Wicked débarque dans nos cinémas ce mercredi 4 décembre et doit faire face à un challenge conséquent : réussir à convaincre les spectateurs français. L’Hexagone n’est déjà pas réputé pour son amour des comédies musicales, mais le public n’a pas non plus conscience de l’ampleur du phénomène. Outre-Atlantique, le film n’a pas tardé à faire l’unanimité grâce à sa notoriété. Cela fait plus de dix ans que les spectateurs attendent de découvrir l’œuvre de Stephen Schwartz sur grand écran. Wicked a fait ses débuts à Broadway en 2003, avant de s’exporter à Londres en 2006 puis dans de nombreux pays du monde.
L’impact de ce spectacle est tel qu’il s’agit aujourd’hui de la seconde comédie musicale la plus lucrative de l’histoire après Le Roi Lion. Rien que ça. Le succès de Wicked n’est donc plus à prouver mais son adaptation doit tout de même jouer un rôle pionnier. En France comme ailleurs, certains spectateurs s’apprêtent à découvrir l’œuvre pour la toute première fois grâce au film. Chez nous, le film ne peut se reposer sur sa renommée et doit redoubler d’efforts pour attiser la curiosité des Français hermétiques aux productions musicales. Mais s’il y a bien un univers dont la magie est capable de renverser de tels aprioris, c’est évidemment celui de Wicked. Si vous êtes prêt à sortir de votre zone confort pour un plongeon au pays d’Oz, ce long-métrage s’imposera très certainement comme l’une de vos séances les plus marquantes de l’année.
L’importance des premières impressions
Même en allant découvrir Wicked à l’aveugle, les spectateurs n’auront aucun mal à se laisser porter par cette aventure tant le film exploite chacun de ses éléments à la perfection. En confiant la réalisation du projet à Jon M. Chu (D’où l’on vient / Crazy Rich Asians), lui-même passionné de l’œuvre originale, Universal a misé sur le profil idéal. Conscient de l’importance derrière ce projet, le cinéaste a redoublé d’efforts pour faire de Wicked un film qui ne laisse personne indifférent. Même ceux qui n’aiment pas les comédies musicales trouveront un petit quelque chose pour les pousser à se rendre en salle et y rester.
Dès les premiers instants, les nostalgiques du Magicien d’Oz se laisseront porter par la réécriture de l’histoire culte. Mais comment attirer l’attention du reste du public ? Comme sur scène, le film Wicked mise sur la puissance émotionnelle de sa première chanson. Celle-ci sert non seulement de remise en contexte pour le scénario mais également de vitrine pour le monde que l’on s’apprête à découvrir. C’est aussi l’occasion pour le film d’établir son rythme et de rassurer les spectateurs. En version française, le film propose une traduction complète des chansons. Ce genre de traitement n’est habituellement réservé qu’aux productions Disney. En faisant le pari de morceaux en VF, Wicked souhaite plaire aux Français en renforçant l’immersion par la compréhension des paroles. La maîtrise de la mise en scène ne tarde pas non plus à prouver que ce long-métrage n’est pas du genre à nous noyer sous un torrent musical, lourd et ennuyeux. Quelques minutes suffisent à nous faire oublier les défauts habituellement associés aux comédies musicales et laisser Wicked redéfinir nos préjugés scène après scène.
Quand la magie de Broadway fait mouche
Les films musicaux ont mauvaise réputation car la comédie musicale est un spectacle vivant qui s’exporte mal à l’écran. Les pièces sont raccourcies et les chansons tronquées pour respecter le format cible, mais cela a pour conséquence de dénaturer le charme de l’œuvre originale. Au cinéma, les musicals n’ont pas le temps de transmettre leurs émotions, le rythme des chansons ne laisse pas le temps de respirer et le scénario finit noyé. Mais Wicked renverse la tendance en respectant les codes de la scène plutôt que de se plier à ceux du cinéma. Le film est découpé en deux parties tout comme le spectacle est composé de deux actes. Du haut de ses 2 heures et 40 minutes, l’adaptation prend non seulement le temps de représenter chaque moment clé du premier acte mais creuse également le scénario pour le rendre plus immersif à l’écran.
Cela permet d’offrir plus d’impact aux chansons qui paraissent moins nombreuses, tout en renforçant l’aspect cinématographique. Wicked apparaît comme un film fantastique à part entière et n’est pas retenu par une dimension musicale trop pesante. La bande-son entièrement orchestrale et les performances vocales enregistrées à même le plateau renforcent l’authenticité et reproduisent les sensations que procure une comédie musicale sur scène. En évitant le piège de la “popification” des chansons, les morceaux échappent au ridicule propre aux films musicaux habituels. C’est à peine si l’on arrive à reconnaître la voix d’Ariana Grande en VO, tant l’actrice s’efforce de chanter comme à Broadway. La symbiose entre l’univers et les chansons nous offre un spectacle épique, renforcé par des performances mémorables de la part des acteurs.
Une production pleine d’humanité
Pour certains spectateurs, l’attrait de Wicked réside en premier lieu dans son casting cinq étoiles. Cynthia Erivo, Ariana Grande, Jonathan Bailey, Jeff Goldblum, Michelle Yeoh… Comment ne pas se laisser tenter par une telle troupe ? Mais attention : le film ne fait pas dans le star-talent. Chaque vedette à l’affiche mérite amplement sa place et apporte une véritable plus-value au projet. Les performances des acteurs sont par ailleurs l’une des sources principales du charme envoûtant de ce film. En chanson comme dans les scènes plus classiques, la puissance émotionnelle nous emporte. On rit, on pleure et on se laisse surprendre par la sincérité du jeu d’acteur.
Il est impossible de quitter la salle sans avoir été bouleversé par le duo principal formé d’Elphaba (Cynthia Erivo) et Glinda (Ariana Grande). Les actrices ont rêvé de ces rôles et donnent tout ce qu’elles ont. Plus particulièrement dans le cas d’Ariana Grande – que l’on imagine difficilement comme une grande actrice malgré un début de carrière dans des sitcoms Nickelodeon – son amour pour Wicked et le personnage de Glinda l’ont forcé à repousser ses limites. Ce long-métrage nous fait passer par toutes les émotions avec aise et brille par son authenticité. Le travail du réalisateur Jon M. Chu et de l’ensemble des acteurs prouve qu’avec beaucoup de passion, de motivation et de détermination, même l’un des genres les moins appréciés du cinéma peut frapper les spectateurs en plein cœur. Vous sortirez changé de votre séance, mais aussi impatient de découvrir la suite l’an prochain.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.