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Culte : pourquoi il faut absolument voir la série sur le Loana et le Loft ?

Enfin un biopic français digne de ce nom pour Prime Video ?

Il va falloir changer l’eau de la piscine“. Diffusée depuis aujourd’hui sur Prime Video, la série Culte vient dresser un portrait au vitriol du petit monde de la télé-réalité française. Et quoi de mieux pour raconter l’histoire d’un phénomène pop-culturel que de partir de là où tout a commencé ?

Un loft et une piscine

Tout commence le 26 avril 2001, lorsqu’M6 lance une nouvelle télé-réalité inspirée du phénomène américain Big Brother. À l’époque, personne n’y croit, mais les audiences viennent contredire les annonceurs. Le soir de la finale, 49,6% des téléspectateurs assistent au sacre de Loana et Christophe. C’est à travers ce tsunami télévisuel que Matthieu Rumani et Nicolas Slomka s’attèlent, 23 ans plus tard, à raconter l’envers du décor.

Depuis la scène de la piscine à la grande finale, en passant par les manifestants en furie devant le quartier général d’M6, et les questionnements juridiques autour du statut de candidat de télé-réalité, Culte explore les dessous du PAF, loin des paillettes et des coupes de champagne. Pas besoin d’avoir poncé toutes les saisons des Anges de la télé-réalité pour comprendre l’ampleur du phénomène. Qu’on aime ou qu’on déteste, le sujet nous a tous déjà concerné au moins une fois.

Télé plus que réalité

Qu’on se le dise : le récit porté à l’écran par Anaïde Rozam et César Domboy s’inspire de faits réels, mais s’en détache allègrement. À travers les yeux de Karim, d’Isabelle et de Loana, la fiction prend le pas sur la réalité. C’est tant mieux : le risque de Culte était de proposer une version trop édulcorée, ou au contraire trop condescendante des évènements. Sauf que la série n’est pas un documentaire, pas vraiment un biopic non plus. Dans cette fiction inspirée de faits bien réels, les personnages se mélangent, la frontière entre souvenir et fantasme se brouille. Culte est à l’image de la télé-réalité : le plus important n’est pas que ce soit vrai, c’est que les téléspectateurs y croient.

Culte Série (1)
© Prime Video

Et force est d’admettre que le récit fonctionne. Les plus observateurs sauront apprécier la justesse avec laquelle sont reproduites certaines scènes – avec une mention toute particulière au travail minutieux des accessoiristes et des costumiers sur le projet, mais Culte n’a pas besoin de convoquer la nostalgie d’une génération toute entière pour crever l’écran. En réussissant à faire du faux avec du vrai, la série d’Amazon tape juste. Elle n’aura d’ailleurs aucun mal à trouver son public : chaque année, le PAF diffuse plus de 11 000 heures de télé-réalité. Un chiffre largement sous-estimé quand on connait le succès des programmes désormais accessibles depuis les plateformes de streaming, à l’image de Frenchie Shore, qui avait affolé jusque dans les sphères ministérielles au moment de sa diffusion.

Des personnages authentiques

Cette justesse se ressent particulièrement dans un choix de casting brillant, tant sur la forme que sur le fond. Marie Colomb incarne une Loana plus vraie que nature, jamais dans la surenchère ou le jugement. Plutôt que de railler une femme jetée en pâture aux médias depuis plus de vingt ans, l’actrice lui rend un bel hommage, parfois complaisant, mais loin de l’idéalisme dégoulinant de bons sentiments auquel on pouvait s’attendre de la part d’une production française.

Culte Série (2)
© Prime Video

La première lofteuse de l’histoire du PAF a essuyé les plâtres d’une industrie tentaculaire née à la télévision, c’est finalement grâce au petit écran qu’elle trouve sa rédemption médiatique. On ne s’étonne d’ailleurs pas de voir que Loana Petrucciani a participé à l’aventure en tant que consultante, afin d’injecter ses propres souvenirs dans le récit. Celle dont on a si souvent raillé le physique, l’histoire et les prises de parole devient une jeune femme au passé malmené, sacrifiée sur l’autel des audiences.

Ne vous y trompez pas, ce n’est pourtant pas Loana qui campe le rôle-titre. Si la jeune femme occupe une place centrale dans l’intrigue, elle évolue surtout en filigrane, comme un fantasme dont on ne touche jamais vraiment les contours. Au centre de la scène, c’est le personnage campé par Anaïde Rozam qui crève l’écran. La jeune femme, très largement inspirée d’Alexia Laroche-Joubert joue les apprenties productrices à la dent longue. Cynique, ambitieuse et prête à tout pour arriver à ses fins, le personnage ne malmène jamais vraiment son modèle — l’inverse aurait été étonnant, quand on sait qu’Alexia Laroche-Joubert est elle-même productrice de la série — mais s’offre une introspection intéressante.

Culte Série (3)
© Prime Video

Plutôt que d’aller chez le psy toutes les semaines, la solution est peut-être de produire une série sur votre carrière. Reste que le personnage principal est, là encore, criant de justesse. Le jeu d’Anaïde Rozam fait mouche, et les déboires d’une jeune productrice, obligée de sortir les griffes dans un monde d’hommes qui la méprisent, sonne comme un sujet tristement d’actualité. Vingt ans après, rien ne change vraiment.

De l’autre côté de l’écran

Pendant les six épisodes que compte cette première saison, la série nous invite à voir l’envers du décor. Moins théâtrale qu’Unreal qui racontait un Bachelor fantasmé, Culte oublie les candidats pour s’interroger sur celles et ceux qui font le Loft. Car s’il y a bien une chose sur laquelle la série ne ment pas, c’est que les drames se jouent souvent à l’extérieur de la maison, là où les caméras sont éteintes.

Diffusé depuis 18 octobre sur Prime Video, la licence ne compte d’ailleurs pas s’arrêter en si bon chemin. Après Loft Story, la saison 2 de Culte pensée comme une anthologie, s’intéressera au groupe musical 2B3. L’occasion de ressortir nos CD et nos barrettes papillons.

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