Disney a beau avoir prié la bonne étoile, ses métrages n’ont pas tous été couronnés de succès en 2023. Indiana Jones et le Cadran de la Destinée, Ant-Man et la Guêpe : Quantumania ou encore The Marvels, la firme aux grandes oreilles rencontre quelques difficultés dans les salles obscures. Néanmoins, du côté de l’animation, Mickey s’en sort un peu mieux. Élémentaire s’annonçait comme un nouvel échec, mais aura surpris son monde en engrangeant 495,5 millions de dollars au box-office mondial. Wish – Asha et la bonne étoile sort ainsi dans un contexte tendu pour l’écurie, qui peine à se renouveler.
Comme le veut la tradition, ce conte magique arrive juste à temps pour les fêtes de fin d’année. Il est néanmoins assez singulier puisqu’il a vocation de clôturer la célébration du premier centenaire de Disney. Les cinéastes Fawn Veerasunthorn et Chris Buck doivent ainsi livrer une lettre d’amour à plusieurs classiques de l’animation. La thématique du vœu est au cœur de la démarche, rien de bien étonnant quand on connaît la chanson qui sert d’identité sonore à Disney depuis des décennies. “Quand on prie la bonne étoile…” a-t-on le film d’animation parfait pour célébrer la licence de notre enfance ?
À 17 ans, Asha se prépare à passer un entretien pour devenir l’assistante du Roi Magnifico. Ce dernier cherche quelqu’un pour l’aider à accomplir sa mission : exaucer les souhaits de son peuple. Mais la réalité qu’elle va découvrir est assez différente de la légende que cette tête couronnée entretient. Dans un moment de désespoir, Asha adresse un vœu à une force cosmique. Une petite boule d’énergie répond à son appel, ensemble, elles vont affronter le plus redoutable des ennemis et prouver que le souhait d’une personne déterminée peut faire des miracles.
Nouvelle ère
En décembre 2018, Spider-Man : New Generation créait la surprise dans les salles obscures. Sous l’impulsion de Sony et en partenariat avec Marvel, les réalisateurs Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman ont exploré l’univers de l’araignée sympa du quartier avec une proposition narrative enthousiasmante, mais surtout une esthétique singulière et riche. En combinant les techniques d’animation de la 3D à celles de la 2D, l’aventure de Miles Morales a fait éclore un nouveau style qui fera date dans l’histoire du secteur.
Ce parti pris n’a pas tardé à investir d’autres studios et licences, à l’image de Ninja Turtles : Teenage Years qui a rendu hommage aux gribouillis des adolescents sur leurs cahiers d’école plus tôt cette année. Ce n’était plus qu’une question de temps avant que Disney ne s’y essaie également. La firme a abandonné crayons et palettes d’aquarelle au profit de l’animation assistée par ordinateur depuis Raiponce en 2010. Le film réalisé par Byron Howard et Nathan Greno avait défini une nouvelle norme pour l’entreprise, dont elle ne s’était depuis pas départie.
Wish veut ainsi faire coexister ces deux approches du divertissement animé, pour faire naître une nouvelle ère chez Disney. La célébration du centenaire devait être le meilleur des deux mondes, les premières images n’étaient néanmoins pas des plus rassurantes. Wish : Asha et la bonne étoile semblait avoir usé de cet artifice pour réduire ses décors à peau de chagrin.
Force est de constater que c’est parfois le cas. Dans les coulisses d’un château inspiré de l’époque médiévale espagnole, cette proposition est tristement grise. Certaines scènes manquent cruellement de relief et de couleurs. Si d’autres séquences se démarquent particulièrement — le final et son hommage à peine déguisé à La Belle au bois dormant par exemple — Wish n’a presque rien du film rêvé pour un tel événement.
“Rêve de ta vie en couleur”, Disney aurait eu tout intérêt à appliquer l’adage de Peter Pan. Les personnages évoluent dans une obscurité trop dense, ne profitant que d’une reproduction de la lumière naturelle pour se détacher des décors. Plus largement, Wish ne parvient pas à faire cohabiter ces deux approches. En résulte un film hybride, enchanteur par égard, mais décevant à d’autres moments.
Le studio tâtonne, il n’a pour l’heure pas réussi à s’emparer totalement de ce concept autrement qu’à travers un ajout de texture qui rappelle parfois les heures sombres de l’animation du début des années 2000. Il aurait sans doute gagné à s’émanciper de ses marottes visuelles, le “character design” n’a pas évolué depuis plus d’une décennie, pour livrer quelque chose d’inédit, de novateur. Reste un immense “Où est Charlie ?” : les spectateurs s’amuseront sûrement à partir à la recherche des nombreux easter eggs qui ponctuent le film.
La première dystopie de Disney ?
Si la promesse visuelle de rendre hommage à cent ans d’animation chez Disney n’est pas tenue, peut-être le récit de Jennifer Lee et Allison Moore s’en sortira-t-il mieux ? En mettant les vœux et les rêves au cœur de leur propos, les deux scénaristes parviennent à livrer un conte enchanteur sur le libre arbitre, la chronique d’une émancipation de tout un peuple.
Pour la première fois, l’écurie semble s’adonner à la dystopie en faisant évoluer son héroïne au travers d’une société en apparence rêvée, qui se nourrit de l’ignorance de son peuple et qui contrôle leurs désirs. Pour pouvoir séjourner à Rosas, chacun doit confier son vœu le plus cher au tyrannique Magnifico. Il est d’ailleurs le seul à maîtriser la magie, le seul à profiter de ce savoir. Avec son amie l’étoile, Asha va mettre cette puissance en péril et marcher vers la libération de son peuple.
Sans être une révolution totale, le récit convoque des thématiques intéressantes et s’affranchit à plusieurs reprises des aventures classiques du genre. On lui reprochera sans doute une certaine dichotomie, alors même que quelques nuances auraient pu servir l’affrontement entre l’héroïne et l’antagoniste. La magie opère pourtant, Wish : Asha et la bonne étoile est un divertissement dans la droite lignée des propositions précédentes du studio, ni plus, ni moins.
Tous les prérequis sont là, une héroïne aux mimiques assez similaires à celles d’Anna, Raiponce ou encore Mirabel, un acolyte adorable et un autre qui s’impose comme la caution humoristique, Wish coche toutes les cases et c’est sans doute la principale limite d’un tel métrage. Pour qui aurait grandi avec les propositions animées Disney, cette nouvelle histoire sonne comme un méli-mélo de références peu inspirées, mais toujours inspirantes.
Histoire désenchantée
Les épopées Disney ne seraient rien sans leurs partitions. Au fil de ces cent dernières années, l’écurie a fait éclore bon nombre de chansons iconiques, que les grands et petits enfants fredonnent dès que l’occasion se présente. Wish : Asha et la bonne étoile ne pouvait ainsi pas négliger ce volet, comme l’avait fait Raya et le dernier dragon ou encore plus récemment Avalonia, l’étrange voyage. Asha est une princesse Disney dans la pure tradition du genre, elle met ainsi sa voix au profit de la narration.
Mais voilà, “tout est chaos” peu de ballades se démarquent. Hormis “Je fais le vœu” et sa version originale “This Wish”, les musiques sont tout à fait oubliables. Dans la langue de molière comme celle de Shakespeare, Disney n’est pas à son apogée. Si Encanto avait eu la bonne idée de rendre hommage à la Colombie au travers de ces airs entêtants, Wish ne s’empare pas de son contexte géographique pour acter son voyage sur la péninsule ibérique.
C’est une page qui se tourne pour Disney. Après cent années de belles promesses, et certaines désillusions, l’écurie va devoir trouver un nouveau rythme de croisière pour continuer de séduire ses nombreux adeptes. Un nouveau cycle devrait éclore, il sera ponctué du retour de certains succès comme La Reine des Neiges qui va s’offrir deux suites. Du côté des nouvelles licences et univers, le mystère est entier. Il faudra espérer que l’entreprise poursuive ses efforts pour renouveler son esthétique, ses thématiques et fasse le pari d’histoires plus singulières et ambitieuses.
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Pas de note ? Du coup c’est juste un placement de produit ?
Moi j’ai adoré c’est un dessin animé vraiment génial 10\10