Titulaire du Prix du Jury Jeunes au dernier festival de Gerardmer, The Jane Doe Identity avait des atouts à revendre dans l’océan de film d’angoisse à petit budget qui sort chaque année. D’autant plus que le reste de la sélection, composé de The Last Girl ou Grave, fut de bonne qualité. Le scénario, certes concis, mais pas dénué d’originalité, finissait de dresser une parfaite ébauche de bonne surprise.
Alors que le cadavre d’une jeune femme non identifiée arrive à la morgue, un père et son fils tous deux médecins légistes préparent son autopsie. Au fur et à mesure de cette dernière, ils sont témoins de plusieurs événements paranormaux. Ils comprennent alors qu’ils vont devoir plonger au plus profond de cette étrange Jane Doe pour trouver son secret. Si le body horror était mis à l’honneur lors de ce festival, The Jane Doe Identity tente de jouer sur un registre un peu différent. Dans une morgue aux allures de maison hantée, Ovredal met rapidement en place les éléments d’un huis clos prometteur. Brian Cox et Emile Hirsch se partagent tous les plans, entrecoupés du visage (et du corps) livide de Olwen Catherine Kelly.
Élément central de l’histoire, le cadavre est avant tout là pour renforcer l’aspect claustrophobique du récit. Visiblement inspiré par le cinéma polanskien des années 70, Ovredal s’en sert pour déporter la peur lorsque les deux protagonistes ne travaillent pas dessus. Les très nombreux gros plans laissent donc toujours planer une tension dans la salle principale, même quand les deux acteurs ne s’y trouvent pas. On ne sait donc jamais si ce corps dont on scrute les entrailles va se réveiller ou non.
Cette bonne idée est néanmoins largement entachée par le reste du récit. Au lieu de se consacrer sur Jane Doe, Ovredal s’amuse à mettre en scène un petit manuel des clichés du genre. Forcement bloqués dans leur office, les deux acteurs vont faire face à des événements paranormaux pour le moins attendus dans une morgue. Mais leur exécution est si classique qu’elle n’arrive jamais à étonner.
Chaque trou de serrure, bas de porte ou porte grinçante découle sur un jumpscare prévisible. C’est d’autant plus palpable que le réalisateur insiste lourdement sur l’aspect sonore dans ces moments. Le film tombe alors dans un huis clos assez basique, dont les ficelles n’étonneront que les néophytes.
Le casting, alléchant sur le papier, ne permet pourtant pas au récit de relever la tête. Le d’habitude (très) bon Brian Cox livre une prestation honnête, même si incomparable avec celle de Churchill qui sort quasiment au même moment. Emile Hirsch traverse lui aussi le film sans éclat, et n’arrive pas à faire ressentir la parentalité qui est censée lier les deux acteurs. Pire encore, il passe totalement à côté d’une scène se voulant dramatique dans le dernier tiers du film.
En ce sens, il est assez difficile de voir dans leur prestation une réflexion particulière sur leur rapport à la femme qui se trouve devant eux. Ce type de sous-texte est de toute façon balayé par un dénouement rapide et confus, qui se complaît dans un gore un peu vain.
Alors que des films comme It Follows, Don’t Breathe ou Get Out ont réussi à donner un coup de jeune au genre, The Jane Doe Identity n’est finalement pas la surprise attendue. Son esthétique plutôt soignée et sa principale idée de mise en scène n’arrivent pas à faire oublier le torrent de poncifs qui entoure le duo d’acteur. Les plus jeunes apprécieront peut-être les jumpscare lourdement assistés par la bande-son, mais l’ensemble ne s’extirpe pas de son statut évident de film de série B.
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Film d’“horreur” basé sur les jumpscare = caca.
C’est pas plus compliqué.
À partir du moment ou on est obligé de faire sursauter le spectateur pour lui faire peur, c’est qu’il n’y a pas grand’ chose derrière.
++
Depuis Scream (un film d’ado fun, qui signait un peu le retour du genre) les producteurs ont pensé que les jumpscares faisaient un film d’horreur.
Je diverge (alors qu’on devrait dire bite), mais ça a fait pareil avec Blair Witch et la caméra épaule : pendant 10 ans derrière on a eu droit à des films qui filent la nausée.
+++ (notamment pour diverge/bite, qu’est ce qu’on se marre).
Mais je tempère sur la camèra épaule : on a quand même eu de trés bons films, bien mielleurs que Blair Witch selon moi (Rec, Cloverfield.)
ça dépend comment c’est amené aux spectateur. Par exemple dans ‘Dans le noir’ je trouve qu’ils sont plutôt bien foutu.
Dans le noir, tout le monde est bien foutu…
non il est bon, il est original comparé aux merdes habituelles, le réal ne me déçoit pas encore une fois.
Troll Hunter c’est quand meme pas tip top, juste un peu surprenant
Quand je vois les 3 films que vous citez comme originaux, je me dis que j’irais le voir au final ce Jane Doe…
Car franchement je ne comprends pas tout ce battage qu’il y a eu autour de Get Out et qui aurait du être un indice sur ma réaction à avoir lors de la projection : l’idée, elle originale, est sous exploitée et on retombe dans les clichés classique de ce genre de films, mais en moins bien…aucune tension , aucune “peur”, un ennui total ! Mais pour faire comme tout le monde, il faut encenser et mettre un film très moyen sur un piédestal ….
C’était le même cas pour It Follows, une vraie déception, avec un pitch de départ particulièrement risible, mais qui avait au moins le mérite de distiller quelques moments de tensions et de gène, à la différence de Get Out!
Merci l’ami !
Get out est une purge sans nom.
Dire que j’ai payé 12€ pour cette bouse…
Rien dans ce film ne fait monter la pression. Le scénar est cousu de fil blanc.
Dès le départ tu sais comment ca va se passer.
je vous trouve un peu dur avec le film.
Je l ai vu et je trouve l’histoire sympa (sans compter que faire un huit clos sans des tonnes d effets speciaux, c est difficile) . Certes une fois que l on connais l intrigue , ça perds de son charme . Mais c’est a voir au moins une fois.