De coup de cĆur immĂ©diat Ă la production aussi zombifiĂ©e que les monstres quâelle met en scĂšne, The Walking Dead est sans conteste lâun des plus gros phĂ©nomĂšnes tĂ©lĂ©visuels de la derniĂšre dĂ©cennie. Lâadaptation des comics de Robert Kirkman a sĂ©duit par son approche du rĂ©cit post-apocalyptique, ses personnages et sa radicalitĂ©. Sous lâĂ©gide de Kirkman et Frank Darabont, câest une fresque humaine acide et sinistre qui prenait vie, Ă en faire frĂ©mir les Ăąmes sensibles. NĂ©anmoins, Ă mesure que les Ă©pisodes se succĂ©daient, lâattrait du public pour The Walking Dead nâa cessĂ© de faiblir. Nombreux sont ceux qui, comme nous, ont lĂąchĂ© lâaffaire avant la conclusion livrĂ©e en 2022 sur AMC. Si dâaucun aurait pu croire que la onziĂšme saison marquera la fin du voyage, et alors quâune conclusion se dessinait pour Fear The Walking Dead, la chaĂźne amĂ©ricaine a dĂ©cidĂ© de faire durer le plaisir avec plusieurs spin-offs. AprĂšs Dead City, qui Ă©voluait autour de Maggie et Negan Ă New-York, câest au tour de Daryl Dixon de prendre lâaffiche de sa production dĂ©diĂ©e.
Le protagoniste a Ă©tĂ© inventĂ© pour les besoins de la sĂ©rie et sâest rapidement imposĂ© comme lâun des prĂ©fĂ©rĂ©s du public, il est sans doute celui avec la progression la plus importante au fil des saisons. Il sâinstalle cette fois-ci en France, pour livrer une bataille contre une organisation totalitaire tout en trouvant un moyen de rentrer chez lui. La brute au cĆur tendre troque sa veste de cuir et son arbalĂšte pour une mariniĂšre et un bĂ©ret. Daryl in Paris, Angers et Le Mont Saint-Michel (Ă prononcer Ă l’anglaise), la sĂ©rie diffusĂ©e sur Paramount+ dans lâHexagone ambitionne de nous faire voir du pays. Reste que la France est vue Ă travers les yeux des AmĂ©ricains. Comme une autre de ses concitoyennes, la sĂ©rie Dixon sâest-elle engluĂ©e dans un ocĂ©an de clichĂ©s ?
Such a âjoie de vivreâ
Dire que lâexercice dâimmortaliser lâunivers de The Walking Dead en France est un sacrĂ© dĂ©fi relĂšve du doux euphĂ©misme. Rarement le pays de lâOncle Sam a rĂ©ussi Ă sâemparer de nos vertes contrĂ©es et nos mĆurs sans crisper quelques âfrenchiesâ au passage. Outre la comĂ©die romantique de Netflix Emily in Paris, nombreux sont les mĂ©trages Ă avoir plongĂ© allĂšgrement dans les dĂ©cors de carte postale de la capitale, bien loin des alĂ©as du RER A en heures de pointe. NĂ©anmoins, la derniĂšre-nĂ©e du lore promettait dâavoir un avantage certain sur ses prĂ©dĂ©cesseurs, son exploration de lâHexagone nâa rien dâune promenade de santĂ©. Le cinĂ©ma de genre Ă©tant largement sous-reprĂ©sentĂ© en France, lâattrait de cette sĂ©rie reposait largement sur la perspective de voir comment de tels Ă©vĂ©nements cataclysmiques se racontent en version française.
Il faut saluer la dĂ©marche dâAMC qui, plutĂŽt que de miser sur des fonds verts et des dĂ©cors locaux, a traversĂ© lâAtlantique et recrutĂ© de nombreux comĂ©diens francophones pour donner la rĂ©plique Ă son hĂ©ros qui ne parle pourtant pas beaucoup. Fait assez rare pour ĂȘtre soulignĂ©, une bonne partie des dialogues est dâailleurs rĂ©citĂ© dans la langue de MoliĂšre. Sans doute bien aidĂ© par lâexportation de certaines productions made in France telles que Lupin, The Walking Dead ne fait pas le choix de la facilitĂ©. On prend dâailleurs un certain plaisir Ă dĂ©couvrir la France dĂ©solĂ©e, ravagĂ©e par des annĂ©es dâapocalypse zombie. Au fil de son voyage, du Sud au Nord-Ouest de la France, Dixon Ă©volue dans de nouveaux paysages, cĂŽtoie de nouveaux hĂ©ros et doit composer avec un monde bien diffĂ©rent du sien. Les armes sont moins nombreuses ou mĂ©diĂ©vales, Daryl Dixon sâempare dâun flĂ©au pour massacrer allĂ©grement du mort-vivant.
La sĂ©rie aurait sĂ»rement gagnĂ© Ă bĂ©nĂ©ficier dâun panel dâauteurs français plus important. Le public francophone nâĂ©chappera ainsi pas aux nombreux clichĂ©s et âgagsâ sur les irrĂ©ductibles gaulois, peuple de contradiction oĂč se cĂŽtoient fĂȘtards invĂ©tĂ©rĂ©s et grenouilles de bĂ©nitier, parfois les deux Ă la fois. âWhere is Bryan ? Heâs in the Kitchenâ. Oui, oui, ils ont osĂ©. Certaines sĂ©quences sont dâailleurs assez lunaires, comme celles dĂ©voilant un moyen de communication assez inhabituel et un surnom bien particulier pour lâune de ces bestioles. On rit souvent, ce nâĂ©tait sans doute pas le but recherchĂ©, mais il est vrai que cette opĂ©ration de charme fonctionnerait presque. Malheur, la machine semble ĂȘtre enraillĂ©e.
Au nom du pĂšre, du filsâŠ
Sous ses airs de brute Ă©paisse, le personnage campĂ©e par Norman Reedus depuis 2011 cache un grand cĆur et un courage sans limite. Au fil des Ă©pisodes, il sâest muĂ© en vĂ©ritable hĂ©ros, prĂȘt Ă tous les sacrifices pour ceux quâils considĂšrent comme sa famille. Un homme ayant grandi sous le joug dâun pĂšre violent, qui trouve sa rĂ©demption dans un monde devenu aussi brutal que celui dans lequel il est nĂ©. Ă la diffĂ©rence de bon nombre de ses pairs, Daryl nâa pas Ă©tĂ© dorlotĂ© et est rapidement devenu le survivant idĂ©al.
NĂ©anmoins, loin de tous ses repĂšres, il lui faut rĂ©apprendre Ă faire confiance pour atteindre son but. Pour retrouver les siens, lâamĂ©ricain doit collaborer avec certains humains qui croisent sa route. Ainsi, la narration rejoue les prĂ©misses de la sĂ©rie mĂšre, Ă vitesse grand V. DĂšs le premier Ă©pisode, le voyageur se constitue une petite Ă©quipe avec laquelle il traversera en quelques sĂ©quences la moitiĂ© de la France jusquâĂ rejoindre Paris. Car si le point de dĂ©part se situe sur les cĂŽtes mĂ©diterranĂ©ennes, câest bien dans la Ville LumiĂšre que lâessentiel de lâintrigue se dĂ©roule avant dâatteindre un refuge pour le personnage de ClĂ©mence PoĂ©sy et lâenfant baptisĂ© Laurent.
Dans le mĂȘme temps, la sĂ©rie introduit une nouvelle gĂ©nĂ©ration de zombies, plus coriaces qui redistribuent un peu les cartes au sein dâun univers qui peinait jusquâici Ă se renouveler. Cela nâest pas suffisant pour retrouver lâentrain des premiers jours. Ă dire vrai, plus que jamais, les goules sont des accessoires servant surtout Ă dĂ©velopper les enjeux de lâintime, les relations entre les personnages. Mais voilĂ , en confinant son rĂ©cit Ă six petits Ă©pisodes, Daryl Dixon ne prend jamais le temps de donner Ă ses intrigues lâoccasion de gagner en consistance.
Au-delĂ de lâaspect plaisant de ce voyage initiatique, la sĂ©rie sâembourbe dans des thĂ©matiques christiques, lâhistoire dâun Ă©lu qui pourrait changer la face du monde et la mise en place dâun antagoniste totalitaire. Trop vite, elle dĂ©ploie quantitĂ© de schĂ©mas dĂ©jĂ largement exploitĂ©s sous sa banniĂšre, sans jamais renouer avec la virtuositĂ© des productions prĂ©cĂ©dentes. Plus dommageable encore, cette premiĂšre saison manque cruellement de cĆur, se contente de dĂ©verser ces idĂ©es par le biais de dialogues peu inspirĂ©s et confinent les personnages de second plan Ă des marionnettes au service dâun rĂ©cit lacunaire. Si les deux derniers Ă©pisodes sauvent la mise, le vĂ©ritable intĂ©rĂȘt de Daryl Dixon semble se trouver du cĂŽtĂ© de ce quâelle nâa pas encore montrĂ©. Une seconde saison est dĂ©jĂ assurĂ©e, son tournage est en cours actuellement. Mais une question se pose : nâest-il pas largement temps pour The Walking Dead de tuer ses crĂ©atures â humaines ou non â pour de bon ?
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Il passe par Angers dans le scénario, mais le plan large de la ville est en fait un tout petit village de Seine-et-Marne.
Je propose qu’on observe la rĂ©action des amĂ©ricains lorsqu’on fera un film se dĂ©roulant Ă New York et que pour le plan large on filme Jackson dans le Wyoming.
Bien sĂ»r, eux ne voient pas le problĂšme, mais parce qu’ils ne respectent rien. Cette sĂ©rie est une honte, c’est mal jouĂ©, mal fait, bourrĂ© de clichĂ©s pourris, et visiblement les acteurs français ne devaient pas avoir leur mot Ă dire, sinon quelqu’un aurait tirĂ© la sonnette d’alarme pendant le tournage…
ClĂ©mence PoĂ©sy qui est sur le pont Bir-Hakeim dans le premier Ă©pisode, descend dans le mĂ©tro, en ressort en courant pour Ă©chapper aux zombies, et se retrouve place Saint-Georges. Magnifique. Idem dans le 3e Ă©pisode ils sont devant le SacrĂ©-Coeur, et dans le plan d’aprĂšs ils traversent le pont Saint Michel en venant de la rive gauche. Normal.
Les com’ vous me faites rire sur le fait que c’est pas crĂ©dible…. On parle d’une sĂ©rie de zombies hein ! Le moins crĂ©dible c’est Ă©videmment des français qui parlent tous parfaitement anglais quasi sans accent đ
Personnellement j’ai adorĂ©. J’adore tous les clichĂ©s et leur vision surannĂ©e de la France, je trouve mĂȘme qu’ils ont Ă©tĂ© plutĂŽt soft… Mais tant qu’Ă faire dans les clichĂ©s oĂč est la gastronomie ? D’oĂč ils ont pas fait bouffer des cuisses de grenouilles Ă Daryl ?! Les marais il connaĂźt… c’est bien joli les nĂ©nuphars sinon hein merci pour la culture.