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[Critique] The Disaster Artist : Anatomie d’un désastre

Considéré comme un des pires films de tous les temps, The Room fait l’objet d’un culte depuis plus de dix ans. Tant et si bien que James Franco et sa bande ont décidé d’en raconter la genèse. Était-ce bien nécessaire ?

The Disaster Artist a mis plus d’un an à arriver dans nos contrées. Dans l’hexagone, cette frilosité peut néanmoins se comprendre. Si The Room, le Citizen Kane des mauvais films jouit d’une véritable réputation outre-Atlantique, c’est un peu moins le cas en France bien qu’il reste un sujet de débats passionnés entre adorateurs de nanars.

Conscient de la portée plus ou moins limitée de son matériau original, James Franco tente d’insuffler une universalité à l’histoire qu’il raconte. Il s’adresse donc à un public beaucoup plus large, quitte à ne rien apprendre de nouveau aux fans inconditionnels.

Tommy Wiseau (James Franco) est un homme passionné, qui décide un beau jour de réaliser un film avec ses propres fonds. Accompagné de son acolyte Greg Sesteros (incarné par Dave Franco), il écrit, produit et met en image The Room, un drame basé sur un triangle amoureux où il tient également le premier rôle. Le résultat est si scandaleux qu’il provoque l’hilarité des spectateurs. The Disaster Artist retrace la création de cette œuvre venue d’ailleurs, visiblement très appréciée par la bande à Seth Rogen.

Si ce film fascine autant les amateurs, c’est avant tout car Tommy Wiseau est un homme à part. La première partie du métrage nous le rappelle en dressant le portrait d’un gentil marginal, qui croit dur comme fer dans l’American Dream qu’il voit sur les panneaux publicitaires. Parfaitement maquillé, James Franco livre une prestation ahurissante. Ici encore, ceux qui ne connaissent pas le véritable acteur y verront du cabotinage, mais l’acteur est littéralement devenu Wiseau.

Le rire, la diction décousue, les minauderies absurdes sont bien ceux de l’acteur autoproclamé. Franco ressent d’ailleurs le besoin d’insister pendant de longues minutes en diffusant en miroir des scènes du film comparées à celles rejouées par ses soins. Un choix didactique qui souligne la volonté de dépasser la base de fans initiale.

Hélas, on ne peut pas en dire autant pour son frère Dave, qui n’arrive jamais à pleinement faire ressentir la gêne que le tournage d’un tel film a pu provoquer chez Sesteros. L’impact que ce dernier a eu sur sa carrière et sa vie privée est ici quasiment éludé. Cette relative déception s’estompe néanmoins quand le tournage du long-métrage se met en place, du casting jusqu’à sa réalisation. Filmé comme un faux making-of, ce dernier se transforme alors en une série des sketchs désopilants, que ne renierait pas Judd Appatow.

James Franco s’en donne à cœur joie et utilise son propre égo (il est lui aussi producteur, réalisateur et acteur principal !) pour incarner ce cinéaste raté, mais fascinant. Il faut le voir demander à une aspirante actrice de jouer Shakespeare « en version sexy » pour s’en convaincre. La mise en scène relativement discrète force le spectateur à se focaliser sur cet étrange bonhomme, dont l’équipe de tournage se demande sans cesse qui il est vraiment.

Comme porté par une volonté de ne pas froisser son modèle, James Franco conserve l’aspect cryptique qui l’entoure depuis toujours. Qui est-il ? Quel âge a-t-il ? D’où viennent ses fonds infinis ? Autant de questions sans réponses, qui alimentent une forme d’hommage au “Mystère Wiseau”. Un choix de narration qu’on aurait aimé se voir justifié par un regard plus tranché sur ce dernier.

Tout en conservant son ton humoristique, cette comédie aurait pu explorer l’histoire méconnue d’un homme visiblement mené par son hubris, et absolument incapable de se remettre en question. Un axe de réflexion qui aurait permis aux amateurs de plonger plus en profondeur dans la psyché saugrenue de cet Ed Wood au rabais. Ici, le portrait de ce doux dingue permet surtout à Hollywood de se racheter une conscience, notamment grâce à une happy end bardée de caméos de vraies stars. Heureusement qu’il nous fait beaucoup rire en passant.

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Notre avis

The Disaster Artist ne sait pas toujours sur quel pied danser, ni à quel public s'adresser. Porté par un formidable James Franco, il arrive néanmoins à retranscrire la création pour le moins rocambolesque d'un film qui n'aurait jamais dû voir le jour. Si les néophytes ne saisiront peut-être pas toutes les anecdotes qui défilent à l'écran, ils découvriront avec un vrai amusement l'univers d'un personnage à part dans le cinéma... Et partout ailleurs

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
5 commentaires
  1. J’ai trouvé ce film dégueulasse, un sous Ed Wood à la gloire de James Franco (en ce sens oui il se rapproche de Wiseau). Je suis bien plus en accord avec la chronique de Nanarland sur ce coup.

  2. y a un intérêt à voir cette chose? à la base le film dont on se moque est culte uniquement aux US non? du coup le livre dont est issue "potentiellement" le film n’est qu’une manière de rappeler à quel point c’est "merdique" et que les gout américain sont encore une fois à désirer.

  3. Je l’ai vu aujourd’hui et franchement, c’est assez drôle de par le fait que c’est une histoire vraie.
    Tommy Wiseau est un extraterrestre très malaisant..

    Par contre, raquer 10 balles pour le voir au ciné c’est non..

  4. Culte pas que aux US: ils ont diffusé The Room au grand Rex à Paris le mois dernier, c’était  rapidement sold out. Il y a donc pas mal d’amateurs en France, et je conseille de le regarder à quiconque possède une bonne tolérance au malaise. The Disaster Artist, par contre, n’a que très peu d’intérêt.

Les commentaires sont fermés.

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