Avec toutes les adaptations que nous avons eues ces dernières années, on commence à comprendre celles qui fleurent le bon projet de celles qu’on regrettera d’avoir vues. Pour être honnête, Until Dawn s’inscrivait jusqu’ici dans une zone grise. Jeu vidéo développé par Supermassive Games et sorti en 2015, il a révolutionné le genre de la narration interactive en proposant une histoire presque cinématographique, à ceci près que les joueurs avaient le destin des personnages entre les mains.
L’objectif ? Faire en sorte que le plus de protagonistes possible survivent au bout de la nuit, en prenant les bonnes décisions aux moments cruciaux. Contrairement aux autres adaptations de jeux vidéo, Until Dawn partait donc avec un postulat impossible à transposer d’un média à l’autre sans en perdre toute l’essence. Lors de la sortie de la première bande-annonce, Sony Pictures, à qui a été confié le projet, a dévoilé une trame inédite, inspirée du jeu vidéo, mais avec un vrai travail d’adaptation permettant de redécouvrir Until Dawn de manière passive. Le défi a-t-il été brillamment relevé ? La réponse dans cette critique d’Until Dawn : la mort sans fin.
Rentre dans le cercle
Tout comme dans l’œuvre originale, Until Dawn suit les aventures d’une bande d’amis, des jeunes adultes se rendant dans au cœur d’un bois aussi inquiétant qu’il est isolé du reste du monde. Le terrain propice à toutes sortes d’évènements surnaturels. Alors que Clover recherche sa sœur depuis un an disparue, elle entraîne ses camarades dans un centre touristique désert, un piège qui se referme sur eux à partir du moment où Nina, l’une des héroïnes, inscrit son nom dans le registre.

Dès lors, les 5 personnages se retrouvent piégés dans une boucle temporelle hors du commun, à laquelle il faudra survivre sous peine d’y être coincé pour l’éternité. Ils ont jusqu’au lever du soleil pour élaborer une stratégie, relevant nuit après nuit les dangers que la boucle leur impose.
Contrairement à beaucoup de films du genre, Until Dawn brise le concept classique de la boucle temporelle pour nous en proposer une variante selon laquelle chaque nuit est différente de la précédente, mettant nos nerfs à rude épreuve alors que les personnages ne peuvent pas anticiper ce qui les attend. Malgré la qualité de la promesse sur le papier, cela fonctionne un peu moins bien en pratique.
Il n’y a pas de mauvaises idées (on est sûr de ça ?)
Qui dit boucle temporelle, dit forcément répétition. Pour contrer la monotonie inhérente au concept, Until Dawn essaye d’être partout à la fois, mais s’éparpille sans arriver à faire valoir un propos clair et simple. Durant l’heure et demie du film, on voit passer une sorte de compilation de tout ce que le genre horrifique a à offrir. L’ellipse en milieu d’intrigue, justifiée par un trou de mémoire collectif, est une technique qui permet à Sony de passer par une solution de facilité pour nous présenter absolument toutes les facettes de son attirail.

On finit par ne plus savoir si on regarde un film de sorcière, de fantôme, de vampire, de loups-garous, de tueur en série ou un thriller psychologique. Au niveau du sens même, les explications des différents évènements sont toujours tirées par les cheveux et rien n’est vraiment cohérent mis bout à bout, révélation finale incluse.
Même avec tous ces éléments en jeu, les comportements des personnages sont extrêmement prévisibles, tout comme certains des principaux ressorts scénaristiques utilisés par Sony. Cependant, force est de constater que les screamers font leur effet. Les apparitions soudaines des ennemis en tout genre font partie des gros points forts du film, qui sait au moins surprendre sur ce point. On tire notre chapeau aux effets visuels qui nous ont fait cacher nos yeux plusieurs fois. D’autres détails surprennent, et vous promettent même quelques tranches de rigolades, parole de flippette. À vous de décider si cela joue en la faveur du film ou pas, lui qui ne se veut pas non plus sérieux sur tous les plans.
On ne peut pas dire que l’on soit particulièrement fans du jeu d’acteur. Les performances sont pour ainsi dire plutôt moyennes, sauf pour quelques exceptions à la règle (merci à Peter Stormare et Odessa A’zion).

Une adaptation qui n’en est pas une
On savait dès le premier trailer que l’intrigue du film se voulait différente du jeu vidéo. Nous n’allions pas avoir droit à une fidélité à l’extrême telle qu’on la retrouve dans The Last of Us par exemple, mais plutôt une interprétation libre du concept d’Until Dawn. Une décision peu étonnante puisqu’il est absolument impossible de répliquer l’immense interactivité d’un jeu vidéo dans un long-métrage au cinéma. Pour ça, il aurait fallu que le projet soit confié à Netflix qui excelle dans l’art des films interactifs.
Malheureusement, les choix opérés par les scénaristes ont du mal à fonctionner dans cet univers. Ce qui dans le jeu est plus la représentation d’une temporalité naturelle devient dans le film une contrainte, trop présente et trop réelle. Le sablier incarne ce symbole de la “rejouabilité” mais n’accentue pas du tout les choix des personnages, puisque le chemin change à chaque réincarnation. Il n’y a donc plus la possibilité de peser le pour et le contre de chaque action, ou même de créer des réactions en chaîne en fonction d’un subtil changement dans le comportement des protagonistes.
En termes d’intrigue, certains éléments nous rappellent effectivement le jeu. La catastrophe de l’éboulement fait écho à l’accident mortel de la mine dans le titre vidéoludique, mais n’est plus le point central de l’intrigue, qui se mélange à la trame psychologique, jusqu’à devenir incompréhensible pour les spectateurs. Il est utilisé ici comme un prétexte sous-jacent à l’étude psychiatrique de Clover. Le vrai clin d’œil restera donc l’apparition du chalet d’Until Dawn à la toute fin du film, comme pour nous signifier que les personnages du jeu vidéo sont les prochains sur la liste du docteur Hill.
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