En février dernier, la firme aux grandes oreilles nous prenait par surprise en annonçant Vaiana 2 à seulement quelques mois de sa sortie. Le studio a pour habitude de présenter ses projets plusieurs années à l’avance mais ce long-métrage est un cas à part. Les nouvelles aventures de l’héroïne ont débuté leur développement en tant que série à destination de Disney+ : rien de bien surprenant puisque Vaiana premier du nom s’impose constamment comme le contenu le plus visionné sur la plateforme. Et c’est cette popularité qui a fini par transformer le programme.
Après plusieurs années difficiles au cinéma, le studio d’animation a désespérément besoin d’une icône forte pour attirer les spectateurs en salles. Et c’est ainsi que Vaiana 2 entre en jeu. Plutôt que de gâcher son potentiel avec un lancement dans l’indifférence sur Disney+, l’aventurière revient en force sur grand écran. Mais face à un tel changement de direction, même toute la bonne volonté ne suffit pas à faire renaître la magie. Le nouveau périple de Vaiana est loin d’être à la hauteur d’une sortie au cinéma et souffre du manque de moyens et d’ambition propre à sa nature initiale.
Vaiana avec les moyens du bord
Si vous avez déjà suivi des séries animées inspirées par des longs-métrages d’animation, vous n’êtes pas sans savoir que ces types de projets sont difficilement comparables. Bien souvent, la série dérivée se contente d’étendre l’univers initial pour une audience moins large et avec un budget tronqué. Chez DreamWorks par exemple, les séries Dragons font un parfait exemple : les visuels et l’animation n’ont rien à voir avec l’œuvre originale. Sur Disney+, les séries du genre – Baymax et Zootopie+ pour ne citer qu’elles – sont parvenues à éviter les différences visuelles trop flagrantes mais restent ce qu’elles sont : des spin-offs moins ambitieux que les films principaux.
Vaiana 2 a donc commencé son parcours avec des objectifs revus à la baisse. Puisqu’il ne s’agissait “que” d’une série, les équipes du premier film n’ont pas pris le temps de faire leur retour. On retrouve donc de jeunes talents à la réalisation (Dana Ledoux Miller, Jason Hand et David Derrick Jr.) loin d’avoir l’expérience de Ron Clements et John Musker. Même constat du côté des musiques avec l’absence remarquée de Lin Manuel Miranda, remplacé par le duo Emily Bear et Abigail Barlow repéré suite à la création du Unofficial Bridgerton Musical en 2021. De quoi tenter de reproduire le charme et l’ambiance de Vaiana premier du nom à l’échelle télévisée.
Seulement, maintenant que Vaiana 2 débarque au cinéma, le projet reste malheureusement le même. Le changement inattendu de direction n’a pas permis aux équipes de produire un film à la hauteur des attentes. Les musiques sont génériques au possible, le scénario peine à décoller et les visuels ne sont pas aussi dépaysants qu’en 2016. La fausse nature de cette suite impacte le long-métrage dans son ensemble.
Ce film est une série, et ça se sent
Tout au long de la séance, Vaiana 2 nous laisse la drôle d’impression que quelque chose cloche. Disney a fait de son mieux pour retravailler le projet à l’échelle cinématographique mais les détails ne trompent pas. On remarque rapidement que les personnages secondaires paraissent moins réalistes ou que les environnements sont moins détaillés. Mais c’est avant tout du côté de la mise en scène que le film se contente de faire le strict minimum. Dans une industrie où la concurrence parvient à offrir des pépites visuelles comme Spiderverse ou Arcane, Vaiana 2 est d’une simplicité déconcertante. Le premier film n’hésitait pas à s’amuser lors des chansons et proposait des scènes marquantes comme lors de la restauration du cœur de Te Fiti. Mais ici, les séquences s’enchaînent sans jamais se démarquer.
Ajoutons à cela un scénario en demi-teinte pour obtenir un ensemble terriblement décevant. Avec La Reine des Neiges 2, Disney nous a pourtant prouvé que les suites méritent d’avoir leur place, mais Vaiana 2 n’en est pas une. L’histoire que l’on découvre est calquée sur le caractère initial du projet. Puisqu’une série dérivée n’est pas aussi importante qu’un film, la trame narrative ne peut se permettre de faire des folies. Le voyage présenté ne prend aucun risque et reste bien trop sage, ce qui ne facilite pas notre investissement dans le scénario. Avec tout juste assez de rebondissements pour éviter l’ennui, Vaiana 2 ne raconte rien et se contente de faire acte de présence.
L’art de ne rien raconter
Comme si la déception ne suffisait pas, ce film est également source de frustration. L’univers de Vaiana est plein de potentiel mais cette aventure n’a jamais le droit de décoller. L’histoire semble retenue par un cahier des charges beaucoup trop restrictif, si bien qu’il ne se passe pas grand-chose en l’espace d’une heure et 40 minutes. L’aventurière de Motunui n’a d’autre choix que de s’engager dans une expédition des plus périlleuse, mais c’est à peine si les menaces se font véritablement ressentir. Les retrouvailles avec Maui servent notamment à présenter une nouvelle entité du nom de Matangi. Néanmoins, cette maîtresse des illusions n’a même pas le temps de briller à la hauteur de son potentiel. Après une drôle de chanson, et quelques révélations, le personnage ne réapparaît pas une seule fois. On ne sait pas qui elle est, ni ce qu’elle représente, mais il y a une raison à cela.
Vaiana 2 n’a pas pour objectif de raconter quoique ce soit. Le sentiment d’inachevé que l’on ressent tout au long du film prend tout son sens dans les derniers instants et a l’effet d’une claque. Après un dénouement trop rapide pour un final tout aussi plat que le reste, le long-métrage à l’audace de conclure sur une scène post-générique qui explique tous les défauts constatés jusqu’alors. Cette ultime scène nous informe que ce périple n’est “que le début” de machinations encore plus dangereuses auxquelles l’héroïne devra faire face à l’avenir. En réalité, nous avons donc affaire à un Vaiana 1.5 dont la place devrait être sur Disney+ et non au cinéma. Il est clair que ce cliffhanger avait pour objectif d’annoncer le véritable Vaiana 2, qui sera finalement Vaiana 3. Cette suite n’est donc qu’une tentative paresseuse de recycler un projet afin d’attirer du monde en salle sans faire d’effort. Vaiana mérite mieux.
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