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Critique : The Revenant

Après son excellent Birdman, Alejandro González Iñárritu revient avec son film le plus ambitieux jusque là. Une aventure sauvage, visuelle, violente, sans concession et parfaitement maîtrisée….

Après son excellent Birdman, Alejandro González Iñárritu revient avec son film le plus ambitieux jusque là. Une aventure sauvage, visuelle, violente, sans concession et parfaitement maîtrisée. Une histoire simple pour une aventure au-delà des limites humaines qui vaut le détour pour sa réalisation impeccable et son casting grandiose. The Revenant est une réussite.

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The Revenant est librement adapté de l’exploit de Hugh Glass. En 1823, ce pionnier américain mourant se retrouve abandonné par ses hommes dans un Dakota du Sud encore sauvage. Ça, c’est l’histoire réelle. Et Iñárritu prend ce point de départ pour raconter sa propre histoire de survie, son propre voyage initiatique qui confronte l’homme à la nature puissante et sans pitié.

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Car The Revenant, ce n’est pas un biopic, ni même un film d’aventure. C’est avant-tout un voyage initiatique, quasi-christique même, qui malmène Glass jusqu’à la toute dernière seconde. Une histoire de survie métaphysique avec un Hugh Glass qui ferait passer Bear Grylls pour un touriste néerlandais perdu dans le Puy-de-Dôme. Car ici, Glass, comme le spectateur, devra survivre à ce périple aussi bien mental que physique.

Voyage au bout de l’enfer blanc

Iñárritu aime les plans séquences. Ça tombe bien, il est plutôt doué dans ce domaine et nous en sert des magnifiques tout le long de son métrage. D’ailleurs, dès l’ouverture du film, il nous en offre un de grande classe. Le spectateur n’assiste pas seulement à une scène d’action sauvage d’une violence inouïe, il l’a ressent même de l’intérieur, à hauteur d’homme. Il fait partie de ces pionniers américains pris en tenaille par les indiens bien décidés à protéger leur territoire.

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Un territoire, justement, filmé d’une manière magistrale. Iñárritu a fait le choix de légèrement déplacer le périple de Glass. En plus des plaines infinies du Dakota, le réalisateur nous sert des Montagnes Rocheuses à la fois majestueuses et dangereuses. Des paysages qu’Iñárritu prend le temps de nous faire admirer et qui sont sublimés par la caméra de Lubezki, son directeur de la photographie.

Filez lui son Oscar !

Avant même sa sortie, The Revenant a fait beaucoup parler de lui pour son tournage herzogien. Un tournage titanesque de neuf mois au Canada et en Patagonie, entièrement réalisé en pleine nature, et sans éclairage, Lubezki ne souhaitant qu’une lumière naturelle. L’équipe a été malmenée par le vent, la pluie, le froid. Et le tout se ressent à l’écran. Quand DiCaprio en chie, il en chie réellement. On grelotte, on souffre et on a des hauts le cœur en sa compagnie. L’acteur a déclaré que The Revenant était le tournage le plus compliqué de sa carrière, et cela s’en ressent.

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Malgré ses difficultés, DiCaprio est impérial en Hugh Glass. Une prestation qui calmera tout Hollywood par sa pureté et sa sincérité. Une interprétation sauvage, vraie, parfois tellement extrême qu’elle fera détourner le regard aux moins courageux. Impossible également de ne pas évoquer Tom Hardy, le personnage le plus intéressant du film avec son aspect miteux, son parler texan, sa croyance très personnelle et sa lâcheté dissimulée sous un air de gros dur. Saluons également les autres acteurs, comme Gleeson, Poulter, Joner… tous maîtrisent leur partition.

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Trip métaphysique

Pour autant, The Revenant n’est pas parfait. Dans cette fresque de 2h35, il y a quelques coups de mous. On peut par exemple noter un trip méta un peu trop poussé en milieu de film. Une longue séquence, certes maîtrisée, mais qui perdra les spectateurs les moins préparés. Si la nature est magistralement filmée, Iñárritu s’attarde parfois trop longuement sur le sujet, au point de casser le rythme de sa propre histoire. De même, certaines séquences auraient gagné à être moins longuettes, de moins tourner autour du pot.

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Mais là on chipote.

Verdict

The Revenant est grand, The Revenant est beau, The Revenant prend aux tripes. Pas forcément l’oeuvre la plus maîtrisée d’Iñárritu, c’est en tout cas sa plus ambitieuse, sa plus sincère. Une oeuvre qui marquera le cinéma par son parti pris ultra-réaliste (à l’écran comme sur le tournage), par sa beauté et par la prestation complètement démente de DiCaprio. Un voyage sans concession qui vous mènera aussi bien dans la nature sauvage que dans les confins de votre conscience.

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15 commentaires
  1. Un scénario banal à souhait.
    “Une histoire de survie métaphysique avec un Hugh Glass qui ferait passer Bear Grylls pour un touriste néerlandais perdu dans le Puy-de-Dôme. Car ici, Glass, comme le spectateur, devra survivre à ce périple aussi bien mental que physique”
    Encore heureux que Bear Grylls ne se met pas en danger physiquement et mentalement.
    Mais je ne suis pas d’accord le coté trappeur/survis ne m’a pas surpris si vous avez traîné sur la tnt et vu Bear Grylls alors ça ne devient que du déjà vu, dommage. Le climax du déjà vu étant, pour moi, le coup de la carcasse (cf. l’épisode du chameau).
    J’ai l’impression d’un mélange de man vs wild et Valhalla rising..

    Je serais déçut qu’il gagne un Oscar pour ce film, ou pour compenser des autres années..

    1. D’accord et pas d’accord avec ton avis Keiith.
      Le film est effectivement banal, voir même assez longuet et prévisible… Presque chiant.
      Mais le jeu d’acteur de Monsieur Dicaprio vaut le détour. On souffre et on vit cette histoire avec et grâce à lui. Il mérite l’oscar même si c’est un prétexte pour le récompenser pour l’ensemble de sa carrière.

  2. Keiith -> Je n’ai pas vu le film mais comparer un jeux d’acteur avec un alpiniste et ancien soldat des forces spéciales n’est pas vraiment crédible. A entendre les critiques je pense surtout qu’ils ont voulu faire en sorte d’amener le plus d’émotion auprès des cinéphiles. Je pense que le pari est gagné ! Ensuite, dire que Léo ne devrait pas gagner l’Oscar c’est hypocrite quand on regarde le reste des nominés ! Léo c’est comme le vin plus les années passent et plus il choisit avec minutie ces rôles sur lesquels ont voit réellement qu’il prend du plaisir, suffit de voir Le Loup de Wall Street ou Django. Je ne vois pas trop ce qu’il pourrait faire de plus pour gagner un oscar …Peut-être un film plus sérieux mais il a déjà fait J. Edgar qui était pas mal du tout, même si la bio pour moi ne valait peut-être pas la peine de faire un film.

  3. @selyos : Pour gagner un oscar il ne suffit pas d’être bon, il faut être le meilleur de l’année. Pas de chance pour lui il y a toujours une prestation toujours plus impressionnante tous les ans.

  4. Je l’aime ce mec. Depuis Éclipse totale, pourtant film moyen … mais un coup de foutre c’est comme ça.
    Hâte de voir ce film. Ce mec est un génie du cinéma. Ouais j’assume mon côté groupie.
    Merci de donner encore plus envie de voir ce film.

    1. lol , Désolé c’est puéril et c’est certainement encore un coup du correcteur d’orthographe… Mais “le coup de fouTre” … You made my Day ! Je suis plié de rire ! 😀

      1. Outch. C’est probablement un lapsus de ma part. En même temps … pourquoi nier ? :p
        Heureux d’avoir pu te faire rire 😉

  5. Comme on le disait sur un autre site, ce film est surtout sur une impression, du principalement au fait que les gens qui parlent du film ne savent en réalité pas de quoi il s’agit. Les gens parlent du film pour définir une ringardisation d’un produit, ou l’arrêt du suivit de la part du realisayeue, qui pourtant ne rend en rien le film obsolète.

  6. Bon , c’est vrai qu’il s’agit d’un avatar de “Jeremiah Johnson”, le film de Pollack où Robert Redford est lumineux !… On retrouve l’incandescence de la légende de Davy Crockett, ranimée par Hugo Pratt dans sa série bd “Sergent Kirk” … Une erreur cependant : en 1823, au Wyoming , on trouvait peu de chevaux , à la différence du Montana !…

    https://thorvaldaventure.wordpress.com/2014/09/09/quatre-trappeurs-libres-font-route-vers-le-rendezvous/

  7. Pas d’accord avec cet engouement général, le film est beau, techniquement maîtrisé, les acteurs sont excellents chacun dans leurs rôles, mais c’est tout, le film est plat, l’histoire de vengeance est éculée, seule la violence, crue, exagérée et souvent gratuite permet au spectateur de rester réveillé. Dommage, après l’excellent Birdman.

    PS: Pouce levé pour Tom Hardy.

  8. “Pas forcément l’oeuvre la plus maîtrisée d’Iñárritu, c’est en tout cas sa plus ambitieuse, sa plus sincère.”
    Euh…
    C’est extrêmement bien maîtrisé justement.

  9. DiCaprio joue clairement bien son personnage, et c’est un peu ce qui m’a fait tenir 2h30, en revanche le film en lui-même est juste chiant a souhait. Longuet c’est un euphémisme… sans compter que le scénario est franchement bancal et – sans spoiler – certains éléments en première partie de film sont juste complètement absurdes.

  10. Vu comme j’ai trouvé Birdman chiant, je vais éviter de m’infliger son dernier film en salle, surtout au prix exorbitant des salles près de chez moi. Quant au talent d’acteur de Di Caprio, ça fait quelques années déjà qu’il m’a convaincu, contrairement a Iñárritu que je trouve jusqu’a present pompeux, égocentrique, amer et surfait.

Les commentaires sont fermés.

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