Passer au contenu

Critique Votre Fidèle Serviteur Spider-Man : déjà la (bonne) surprise de l’année chez Marvel ?

Alors que les choses sérieuses commenceront dans quelques semaines pour le MCU avec la sortie en salles de Captain America : Brave New World, Marvel Studios dégaine sa première production de l’année, ce mercredi sur Disney +, avec Votre Fidèle Serviteur Spider-Man. Une série d’animation en dix épisodes, censée surfer sur la vibe de sa grande sœur de 1994 et sur les premiers numéros de The Amazing Spiderman de Stan Lee et Steve Ditko.

Avec Marvel Studios, il faut se méfier des projets un peu moins “bankable”. Finalement, c’est par le biais de ces derniers que les bonnes surprises arrivent. Qui aurait misé un euro sur le succès des Gardiens de la Galaxie à leur sortie, personnages Marvel complètement inconnus du grand public ? Sur celui de Wanda Vision en 2021 ou encore récemment d’Agatha All Along ? Pas grand monde.

Disponible dès ce mercredi sur Disney + avec ces deux premiers épisodes, Votre Fidèle Serviteur Spider-Man ne boxe pas vraiment dans la même catégorie que les autres productions Marvel attendues cette année (Captain America : Brave New World, Daredevil Born Again, Thunderbolts, The Fantastic Four). Niveau attente et niveau buzz s’entend. Il faut dire que sa première bande-annonce avait de quoi diviser, avec une approche graphique volontairement rétro, pour coller au maximum aux planches de BD dessinées et pensées à l’époque de la série de comics The Amazing Spider-Man de Stan Lee et Steve Ditko. D’autant que cette même bande-annonce nous dévoilait une animation semblant manquer de punch, un ton vraiment enfantin et des décors pauvres, CGI ou pas, avec un rendu assez quelconque finalement.

Lire un comics en 2025 sur sa TV, c’est possible

Un an après l’excellentissime X-Men 97, la comparaison risquait d’être salée. On ne pourra pas s’avancer à votre place sur votre ressenti lors de la découverte de Votre Fidèle Serviteur Spider-Man, mais le résultat final est bien meilleur que les quelques extraits distillés ici et là sur les réseaux sociaux et dans la bande-annonce. Dès les premières minutes, le charme opère. On serait même tentés d’écrire dès les premières pages, car c’est littéralement à ça que nous fait penser la série : l’impression de regarder un comics. Ni plus ni moins, avec une couverture de BD variable selon les épisodes à la fin du générique d’intro, qui dépoussière le thème mythique de Spider-Man dans une version rap sympa en V.O, très compliqué en VF.

Le sentiment de lire une BD est accentué par le découpage de l’image, littéralement en cases de BD parfois et le rythme effréné de certaines séquences, comme les comics savent le faire. C’était la promesse et l’engagement du studio, qui avait fait de même, dans un autre registre certes, pour le revival de la série animée X-Men : reprendre les codes et l’ambiance de l’époque, en modernisant le tout pour la nouvelle génération.

What If, quand tu nous tiens

Si le mélange de 3D et de cel-shading laissait craindre un résultat douteux, il n’en est rien en réalité, tout comme les décors que l’on imaginait désespérément vides. On n’est pas en train de vous dire qu’au contraire, l’image est surchargée à tout prix mais Votre Fidèle Serviteur Spider-Man se présente comme une série animée haute en couleurs et suffisamment détaillée pour avoir son lot d’easter-eggs à débusquer… tout comme dans un comics, encore. Mais on en reparle un peu plus tard.

Cette première saison (une deuxième a d’ores et déjà été commandée) nous place face à un sacré choix scénaristique, pas si surprenant, compte tenu des enjeux multiversels actuellement en cours au sein du MCU. Dans Votre Fidèle Serviteur Spider-Man, Peter Parker n’a plus pour mentor Tony Stark aka Iron Man mais Norman Osborn. L’homme censé, dans la trame d’origine, devenir le Bouffon Vert, l’un des pires ennemis du Tisseur. La série perpétue ici le principe du “Et si”, développé sur trois saisons dans What If, à ceci près que cette fois, la perspective d’une origin-story alternative de Spider-Man est totale.

Le MCU comme base arrière tout de même

Car il n’y a pas que cet aspect qui change dans la vie de Peter : même si des éléments restent fidèles au personnage introduit dans le MCU, comme la mort déjà actée d’Oncle Ben et la jeunesse de Tante May, d’autres sont différentes, comme l’origine de ses pouvoirs, qui n’est plus liée à la morsure d’une araignée radioactive mais de celle d’une confrère provenant d’un autre monde et tombée dans le sien lors d’un combat entre un symbiote belliqueux et Docteur Strange. Ned et M.J (Michelle Jones) n’existent pas, Mary Jane et Gwen Stacy non plus, place à Pearl, Lonnie Lincoln et Nico Minoru. Les deux derniers sont autant liés à Spider-Man qu’aux publications Marvel, notamment la dernière, membre des Runaways.

Ici le Docteur Connors a toujours un bras en moins, mais n’est plus incarné par un homme. Harry Osborn est noir, porte des tresses et est une vedette des réseaux sociaux dans un monde encore secoué par les événements de Captain America : Civil War, les tensions autour des accords de Sokovie et la dissolution des Avengers, avec un Captain America porté disparu et un Iron Man aux services du Général Thaddeus Ross. Voilà le mélange choisi par les équipes créatives réunies autour du projet : associer à cet univers alternatif des éléments tangibles du MCU tout en revisitant les origines et les premiers pas de Spider-Man en tant que super-héros.

Des références au lore de Spider-Man dans son ensemble

Dans cette histoire, Peter n’a pas pris part au combat légendaire de l’aéroport puisqu’il ne connaissait pas Tony Stark, par exemple. Et de l’autre, on sent bien que cette série a pour cahier des charges, elle aussi, de “teaser” les futurs projets Marvel à venir : Thaddeus Ross présent, rien d’anodin à cela à quelques semaines de la sortie du prochain film Captain America, tout comme Daredevil, à un peu plus d’un mois de son retour en série. On peut également citer le premier “vrai” costume de Peter dans la série, une tenue blanche confectionnée par Oscorp et qui rappelle beaucoup celle portée par notre héros dans l’arc Future Fondation, dans lequel Peter remplace Johnny Storm au sein des 4 Fantastiques. Personnages, eux, attendus en juillet prochain au cinéma.

Des références, il y en a donc en pagaille. Ainsi que du fan service. On ne va pas vous spoiler le contenu de la série mais sachez que les équipes ont pensé à tout : des thèmes sonores signature – déjà entendus – pour certains personnages lors de leur introduction, des renvois à des films ou des clins d’oeil plus subtils aussi, pour rappeler parfois le changement de projet autour de cette série annoncée en 2021. A la base, celle-ci devait être canon au MCU, tout en explorant les premiers pas de Peter Parker version Tom Holland, avant un revirement de la part des équipes créatives et un changement de nom (à l’origine, la série s’appelait Spider-Man Freshman Year, ndlr). Enfin, sachez même que… les parcs Disney sont aussi de la partie. On vous laisse deviner comment.

Une deuxième partie de saison très intense

Le but de la manœuvre est simple finalement : en mélangeant tous ces easter eggs, issus de plusieurs supports différents (comics, série animée, MCU), Votre Fidèle Serviteur Spider-Man cherche à contenter tout le monde, tout en se frayant sa propre voie et en écrivant sa propre version des aventures de l’Araignée. Si celles-ci mettent du temps à se mettre en place, c’est parce que cette saison 1 introduit une pléthore de personnages. Un peu comme avait su le faire la série animée de 1994, qui avait offert une fenêtre d’exposition à des méchants peu connus. Qu’ils soient secondaires ou non, l’idée est de leur offrir un potentiel à développer et c’est le cas finalement dans la deuxième partie de l’intrigue, qui place les bases de la suite.

Quelles sont les réelles motivations de Norman Osborn ? Peter peut-il vraiment se fier à lui ? Les méchants sont-ils vraiment ceux que l’on croit ? Pourquoi Otto Octavius passe-t-il son temps à équiper la pègre locale avec ses propres inventions ? Les proches du héros sont-ils vraiment ce qu’ils nous montrent ? Dans Votre Fidèle Serviteur Spider-Man, tout le monde a quelque chose à cacher et la série connaît un vrai virage dans sa moitié, quand Peter subit une défaite cuisante et traumatisante. Comme dans les comics, notre héros peut saigner, souffrir et perdre. De manière très violente même.

Se présentant dans le calendrier des productions Marvel Studios comme un apéritif avant le grand buffet, Votre Fidèle Serviteur Spider-Man mérite une meilleure considération et toute votre attention finalement. La magie opère une fois de plus chez Marvel Animation, pas au point d’égaler les travaux colossaux accomplis sur X-Men 97 il y a un an certes, mais suffisamment pour offrir une nouvelle création de qualité. Et on peut le dire après avoir dévoré les 10 épisodes dans leur intégralité : vivement la suite !

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Notre avis

On n’en attendait rien et on aurait pu, quand même, être déçu. A l’arrivée, Votre Fidèle Serviteur Spider-Man marque des points importants, en même temps qu’il lance avec brio une année 2025 chargée pour Marvel Studios. Entre références à gogo, parti pris scénaristique assumé, histoire familière parfois mais pas trop et hommage aux premières BD Spider-Man, la série arrive à équilibrer le tout, autour d’enjeux progressivement intéressants et un rythme de plus en plus intense. Au point de regretter, comme X-Men 97, que cela ne dure pas finalement un peu plus longtemps.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 8 / 10

Mode