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Critique The Dropout : l’histoire d’un scandale à vous glacer le sang

Disney + nous propose de découvrir l’arnaque du siècle qui aura mis toute la Silicon Valley à feu et à sang. Critique.

Le “true crime” a la côte sur les plateformes de streaming. Inventing Anna, Dopesick et WeCrashed , ce sont tant de séries et films du genre qui ont fait leur apparition dans les différents catalogues SVOD depuis le début de l’année. Ainsi, il n’est pas surprenant de découvrir une série adaptée du plus gros scandale de l’histoire de la Silicon Valley faire son apparition sur Disney+.

Alors que l’affaire Theranos n’est sans doute pas aussi médiatisée en France qu’outre-Atlantique, le procès d’Elizabeth Holmes, fondatrice de la start-up américaine qui visait à révolutionner les tests sanguins, touchait à sa fin le 12 janvier dernier. L’ancienne CEO était alors accusée d’escroquerie et d’avoir mis en danger la vie d’autrui. Elle n’a pas été rendue coupable de tous les chefs d’accusation, mais sa peine qui sera prononcée en septembre prochain pourrait se porter à plusieurs dizaines d’années de prison.

Comment cette jeune entrepreneuse pleine de rêves et d’espoirs en est-elle arrivée là ? Disney tente de mettre en lumière les moindres détails de cette histoire invraisemblable qui a su piquer notre intérêt.

Capture d'écran de la série The Dropout montrant le logo Theranos se trouvant à l'extérieur du siège social, ressemblant de façon identique au logo qui s'y trouvait réellement
© Disney / Hulu

Tout commença par un mensonge

La force de The Dropout réside dans l’intensité de son récit inspiré de faits réels. L’histoire suit celle d’Elizabeth Holmes, une jeune femme pleine d’ambition et d’espoir qui se retrouvera au cœur d’un scandale impliquant son entreprise et ses actions. La série nous en apprend rapidement plus sur le parcours scolaire de la future CEO de Theranos, afin de comprendre comment l’idée révolutionnaire qui mènera Elizabeth à sa perte lui est-elle venue. À seulement 19 ans, elle fonde sa propre start-up avec un but précis en tête.

Son objectif : simplifier les analyses sanguines en proposant une machine capable de réaliser toute une batterie de tests à partir d’une seule goutte de sang pour éviter les aiguilles qui en terrifient certains. Ce beau projet avec pour vocation de changer le cours de la médecine était malheureusement trop ambitieux et relevait plus du rêve que d’une réalité. Le besoin de réussir de la jeune Elizabeth la poussera à tout faire pour y croire, quitte à s’enfoncer dans ses propres désillusions. Le premier test de sa machine est alors falsifié, le début d’une longue série de mensonges qui finira par faire condamner la start-up qui se voulait révolutionnaire, et fera couler le sang sur les mains de sa créatrice.

D’emblée, la série fait très bien les choses pour mettre le spectateur dans le bain même sans aucune connaissance préalable au sujet de cette affaire historique. L’enchaînement de scènes recréant le procès d’Elizabeth Holmes et de scènes retraçant son passé permet d’immédiatement marquer le contraste entre la jeune fille et la future entrepreneuse déchue. Dans le visage et dans la voix, tout semble différer et crée alors de l’appréhension sur ce que nous allons découvrir dans les épisodes suivants, car c’est à se demander ce qui a pu la transformer autant. Cette mise en scène nous faisant rapidement voyager entre le passé et le futur permet un investissement instantané dans l’histoire et est indéniablement l’un des points forts de cette série. Le plus marquant reste malgré tout le jeu de l’actrice principale qui nous transporte directement dans l’esprit de la jeune entrepreneuse.

Amanda Seyfried méconnaissable

La série a le mérite d’être portée par la performance incroyable d’Amanda Seyfried. Loin de ses précédents rôles comme Sophie dans Mamma Mia ou encore Anita Lesnicky dans Jennifer’s Body, l’actrice arrive à jouer Elizabeth Holmes à la perfection à chaque étape de son parcours. Sa performance brille tout particulièrement dans la manière dont elle arrive à changer le caractère et la façon de paraître du personnage, morceau par morceau. Ces changements sont souvent représentés dans des scènes où l’on voit Holmes essayer d’imiter de grands CEO tels que Steve Jobs ou Bill Gates devant un miroir ou un poster. Celle-ci fait tout pour leur ressembler, des mimiques du visage à l’intonation de voix. On observe alors une vraie métamorphose presque effrayante au fur et à mesure que la jeune femme avance vers son objectif.

Bien que ces scènes soient attribuées au besoin d’Elizabeth de se faire une place dans la Silicon Valley en tant que femme, la façon dont Amanda Seyfried joue dans ces moments semble bien plus forte que ce simple symbolisme. L’actrice principale et son jeu sont la force majeure de cette série parce qu’elle arrive à s’approprier le personnage jusque dans ses moindres détails. La direction que prend le personnage d’Elizabeth dans la série, dans ses comportements et sa façon de parler et de s’adapter aux situations en public rappelle des actions qu’on attribue souvent aux personnes neuro divergentes sur le spectre de l’autisme.

Pourtant, les professionnels de santé qui ont pu côtoyer Elizabeth affirment le contraire, et elle n’a jamais été diagnostiquée comme étant sur le spectre. Cependant, les médias se sont toujours interrogés sur sa capacité à instrumentaliser son image de petit génie pour paraître telle une copie de Steve Jobs. Les grands CEO de la Silicon Valley sont souvent décrits comme étant atteints de TDAH ou d’autres troubles du comportement qui seraient, pour beaucoup de médias, la force de leur esprit qui pense “out of the box. Il n’est pas impossible d’imaginer qu’Elizabeth essayait alors d’émuler un tel comportement pour passer pour ces autres grands gagnants de son domaine. Les éléments les plus flagrants restent tout de même le regard, l’intonation et le rythme de parole qui sont reproduits à un tel niveau de perfection dans la version originale que cela en est presque déroutant.

Un rythme inégal

Outre la performance d’Amanda Seyfried qui permet à elle seule de porter la série entière, le défaut principal de celle-ci reste malheureusement le rythme inégal de sa narration. La série commence fort dès les premiers épisodes qui suffisent à nous prendre aux tripes et à nous mettre au cœur du stress qu’imposent les mensonges d’Elizabeth Holmes. Cependant, une fois que les premiers échecs masqués de Theranos nous sont dévoilés, plus rien n’est là pour nous surprendre. Dès l’épisode 3, la jeune CEO semble déjà au plus bas et le rythme s’essouffle.

Cet étrange ascenseur émotionnel laisse alors une impression d’ennui sur quelques épisodes, jusqu’à ce que la pression remonte enfin dans les derniers moments. La série arrive d’ailleurs à très bien dramatiser les événements finaux en utilisant tout un arsenal de techniques cinématographiques. Des scènes d’action et de stress amplifiées par une bande-son intense permettent notamment de rattraper le manque d’adrénaline instauré par les épisodes médians. Mais cette narration frénétique qui prend place sur les derniers épisodes laisse apparaître un développement que l’on sent comme fortement scripté en comparaison au reste de la série, nous sortant donc un peu de l’ambiance biopic et documentaire du reste de l’œuvre. C’est notamment le cas des scènes de disputes que l’on imagine facilement comme fictives. Bien qu’il soit nécessaire d’avoir des scènes où le sang des personnages ne fait qu’un tour pour montrer l’ampleur des erreurs qu’ils ont commises, ces scènes surjouées font rapidement perdre en authenticité. Le côté “faits réels” se perd alors et l’on s’en retrouve déstabilisé.

Malgré tout, découvrir le scandale Theranos d’un point de vue interne arrive à faire son effet sensationnel. La série parvient à nous déconcerter au point de remettre en doute la véracité de cette histoire rocambolesque qui a fait trembler la Silicon Valley et l’industrie de la médecine aux États-Unis. The Dropout arrive alors à faire le travail qu’on lui demande, c’est-à-dire retranscrire l’une des plus grandes arnaques au monde au travers d’une narration pour le grand public, et bien que celle-ci ait ses hauts et ses bas, la formule reste efficace et arrivera sans aucun doute à marquer les esprits.

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Notre avis

Inspirée d’un podcast d’ABC News, The Dropout arrive à porter sur le petit écran une histoire bien complexe qui aura fait du mauvais sang à toute la Silicon Valley. Loin d’être parfaite, la série réserve tout de même quelques bonnes surprises, comme la performance impressionnante d’Amanda Seyfried. The Dropout grave alors une bonne fois pour toutes ce scandale historique dans le commun de la pop culture et ne fera pas oublier de si tôt les dommages qu’ont pu causer Elizabeth Holmes et sa start-up maudite.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 7 / 10

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