Le revenge movie, ou film de vengeance dans la langue de Frédéric Diefenthal, est un genre tellement usé à Hollywood que ChatGPT doit avoir assez de matière dans sa base de données pour en écrire dix encyclopédies. Mais c’est également un genre qui connaît toujours un certain succès, il n’y a qu’à voir les franchises que la mort du chien de Keanu Reeves ou le kidnapping de la fille de Liam Neeson ont fait prospérer.
Cependant, il s’agit, dans la grande majorité, de films qui ont davantage mis en avant la figure masculine comme distributeur de couronnes mortuaires, comme si la femme n’avait pas la force de jouer des coudes dès lors qu’on s’en prenait à sa famille, et devait se contenter d’attendre sagement à la maison que tout rendre dans l’ordre. Quentin Tarantino avait apporté une excellente réponse à ce diktat patriarcal avec Kill Bill, Niki Caro entend faire de même avec The Mother.
Évidemment, même si cette nouvelle production Netflix n’est pas déplaisante, il serait hypocrite de vouloir la comparer au diptyque de Tarantino. Néanmoins, on ne peut lui nier une filiation directe : à l’image d’une Uma Thurman simplement désignée comme La Mariée, Jennifer Lopez n’a pas non plus besoin d’un nom, c’est juste une mère. La Mère. Et pour ceux qui veulent s’en prendre à elle, ça va être une vraie mère à boire.
En voulant dénoncer les agissements de deux ex-amants dangereux (Joseph Fiennes et Gael Garcia Bernal) au FBI, Jennifer Lopez, enceinte, échappe de peu à la mort. Après l’accouchement, le FBI lui fait une offre : se faire oublier et renoncer à ses droits parentaux afin que sa fille bénéficie du programme de protection des témoins. Douze ans plus tard, grâce à l’aide d’un agent qu’elle a sauvé, elle comprend que sa fille a été retrouvée par ses ennemis qui veulent l’utiliser contre elle. Ils devraient savoir qu’on ne touche pas à l’enfant d’une mère.
C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mère qui tue l’homme
La première chose qui intrigue dans The Mother, c’est son équipe. Niki Caro (le film live Mulan de Disney) à la réalisation, accompagnée de Misha Green (Lovecraft Country), Andrea Berloff (N.W.A. : Straight Outta Compton) et Peter Craig (The Batman) au scénario. Une équipe presque entièrement féminine au c.v. impressionnant, de quoi forcément attiré l’attention sur ce projet Netflix.
Une collaboration qui permet à The Mother de sortir du lot des productions d’action qui ne finissent plus de remplir le catalogue de la plate-forme de streaming, notamment par son approche sincère à la fois du genre et de la figure maternelle. Il y a la volonté de signer quelque chose de propre visuellement, avec une première heure tournée particulièrement sur l’action où on a droit à tout le manuel du film de vengeance. C’est costaud et efficace à défaut d’être original.
Mais là où le long-métrage tire réellement son épingle, c’est sûr son personnage principal et son rapport à la parentalité. Il y a un vrai film dans le film où, entre deux cadavres, Jennifer Lopez doit appréhender son rôle de mère et ce que cela signifie dans sa relation avec sa fille, alors que rien ne la destinait à une autre fonction que machine à tuer. L’écriture, bien que toujours schématique, devient plus nuancée, plus profonde. Il a soudain conflit entre l’instinct maternel et l’instinct de protection.
Au détour d’une réplique, lorsqu’on lui demande lequel de ses deux ex-amants est le père, J-Lo répond : « Aucun des deux, c’est moi sa mère ». Tout le propos du film se tient dans cette phrase, assumant sa volonté de faire un choix narratif. Car tout du long, ni Joseph Fiennes et encore moins Gael Garcia Bernal n’auront une existence propre. Ils sont utilitaires, vides, jouant des stéréotypes de méchants d’un mauvais James Bond. Leurs motivations tiennent sur un post-it. Ils sont sacrifiés.
Et c’est là où The Mother commet son erreur majeure. Dès qu’on sort de la relation mère-fille, le film n’a plus rien à raconter et tente de justifier ses deux heures en bourrant d’action les trous scénaristiques. Il avait les atouts pour faire plus, aller plus loin. On en ressort frustrés d’avoir vu un film plaisant qui avait les capacités d’être un film génial.
Peut-être que cette ambition avortée a été dévorée par la présence de sa superstar à laquelle il fallait donner toute la lumière. Pour le coup, Jennifer Lopez rappelle sans mal qu’elle n’est pas taillée que pour les films romantiques, montrant une physicalité dure et froide qui n’attend que de s’adoucir. Un jeu d’émotions discret qui préfère jouer sur les regards et la gestuelle plus que sur des discours mielleux. Une anti-héroïne crédible dont la carapace meurtrière va se craqueler jusqu’à faire apparaître la mère aimante qui se cachait derrière. The Mother, c’est elle.
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Je suis d’accord avec cette analyse. Voir Jlo (dont je ne suis pourtant pas fan) dans ce registre est très plaisant : entre une mère qui se ressent louve mais qui n’a aucune idée de ce que veut dire le terme “maternité”.
Certes les hommes de cette histoire sont tous très (trop) transparent même si l’échange de regard entre elle et son “homme de confiance” au FBI lors d’une scène cruciale est juste époustouflant. Certes le film joue sur des ficelles maintes fois utilisées.
Certes ce film ne sera pas un “grand film” mais c’est un bon film. Je n’ai pas vu le temps passer en le regardant et rien que cela c’est déjà tellement appréciable.
Donc je le conseille car parmi toutes les daubes qu’on nous sort sur Netflix, ce film, lui, tient la route.
une belle daube oui
Encore une cochonnerie féministe à deux balle comme captain marvel, propagande et absurdité où les femmes ont plus de poil de les rares hommes à l’écran…
Mais faut dire que c’est bien sinon #meetoo bouh les vilains machos… absurde cette période.