtait le père et où commençait le tueur ? Quant à Jesperson, il est ce mélange de pathétisme, d’obsession et de contrôle, confondant affection et manipulation.

Une fiction trop longue pour rester Happy

Malgré de bonnes intentions, il est compliqué pour Happy Face de tenir la distance. La faute à un scénario qui veut absolument se montrer plus ambitieux qu’il ne devrait en naviguant entre réalité et fiction. Au-delà de ses questions existentielles, Melissa se retrouve à mener l’enquête enfin d’empêcher à un homme la condamnation à mort pour un meurtre commis par son géniteur. Une partie du récit totalement inventée qui permet au show de rajouter plusieurs couches d’intrigues et de rebondissements.

Malheureusement, cette même partie est loin d’être captivante avec ses ficelles vues maintes et maintes fois et qui rallonge la série trop inutilement. Happy Face aurait pu être un film solide, mais le récit a préféré se découper en huit épisodes de quasiment une heure. Ce qui a pour effet de multiplier les séquences inutiles, comme une sous-intrigue adolescente autour de Hazel. Justifiant trop artificiellement sa durée, il devient pénible de parvenir au bout de la série qui se paie même le luxe de nous appâter avec une saison 2. Happy Face est un True Crime qui gagnait tout à rester dans le True, mais qui a cédé aux sirènes du faux crime. À réserver donc aux fans purs et durs du genre en manquent de leur dose hebdomadaire.

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