Dans un monde oĂą les Oursons et les Licornes se livrent une guerre ancestrale, le soldat CĂ©lestin veut s’abreuver du sang des Licornes, source de beautĂ© Ă©ternelle selon le Grand Livre SacrĂ©. De son cĂ´tĂ©, son frère Dodu est trop gentil pour la mission qui les attend. Au sein d’un groupe inexpĂ©rimentĂ©, ils vont s’engouffrer dans la ForĂŞt Magique afin de traquer leurs ennemis. Mais reviendront-ils vivants ?
Rien que le pitch d’Unicorn Wars a de quoi faire fantasmer toute personne en mal d’objet cinĂ©matographique non identifiĂ©. Il s’agit du dernier-nĂ© d’Alberto Vázquez, rĂ©alisateur, illustrateur et scĂ©nariste dĂ©jĂ responsable de Psiconautas et qui rĂ©cidive avec un film d’animation qui place la monstruositĂ© dans le corps de nos icĂ´nes de jeunesse.
Sauf que même en étant prêts à tout, rien ne nous préparait à Unicorn Wars.
Honneur, douleur, câlins
Comment pouvait-on imaginer qu’un homme serait capable de rĂ©citer, Apocalypse Now, Full Metal Jacket et Cannibal Holocaust au cĹ“ur d’un film oĂą les pointes de flèches sont en cĹ“ur et oĂą les personnages portent des noms de Bisounours ?
Avec un plaisir presque malsain, le rĂ©alisateur nous rappelle les grandes heures d’Happy Tree Friends, une websĂ©rie oĂą des crĂ©atures d’enfance subissaient les pires outrages, dans un cadre bien moins Ă©dulcorĂ©. Avec un goĂ»t prononcĂ© pour la subversion, Vázquez dĂ©tourne les clichĂ©s enfantins pour raconter l’horreur des adultes.
Ă€ la violence psychologique, se joint une violence physique oĂą nos mignons soldats intimident, agressent, mutilent, droguent, massacrent… On assiste Ă un carnage aussi graphique que malsain, comme si le film cherchait (et rĂ©ussissait) Ă regrouper tous les vices de l’âme humaine au sein d’une seule folie. C’est un film de guerre, un film d’horreur, et surtout pas un film pour enfants.
En bon pĂ©dagogue dĂ©rangĂ©, Vázquez ne nous Ă©pargne aucune cruautĂ© et parvient Ă aborder chaque travers humain comme la jalousie, la cupiditĂ©, la manipulation, au sein d’un espace bien plus grand oĂą les dĂ©rives du monde se joignent Ă la fĂŞte. On y retrouve ainsi une attaque contre le fanatisme religieux, contre la guerre, ou contre la destruction de la nature.
Au travers l’imaginaire du conte et de la fantaisie, le rĂ©alisateur dĂ©nonce ainsi son contemporain et met en lumière ce qui se cache de pire en l’homme. Une satire qui s’accompagne Ă©videmment d’une grosse part d’humour noir, comme pour souligner la dĂ©licieuse ironie qui entoure ces actes.
Frère des ours
Et comme il n’est pas encore rassasiĂ©, Alberto Vázquez continue de rajouter des couches Ă son cauchemar animĂ© en parvenant Ă raconter la petite histoire au sein de la grande avec la relation des frères CĂ©lestin et Dodu.
Une intrigue pas si secondaire qui enfonce le clou du cercueil avec une dose de toxicitĂ© familiale et de tromperie. Et si, au passage, l’auteur peut nous glisser une petite allĂ©gorie sur le nazisme, pourquoi il s’en priverait ?
Parce qu’on pourrait parler des heures d’Unicorn Wars qu’on aurait encore du mal Ă en faire le tour. Vázquez a fait preuve d’une ambition dĂ©bordante, ne se limitant en rien. Une gĂ©nĂ©rositĂ© de l’image et du propos qui donne lieu Ă un film consĂ©quent, voire Ă©puisant par moment, de sorte qu’il faut encore parvenir Ă le digĂ©rer une fois la sĂ©ance passĂ©e.
On ne peut pas faire l’impasse sur la qualitĂ© de l’animation. Avec son mĂ©lange de 2D et de 3D, Unicorn Wars offre un univers variĂ©, colorĂ©, avec des dĂ©cors rappelant des aquarelles lĂ oĂą les personnages sont dĂ©bordants d’expressions. Le film propose un mĂ©lange des styles diffĂ©rents pour un rĂ©sultat qui se marie parfaitement. Comble de l’ironie, avec l’animation, mĂŞme la guerre peut ĂŞtre belle…
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Mais du coup… pourquoi seulement 4 Ă©toiles ?