C’est seulement le deuxième film de Skydance Animation, studio fondé en 2017 par Skydance Media avec la ferme intention de s’illustrer aux côtés des écuries légendaires telles que Pixar, Disney Animation ou encore Dreamworks. Après un film chez Apple TV+, baptisé Luck et n’ayant pas profité d’une visibilité suffisante, c’est sur Netflix que l’entreprise américaine s’invite. Elle n’a pas fait les choses à moitié puisqu’elle s’offre les services de Vicky Jenson pour faire éclore son aventure familiale teintée de fantasy. La réalisatrice compte la naissance de la saga Shrek parmi ces nombreux faits d’armes, elle avait travaillé sur les premières aventures de l’ogre vert aux côtés d’Andrew Adamson en 2001. Cette fois-ci, pas de Fort Fort Lointain, de marais et de dragons, il s’agira de suivre une petite fille touchée par un maléfice sournois.
De quoi ça parle ?
Depuis un an, les parents d’Ellian sont devenus des monstres. La nouvelle condition du Roi et de la Reine d’Umbria est cachée au peuple, mais le Royaume ne pourra rester plus longtemps sans véritables dirigeants. À tout juste 15 ans, Ellian pourrait être propulsée sur le trône bien plus vite que prévu. Mais avant, elle entame un voyage de la dernière chance à la recherche d’un remède. Aux côtés de ses parents monstrueux, l’adolescente va découvrir que la vie familiale n’est jamais un long fleuve tranquille.
Notre avis
Dire que l’on attendait cette nouvelle production est un doux euphémisme. Vicky Jenson a participé à la création d’un des univers d’animation les plus enthousiasmants du début du siècle, la voir explorer de nouveaux horizons avait de quoi nous réjouir. Mêlant fantasy et quête initiatique, Ellian et le Sortilège avait su piquer la curiosité des spectateurs au travers de sa bande-annonce. Son univers coloré, vibrant et riche promettait de faire recette. Ce sentiment se confirme à la découverte du métrage qui ne manque pas de charme et d’inventivité.
Dans les intérieurs détruits d’un château, maltraités par ses souverains peu dociles, dans les recoins d’une forêt dangereuse, Ellian et le Sortilège profite d’un travail minutieux des équipes d’animation. Le film joue avec les textures, la lumière et les couleurs pour rendre le royaume d’Umbria vivant. La magie du film d’animation se trouve dans ses détails. C’est particulièrement vrai concernant les personnages fantastiques qui ponctuent le récit, lorsque l’on voit le cœur d’un rongeur battre à toute allure dans un plan serré ou que le film s’attarde sur les fourrures colorées des monstres qui accompagnent l’héroïne. Pour le design des humains en revanche, ce n’est pas la même créativité qui semble avoir été motrice. De ses yeux démesurés à ses traits, Ellian pourrait tout aussi bien être issue de l’écurie Disney. Il lui manque un peu de caractère pour pleinement nous séduire, pour donner à Skydance Animation une occasion de prouver sa singularité.
Une histoire qui a du charme, mais qui manque de cœur
Outre cette copie visuelle déjà plutôt engageante, Ellian et le Sortilège surprend par ses choix narratifs. Après une mise en marche un peu longue, le temps pour les scénaristes de poser les bases de cette aventure, le film se révèle être un récit initiatique efficace… mais qui reste parfois trop dans les clous. Le film matérialise les ravages de la colère et la rancœur au travers d’une scène dans un tunnel magique, mais se contente de cette courte séquence avant d’avancer vers d’autres enjeux. L’on aurait sans doute préféré que l’histoire s’attarde un peu plus sur les relations de cette famille meurtrie, certains éléments ne profitant pas de la place nécessaire pour s’épanouir. Même les musiques composées par Alan Menken ne parviennent pas à ajouter du relief à cette proposition animée. Reste qu’Ellian et le Sortilège trouve un peu de lumière dans une conclusion émouvante.
Ellian et le Sortilège n’a pas le charme et l’humour ravageur de Shrek, mais s’impose comme un plaisant divertissement familial. La production de Skydance Animation est encore un peu verte, son catalogue doit mûrir pour véritablement s’émanciper d’un genre formaté par Mickey depuis maintenant un siècle. On retrouve d’ailleurs ici quelqu’un des marqueurs des dernières années Disney, un acolyte tout mignon, des propositions chantées qui manquent de panache et une propension à ne pas y aller franchement dans l’exploration des thématiques abordées. Ellian et le Sortilège aurait eu tout à gagner à être plus franc dans sa volonté d’illustrer des événements capitaux dans le passage à l’âge adulte. Sans en dire trop, Rebelle réussissait mieux dans le domaine. Ce nouveau film aurait presque pu nous envoûter de la même manière.
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