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Détective Conan : La fiancée de Shibuya, une nouvelle enquête explosive

Pour son 25e films d’animation, Détective Conan sort de sa zone de confort, mais peine à nous offrir le dénouement explosif qu’on attendait.

Shinichi Kudo rempile pour une nouvelle enquête. Moins d’un an après The Scarlet Bullet, Détective Conan est de retour dans les salles obscures avec La Fiancée de Shibuya, une nouvelle aventure inédite en France, sur fond de société secrète et de tueur en série implacable. Un vingt-cinquième long-métrage signé Susumu Mitsunaka, qui brille par ses bonnes idées, mais peine à trouver sa conclusion. Critique.

Conan pour petits et grands

Avec 25 longs-métrages et plus de 1000 épisodes au compteur, Détective Conan embarque avec lui un héritage dantesque. Pour éviter de perdre son public dès les premières minutes du film, La Fiancée de Shibuya mise sur la sécurité, et brise le quatrième mur pour nous offrir une piqûre de rappel sur l’univers de Gosho Aoyama. L’exercice aurait pu être rébarbatif, mais c’était sans compter sur la maîtrise de Susumu Mitsunaka : en plus d’être nécessaire, la séquence destinée à introduire un à un les personnages et leur backstory brille par ses partis-pris narratifs et graphiques. L’occasion pour les novices de (re)découvrir Ran, l’inspecteur Megure et toute la clique des détectives junior, tandis que les plus observateurs s’amuseront des références meta à l’œuvre originale.

Car des personnages, il y en a dans Détective Conan. En plus des visages récurrents qui accompagnent Shinichi dans la série animée, La Fiancée de Shibuya est aussi l’occasion de rencontrer Rei Furuya, l’un des membres de la police secrète infiltré chez les Hommes en noir sous le pseudo de Bourbon. Les fans les plus assidus auront dû attendre l’épisode 667 pour le découvrir pour la première fois ; pour celles et ceux qui se seraient contentés des premières saisons disponibles sur les plateformes de SVOD, il y a fort à parier que le policier soit un parfait inconnu. Aidés par le bureau d’investigation du département de la police métropolitaine tokyoïte, Conan et ses amis vont une nouvelle fois risquer leur vie pour élucider une série d’attentats meurtriers.

Alors que les décorations d’Halloween ont envahi les rues de la ville, Conan assiste la détective Sato dans les préparatifs d’un mariage sous haute surveillance. Une série d’attaques va pourtant compromettre la cérémonie, et raviver le douloureux souvenir d’un attentat meurtrier survenu trois ans plus tôt. On n’en dira pas davantage pour ne pas spoiler l’intrigue. Une fois de plus, le petit détective se retrouve au cœur d’une nouvelle enquête cauchemardesque. Cette fois, il devra pourtant avancer à visage découvert pour démasquer un mystérieux poseur de bombe connu sous le nom de Plamya. Privé de Kogoro, Conan pourra heureusement compter sur le soutien de Rei Furuya, mais aussi sur l’aide toujours volontaire de Genta, Mitsuhiko et Ayumi.

Sombre Halloween pour Conan

Alors que The Scarlett Bullet s’offrait des airs de film d’action hollywoodien, La Fiancée de Shibuya opte pour une ambiance radicalement différente, beaucoup plus sombre et pesante. Il faut dire que malgré une sortie en mai dans les salles françaises, c’est à Halloween que se déroule l’histoire de vingt-cinquième long-métrage. Au scénario, on retrouve un habitué du genre. En plus d’avoir œuvré sur plusieurs épisodes de la série animée et deux longs-métrages (Le Saphir bleu et La Lettre d’amour pourpre), Takahiro Okura est aussi un auteur de roman policier à succès sur l’archipel nippon.

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© Eurozoom

À la réalisation, Susumu Mitsunaka aussi fait des merveilles. Sans égaler le brio des studios Mappa sur le récent Jujutsu Kaisen 0, TMS Entertainment réussit à jouer sur les mouvements et les effets de surprises tout au long du film. On n’en attendait pas moins de l’homme derrière l’adaptation du shonen sportif Haikyū.

Visuellement, La Fiancée de Shibuya s’impose comme un drame psychologique pesant et sombre, au rythme maîtrisé. Le ton se veut plus mature, et on ne boude pas notre plaisir. Avec Plamya, Conan semble enfin avoir trouvé un adversaire à sa mesure. Le poseur de bombe est terrifiant, implacable, et semble toujours avoir un coup d’avance sur la police. Associé à une mystérieuse organisation secrète russe aux objectifs nébuleux, le grand méchant avait toutes les cartes en main pour s’imposer comme l’un des antagonistes les plus charismatiques de la franchise.

L’ombre de Plamya

Plamya avait tout pour permettre à ce vingt-cinquième film d’exploser au box-office. Pendant plus d’une heure, le poseur de bombe instille les indices et nous promet un dénouement de très haut vol. Dommage, la chute n’en est que plus rude. Malgré de très bons ingrédients de départ, le charisme de Plamya s’envole une fois son identité révélée. Sans en dire trop, le dénouement détonnant qu’on espérait est finalement assez convenu, et se dégote un deus ex machina final très beau visuellement, mais scénaristiquement faiblard.

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© Eurozoom

C’est d’autant plus frustrant que Plamya avait un énorme potentiel. Sous son masque inspiré de l’Europe du XVIIe siècle, le méchant se révèle finalement assez vide. Son identité révélée à la va-vite et son manque de profondeur font l’effet d’un pétard mouillé. Le personnage n’a ni passé, ni même de motivation susceptible de justifier ses actes. Si la plupart des personnages secondaires s’offrent une backstory plutôt efficace, lui y échappe complètement. Le film trouve heureusement sa justesse dans le personnage d’Yelenika. La jeune femme nous offre une dimension dramatique qu’on n’attendait plus, et porte à elle seule une bonne partie de l’émotion de l’anime. Un coup de maître, surtout pour un personnage inédit dans le lore Détective Conan.

Que les fans se rassurent : malgré ses impairs, La Fiancée de Shibuya est loin d’être un calvaire. En se détachant du traditionnel fan service pour tenter une relecture plus originale, Susumu Mitsunaka assume un parti-pris affirmé, quitte à faire quelques erreurs. Malgré son cruel manque de profondeur, le film conserve l’ADN de la saga originale, et reste un très bon divertissement, auquel on finit par pardonner les maladresses.

Détective Conan : La fiancée de Shibuya sortira le 18 mai 2022 au cinéma. En attendant, les premières saisons de la série animée sont d’ores et déjà accessibles sur Netflix et Amazon Prime Video.

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Notre avis

Avec l’envie de proposer une relecture sans doute plus sombre et mature que The Scarlet Bullet, La Fiancée de Shibuya s’offre tous les ingrédients pour réussir, mais finit par exploser en vol sous le poids des idées non abouties. C’est dommage, mais cela ne nous aura pas empêché de passer un très bon moment : pour les fans autant que les novices, Détective Conan est une recette qui fonctionne, avec des personnages attachants et des énigmes tirées par les cheveux auxquelles on pardonne volontiers les nombreux défauts.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 7 / 10

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