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Critique The Fabelmans : quand le grand Spielberg filme le petit Steven 🎥

Lauréat de deux Golden Globes et grand favori de la prochaine cérémonie des Oscars, The Fabelmans est un film semi-autobiographique signé par un certain Steven Spielberg. Et quand le réalisateur en profite pour nous parler du septième art, on se tait et on regarde.

De son propre aveu, The Fabelmans traîne dans la tête de Steven Spielberg depuis ses dix-sept ans. Celui qui en a désormais soixante-seize et presque quarante films au compteur, dont bon nombre d’œuvres considérées comme majeures dans l’Histoire du septième art, s’est enfin décidé à mettre en images sa vie. Celle qu’il a vécu et celle qu’il a fantasmé.

© Storyteller Distribution Co., LLC. All Rights Reserved.

Conteur de l’enfance, conteur du cinéma, il ne fallait pas compter sur le réalisateur pour se livrer sans y ajouter une part de fiction. The Fabelmans peut se voir autant comme un film autobiographique que comme un teen movie à la sauce spielbergienne. On y suit la jeunesse de Sammy Fabelman dans les années 50-60, de sa découverte du grand écran à l’âge de six ans devant Sous le plus grand chapiteau du monde de Cecil B. DeMille jusqu’à la fin de sa période lycée.

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Un cadre qui surprendra peu les aficionados de l’homme tant celui-ci semble avoir pris un tournant particulièrement nostalgique depuis quelque temps, revisitant les polars des années 70 avec Le Pont des espions ou Pentagon Papers, son propre héritage avec Ready Player One et Le Bon Gros Géant, ou encore s’attaquant à un classique avec West Side Story. Qu’il décide de retourner dans son enfance maintenant semble dès lors tenir de l’évidence ; à voir pour la suite s’il s’agira d’une simple étape supplémentaire au sein de ce nouveau schéma de pensée ou d’une façon de boucler la boucle.

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D’autant que si le maestro continue de se positionner comme un génie de la mise en scène avec sa découpe du cadre, du montage, de la transition, offrant ainsi à The Fabelmans de très bonnes séquences comme lorsqu’un placard se transforme en salle de projection ; le Spielberg réalisateur se place ici en retrait du Spielberg scénariste, nous bouleversant davantage par sa capacité à mettre en avant sa narration que par son talent de faiseur d’images. Ce n’est pas une coïncidence s’il signe lui-même le scénario, chose qu’il n’avait plus fait depuis 2001 et son A.I. Intelligence artificielle.

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Le poids des mots, le choc des images

À ce titre, The Fabelmans est une opportunité pour Spielberg de revisiter le schéma familial et une adolescence que tout à chacun pourrait juger comme classique. Conflit parental, recherche de la reconnaissance paternelle, premiers émois amoureux, harcèlement… Si le cinéaste distille ses futures thématiques cinématographiques à travers son parcours personnel, il le fait avec la plus grande pudeur, préférant effacer son style derrière ses personnages.

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Dès l’introduction, le réalisateur va constituer ses Fabelman : un père rationnel, une mère rêveuse et au milieu, un petit Sammy s’éveillant à un art dont il ne comprend pas encore la puissance, mais qui l’attire inexorablement, obsessionnellement. Avec sa caméra, le jeune homme va commencer à ré-imaginer sa réalité ; transformant ses sœurs en momies avec du papier toilette, sa mère en ballerine à la faveur de la lumière des phares ; mais également se confronter à elle ; comme s’il ne pouvait échapper au réel. C’est ainsi qu’au détour d’une séquence magistrale où même la force créatrice à l’oeuvre ne peut camoufler les actes filmés, le garçon prend conscience de la notion d’adultère.

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Le réalisateur, le vrai, filme ces vies avec une immense tendresse, offrant à chacun un bel écrin où la moindre subtilité leur permet de briller. De l’oncle excentrique à la petite amie pieuse jusqu’au bout des ongles ; de l’ami de la famille partager entre l’amour et l’amitié au caïd antisémite du lycée ; de ce père au regard triste à cette mère au sourire triste. Et au milieu, un Sammy incapable de s’exprimer parti à la recherche d’un moyen de véhiculer ses émotions.

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Le cinéma avec un grand S

Et c’est ainsi que, sous nos yeux, Steven Spielberg invente le cinéma. Un peu à la manière d’un Tarantino ou d’un Chazelle récemment, le réalisateur a décidé de rendre hommage à cet art qui l’a vu naître et qu’il a lui-même fait évoluer plus d’une fois. Sous sa direction, voilà que la caméra devient objet thérapeutique, objet de vérité, objet de dialogue lorsqu’incapable d’avouer à sa mère sa découverte, il préfère lui montrer. Spielberg se désintéresse de l’industrie pour vénérer le matériau et lui rendre sa puissance évocatrice première.

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The Fabelmans est une ode à notre capacité de rêver, d’imaginer, de créer ; de refuser de se laisser arrêter par les moyens ou les hommes dès lors qu’on a l’envie et l’énergie de réinventer son monde. À la manière d’un réalisateur parvenant à signer l’un des plus grands films de requins sans requin.

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Mais conscient de sa réputation (justifiée) de créateur, Spielberg profite de cette introspection pour questionner également notre rapport à l’image. C’est là que la caméra devient aussi objet à mensonge lorsqu’on parvient à inventer le bonheur à travers un montage auquel on a gommé toutes les zones d’ombre. Ou lorsqu’on transforme la brute du lycée en Dieu olympien. Le cinéaste nous met en garde contre notre rapport au factice et veut nous pousser à aller plus loin que la pellicule, gratter derrière le vernis de l’image. Et qui sait, si on aime se raconter des histoires, peut-être que les histoires peuvent aussi prendre vie. Mais ça, on vous laisse le découvrir.

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Notre avis

The Fabelmans fera-t-il partie des incontournables de la filmographie de son auteur ? Peut-être pas, tout simplement parce que Steven Spielberg a légèrement délaissé la forme pour le fond et qu'en se réappropriant son histoire, il prend le risque de laisser de côté ceux qui en aurait cure ; néanmoins, il n'en demeurera pas moins comme un film charnier de sa carrière, mettant à nu sa vie comme sa vision du cinéma avec maestria. Ironie du sort, c'est en nous invitant à suivre ses pas que le réalisateur creuse encore la distance.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 10 / 10
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