Alors que le line-up Netflix 2025 a fait la part belle aux retours des grosses machineries maison comme Stranger Things, Mercredi, ou encore Cobra Kai et Squid Game (qui ont pris un peu d’avance), il y a bien une saga qui se fait discrète depuis plusieurs mois : The Witcher. Il faut dire que du côté de la plate-forme de streaming, la baisse des audiences et le départ d’Henry Cavill au bout de la troisième saison ont signé la fin de la série live qui aura encore droit à deux saisons et puis s’en va. Ce qui avait commencé comme l’une des productions les plus ambitieuses pour le service SVoD navigue aujourd’hui dans une certaine indifférence ; tout juste si on attend la quatrième saison simplement pour voir comment Liam Hemsworth s’en sort dans cette galère.
Néanmoins, la popularité de la franchise inspirée par l’œuvre d’Andrzej Sapkowski ne faiblit pas loin de son adaptation live. Preuve en est la folie qui s’est emparée encore récemment de la communauté des joueurs à la première bande-annonce du jeu The Witcher 4. Bref, si la série live est plus morte que vive, la saga, elle, est loin d’avoir lancé son dernier sort et comptez sur Netflix pour continuer à battre le fer, notamment par une nouvelle production animée. Pour nous qui avions apprécié Le Cauchemar du Loup et maudit L’Héritage du sang, on aurait tendance à prendre le nouveau film d’animation comme une bonne nouvelle.
The Witcher : Les sirènes des abysses va, comme de coutume, placé notre cher Geralt de Riv dans une position qui dépasse bien largement sa mission de Sorceleur. Jaskier et lui se retrouvent dans une course contre-la-montre pour empêcher une guerre entre un royaume humain et celui des êtres de l’océan. Ils vont être aidés d’Essi Daven, une amie d’enfance de Jaskier.
The Witcher n’a pas envie de se mouiller
On pourrait presque dire qu’on prend les mêmes et on recommence. La direction artistique a été confiée au Studio Mir, devenu un incontournable du milieu, qui avait auparavant signé Le Cauchemar du Loup en 2021 et qui a participé à bons nombres de projets autour des super-héros de la DC Animation. Résultat, on retrouve cette animation à l’ancienne fortement inspirée par les travaux japonais, à l’image du récent Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim. À ceci près que The Witcher : Les sirènes des abysses est largement moins statique que ce dernier.
Bien que le style convienne parfaitement pour dépeindre le lore de la franchise avec ce qu’il faut de sang pour justifier un public adulte, le principal souci vient du fait que cette patte graphique soit, désormais, tellement utilisée dans les productions Netflix que cela en devient rébarbatif. Comme ce qui fût reproché justement à DC Animation (et qui l’est encore par moments), seuls les univers viennent différencier des séries comme Castlevania, le prochain Devil May Cry, Terminator Zero, Tomb Raider, ou ici The Witcher. Oui, c’est efficace et dynamique, mais on a le sentiment que cela cache surtout une fainéantise de producteur qui n’a pas envie de prendre de risque alors que le moule tient encore la route.
L’ensemble du projet sent bon cette envie de ne jamais sortir des clous tout en ayant l’excuse de répondre aux attentes des fans. Ainsi, on embauche le doubleur anglais historique des jeux vidéo de la saga, Doug Cockle, pour Geralt, et on fait appel à Anya Chalotra et Joey Batey pour doubler les personnages qu’ils tiennent déjà dans la série live, Yennefer et Jaskier. Comme ça, on continue de nous rappeler que celle-ci existe encore sur la plate-forme. Malinx le lynx. D’ailleurs, le scénario est co-signé par Rae Benjamin, scénariste important du show. De là à penser que ce métrage est davantage un objet de remplissage pour occuper le spectateur et l’équipe de la série en attendant le retour de cette dernière…
Une quête annexe
Dans le même temps, on a beau pointer du doigt l’entreprise cynique, on ne peut pas non plus lui reprocher de nous avoir menti sur le sujet. Rien dans le projet ne nous promettait une quelconque excitation démesurée, mais simplement une quête annexe de 90 minutes où Geralt va découper du monstre, des hommes, sauver Jaskier, séduire la fille du coin et nous rejouer La Petite Sirène à la sauce Sorceleur, chansons comprises. On passera rapidement sur la morale voulant que les êtres les plus laids ne sont pas forcément ceux qu’on croit, puisque la bande-annonce de The Witcher 4 disait la même chose en trois minutes.
Que ce soit dans son histoire ou son style graphique, Les sirènes des abysses démontre d’une ambition retenue en voulant satisfaire son public avec le minimum de ce qu’on pouvait attendre. Là où Le Cauchemar du loup avait le mérite de nous vendre un autre héros et un pan important de la grande histoire du Sorceleur, ce film d’animation cherche à faire classique, simple et efficace, avec quelques références ici et là pour cocher des cases. Tout juste si le récit tente de nous apporter un éclairage inédit autour de Jaskier, mais en s’assurant de toucher à une corde si peu sensible dans l’univers que personne ne devrait y trouver à redire. De ce fait, si on n’a que peu d’attentes autour de cette œuvre, elle occupe facilement le temps d’écran qu’on daigne lui consacrer.
The Witcher : Les sirènes des abysses n’est pas des plus intéressants. Toutefois, il est assez insignifiant et conçu correctement pour ne froisser personne et faire passer un moment sympathique à qui aurait fini les livres, fini les jeux à 100% et qui aurait 90 minutes devant lui. Il permet également de s’interroger sur le futur de la franchise puisqu’il est certain que les possibilités offertes par l’animation peuvent lui promettent un bel avenir, loin d’adaptations en live, mais seulement si la passion reprend la main sur la facilité économique. Après tout, le Sorceleur ne reçoit sa pièce que s’il a fait du bon travail.
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