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Drogues, meurtres et drogues… pourquoi vous devriez prendre une dose de la série Dope Thief ?

Les résultats financiers d’Apple TV+ ont beau faire grise mine, cela n’empêche pas la plate-forme d’être devenu le nouvel Eldorado des amateurs de séries qui privilégient la qualité à la quantité. Dope Thief en est une nouvelle preuve.

Si vous nous lisez régulièrement, vous n’êtes pas sans savoir qu’ici, on a tendance à apprécier le contenu produit par la plate-forme de streaming de la pomme croquée. Même sur des projets extrêmement perfectibles comme The Gorge ou la saison 2 de Silo, on a toujours le sentiment d’assister à une vraie proposition, adroite ou maladroite, et non à une commande de catalogue. C’est pour cela qu’on vous conseillera toujours, jusqu’à ce qu’une exception vienne confirmer la règle, de jeter ne serait-ce qu’un œil à ce que met en ligne Apple TV+. Et c’est encore le cas avec Dope Thief, nouvelle série en huit épisodes signée Peter Craig (The Batman, The Town) avec un certain Ridley Scott à la production et à la réalisation du premier épisode. Nous allons revenir en détails sur le pourquoi du comment, mais d’abord, un peu d’histoire.

Dope Thief est une série inspirée du roman de Dennis Tafoya se déroulant dans les rues de Philadelphie. Oui, comme Sur Écoute. Ray et Manny ont une combine qui sert d’ouverture au show : se déguisant en faux agents de la DEA, ils opèrent des descentes dans les maisons de petits dealers afin de récupérer argent et drogue. Ils peuvent ensuite revendre le tout à des sortes de commanditaires. Un plan en apparence infaillible qui marche notamment grâce à ce que Ray appelle « la voix de commandement », soit une manière de s’imposer immédiatement comme la figure d’autorité qui ne laisse pas le choix à sa victime, influençant ses certitudes.

Contrevenants à leur périmètre d’action, ils sont mis sur un coup dans une petite maison isolée dans la banlieue proche de Philadelphie. Mais il s’agissait en réalité d’un lieu choisi pour être le point névralgique d’un trafic réunissant cartel mexicain, gang de motards suprémacistes et un mystérieux individu. Tous vont désormais se mettre à poursuivre Ray et Manny, y compris une véritable agent de la DEA, gravement blessée alors qu’elle était infiltrée.

1 – Peter Craig et Ridley Scott…

… ne sont pas des arguments. On vous parlait tantôt de projets perfectibles et Dope Thief rentre pleinement dans cette catégorie. Pour Ridley Scott, c’est facile ; non seulement sa présence en tant que producteur exécutif n’a jamais été un gage de qualité établi, mais sa place sur la chaise de réalisateur du premier épisode peut être largement remise en question tant rien dans ce dit épisode ne contient sa marque. Pour qui n’aurait pas été attentif au nom du metteur en scène au générique, aucun élément ne viendra vous mettre la plume à l’orteil.

Quant à Peter Craig, bien que l’on ressente toute son expérience passée à écrire des histoires de petits criminels, jamais Dope Thief ne sortira particulièrement des clous. D’autant qu’on a souvent l’impression que l’homme se trompe de sujet dans sa manière d’aborder son récit. La combine de nos deux braqueurs est trop vite expédiée pour tourner en rond autour d’une chute apparemment sans fin et la naissance de l’amitié entre Ray et Manny méritait bien plus que deux flashbacks d’une minute. Une mauvaise direction prise davantage ressentie en deuxième partie de saison (on y reviendra) où le show va souffrir de facilités scénaristiques grossières pour créer une montée en tension superficielle. On va jusqu’à la fin sans contrainte, mais avec une forte impression de déjà-vu avec tous les shows du même genre qui ont précédé.

Dope Thief
© Apple TV+

2 – Brian Tyree Henry (et Wagner Moura)…

est la meilleure raison de regarder Dope Thief. L’acteur de Les Éternels, Bullet Train et surtout Atlanta continue de prouver son talent et il survole, ici, toute la distribution. Figure centrale du show, il est non seulement capable de provoquer une émotion même avec une scène en apparence anodine, mais il occupe l’espace au point où son silence devient créateur de mille expressions. C’est grâce à lui que le show tient jusqu’au bout et on regrette parfois que le scénario s’attarde trop longtemps loin de lui, car c’est justement dans ces moments que ses failles se font plus visibles.

Bien qu’il ait intégré le casting un peu en dernière minute, suite à un désaccord avec son prédécesseur, Wagner Moura, révélation de Narcos et excellent dans le récent Civil War, parvient à créer une belle alchimie avec Brian Tyree Henry. Leur relation est au cœur du récit et c’est dans leurs points de rupture que la série raconte réellement quelque chose. Dommage de voir Peter Craig ne pas l’exploiter davantage.

Dope Thief (1)
© Apple TV+

3 – Dope Thief est à voir, au moins au début

Telle une addition, les deux points précédents nous amène logiquement à cette conclusion : Dope Thief mérite qu’on lui laisse sa chance, notamment parce que la première partie de la saison prend les meilleures directions et nous donne les plus belles scènes. Personne ne vous en voudra d’abandonner en cours de route, la diffusion hebdomadaire permettant néanmoins de se laisser porter plus facilement (nous avons enchaîné les épisodes de notre côté, accentuant le sentiment de lourdeur par moment).

Dope Thief (2)
© Apple TV+

Dope Thief fait partie de ces séries qui se sont vues trop grosses, trop rapidement, à l’image d’une conclusion entre deux eaux, et qui gagne lorsqu’elle sort des sentiers battus et qu’elle laisse ses deux acteurs principaux faire le show. Elle possède autant de raisons de l’apprécier que de la mettre de côté. Comme dirait notre grand-mère, il faut d’abord goûter le plat avant de dire qu’on n’aime pas. Alors écoutez grand-mère et goûtez Dope Thief.

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