Depuis qu’il a fait ses premiĂšres armes derriĂšre la camĂ©ra avec son compĂšre Chad Stahelski sur John Wick, David Leitch a trouvĂ© dans la comĂ©die d’action son terrain de jeu prĂ©fĂ©rentiel, terreau fertile Ă toutes ses lubies, ses dĂ©rives, pour le meilleur comme pour le pire. Qu’il reprenne en mains les dĂ©lires super-zĂ©roĂŻques d’un mercenaire Ă grande gueule ou qu’il envoie Brad Pitt faire un petit voyage en train, on sent le bonhomme trĂšs Ă l’aise dĂšs qu’il s’agit de porter Ă l’Ă©cran un cinĂ©ma dĂ©complexĂ© flirtant ouvertement vers ce que les annĂ©es 90 ont pu nous offrir dans le genre.
L’homme aime marier allĂ©grement petite blague, rĂ©fĂ©rence mĂ©ta et dĂ©monstration virile dans un esprit bon enfant qui, s’il ne rĂ©volutionne le secteur, a le mĂ©rite de nous offrir un divertissement assumĂ©, non-exempt de quelques solides morceaux de pĂ©loche dans le tas. C’est peut-ĂȘtre lĂ , le plus grand exploit de David Leitch ; ne pas ĂȘtre le rĂ©alisateur le plus inspirĂ© ou le plus original du tiroir, mais celui dont la gĂ©nĂ©rositĂ© sincĂšre Ă dĂ©faut d’ĂȘtre bien fagotĂ©e finie toujours par nous emporter. Le type a beau nous sortir Ă chaque fois du blockbuster pop-corn industriel dont les promesses sont autant tenues que celles d’un homme politique, on l’aime bien et on se prĂ©sente au rendez-vous de chaque nouveau film.
The Fall Guy est dans l’exacte veine de tous ses prĂ©cĂ©dents longs. Colt Seavers (Ryan Gosling) est le cascadeur de longue date de la star Tom Ryder (Aaron Taylor-Johnson) et il prend Ă chaque jour de tournage tous les risques pour le film et les beaux yeux de Jody Moreno (Emily Blunt), aspirante rĂ©alisatrice. Sauf qu’un accident vient mettre le reste de sa carriĂšre en suspens. AprĂšs un passage Ă vide, il est engagĂ© pour reprendre le chemin des plateaux pour le premier film de Jody et retrouver l’acteur principal disparu. Mais prendre des coups, ça le connaĂźt.
Lisez notre critique de Bullet Train (oui oui c’est mon intertitre)
Avec The Fall Guy, David Leitch nous regarde droit dans les yeux, assumant qu’il n’a aucune raison de changer une recette qui gagne. Le long-mĂ©trage n’est qu’un prolongement de ce Ă quoi le rĂ©alisateur nous a habituĂ©, modifiant simplement l’histoire, les personnages et le dĂ©cor pour nous livrer la mĂȘme sauce cocktail action comique. Second degrĂ©, action sous stĂ©roĂŻde, hĂ©ros constamment en dĂ©calage… on aimerait parler d’un rĂ©alisateur fainĂ©ant incapable de se renouveler, sauf qu’en rĂ©alitĂ©, on sent que Leitch adore tellement sa petite formule qu’il prend un vrai plaisir Ă la revisiter Ă l’infini sans autre forme de cynisme.
On retrouve les mĂȘmes qualitĂ©s et les mĂȘmes dĂ©fauts que son prĂ©cĂ©dent au point on aurait presque envie de copier-coller notre avis sur ce dernier pour l’appliquer Ă un The Fall Guy qui cumule les poncifs et le dĂ©jĂ -vu, mais dont on ne peut reprocher la bonne ambiance et le divertissement qu’il procure. On peut rĂąler sur plusieurs points d’un scĂ©nario bourrĂ© d’incomprĂ©hensions, lever les yeux au ciel Ă chaque moment oĂč il enfonce des portes ouvertes, au final, on peut difficilement dire qu’on se soit laissĂ© gagner par l’ennui et qu’on n’ait pas trouvĂ© l’expĂ©rience distrayante. Leitch avait pour mission de nous cuisiner un blockbuster pop-corn drĂŽle et explosif, le livreur est arrivĂ© Ă l’heure et le repas fut copieux.
NĂ©anmoins, il y a deux axes sur lesquels The Fall Guy se dĂ©marque des prĂ©cĂ©dentes Ćuvres du cinĂ©aste, mal grĂ© bon grĂ©.
The Fall Guy and The Fall Girl
Principal argument de vente du film, la romance entre Ryan Gosling et Emily Blunt est malheureusement son plus gros handicap. La faute ne peut en revenir aux acteurs, tant les deux ont prouvĂ© maintes fois qu’ils excellaient dans la gimmick et le tempo comique. Ryan « plaquettes d’abdos » Gosling nous propose une prestation conjuguant le physique de son Gray Man et la clownerie de son Nice Guy et Emily Blunt surjoue dĂ©licieusement la Britannique faussement en contrĂŽle. Le duo prend un vrai plaisir sur le tournage et cela se ressent Ă chaque instant.
Non, le faux pas en incombe au scĂ©nariste Drew Pearce qui ne parvient jamais Ă donner une Ăąme Ă cette romance au-delĂ de son utilitĂ© purement narrative. Hormis un passage mĂ©ta oĂč la mise en scĂšne s’intĂšgre Ă la relation dans une sĂ©quence particuliĂšrement crĂ©ative, on ne ressent jamais la nĂ©cessitĂ© de l’affaire outre son apport drolatique â et encore, beaucoup de blagues sentent le recyclage. La chose est poussive et ralentit perpĂ©tuellement le reste, de sorte qu’on subit un rythme en dents de scie avec une impression de longueurs.
Bullet Train avait ainsi pour lui une simplicitĂ© que ne possĂšde pas The Fall Guy, cherchant bien trop pour son propre bien son petit truc en plus qu’il pense, maladroitement, se situer dans cette relation amoureuse qui ne prend pas. Et si elle ne prend pas, cela tient Ă©galement par le traitement inĂ©galitaire de ses protagonistes. Jody n’a d’intĂ©rĂȘt au scĂ©nario que parce qu’elle sert de moteur Ă Colt, de faire-valoir, alors que le personnage crie sur tous les toits qu’elle a autre chose Ă apporter, notamment sur l’envie du long-mĂ©trage de s’amuser autour de l’industrie cinĂ©matographique. Il y a une dissonance entre ce que les personnages sont censĂ©s incarner et ce que le script en fait. Bref, ça sonne creux, mais surtout, ça sonne faux.
Stuntman
The Fall Guy brille particuliĂšrement lorsqu’il convoque l’autre aspect du film : l’amour sincĂšre du rĂ©alisateur envers son ancienne profession. Qu’il joue l’exagĂ©ration ou qu’il pointe du doigt avec humour un manque de considĂ©ration pour ces hommes et femmes de l’ombre â aussi bien du cĂŽtĂ© de la star elle-mĂȘme que de l’industrie -, le mĂ©trage transpire l’hommage Ă ces gens que Leitch place littĂ©ralement au rang de surhommes invincibles.
En filigrane, le mĂ©trage dessine un corps de mĂ©tier oĂč la solidaritĂ© et la sĂ©curitĂ© priment, oĂč des personnes risquent leur vie tous les jours avec un taux de reconnaissance souvent minimum. Un milieu fait de codes, de petites astuces que le rĂ©alisateur maintient au cĆur de son rĂ©cit et de sa mise en scĂšne. Comme le prouve l’extrait making-of du gĂ©nĂ©rique final, David Leitch a privilĂ©giĂ© autant que faire se peut l’effet rĂ©el afin de se rendre compte du travail accompli au quotidien par ses anciens compagnons. Une marque de respect, d’honnĂȘtetĂ© qui fait que si The Fall Guy tombe plusieurs fois, le film arrive quand mĂȘme toujours Ă se relever.
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Ca donne pas envie, une sorte de Lacheau-like oĂč on fait toujours les mĂȘmes gags oĂč on utilise les mĂȘmes mecanismes… bof bof
Encore un pseudo remake d’une sĂ©rie cultissime que l’on bouzille complĂštement car on a aucune idĂ©e inovante et interessante, surement une pointe de fĂ©minisme et de wokisme pour pouvoir boucler son budget et voila la recette de 90% des productions actuelles, les autres n’Ă©tant pas traduites pour ne pas donner de mauvaises idĂ©es et l’envie de rĂ©flĂ©chir.
PrĂ©fĂ©rez plutĂŽt Drive de 2011 de Nicolas Winding Refn avec Gosling dans le rĂŽle du protagoniste, un bon film douĂ© d’une belle photographie, certains y ont ressenti de l’ennui et un prosaĂŻsme dans le scĂ©nario et dans les dialogues aprĂšs l’avoir vu, eh bien pas moi. Revisionnez-le, un classique du genre.
Cc
Il y a emilie blunt dedans alors j’irai voir.
Heuuuu… et sinon personne n’a relevĂ© que ce film est “sensĂ©” ĂȘtre une adaptation de la sĂ©rie “l’homme qui tombe Ă pique” ? Non ? Faut dire que c’est tellement Ă©loignĂ© que l’on se demande le lien, en dehors du nom du hĂ©ros et de sa profession… Bref…