Deux ans, c’est long. Depuis 2022, The Boys se fait attendre. Malgré une année de césure couronnée de succès à Godolkin, la saison 3 nous avait laissés dans une Amérique fracturée, où s’opposaient les adeptes conservateurs d’un Homelander de plus en plus dangereux, et le nouveau combat de Starlight face à la toute-puissance de Vought. La saison 4 ambitionnait donc de répondre à plusieurs questions restées latentes, tout en questionnant des enjeux politiques de plus en plus pressants. Pour le retour de sa poule aux œufs d’or, Prime Video diffusera une première salve de trois épisodes ce 13 juin 2024, avant d’opter pour une diffusion hebdomadaire. Les Boys ont-ils réussi leur quatrième rentrée ? Critique garantie sans spoiler.
The Boys saison 4 est sur Prime Video
Rien ne va plus chez les Boys
Sans spoiler la saison qui arrive, la nouvelle saison de The Boys débute par plusieurs nouvelles intrigues majeures. Rien ne va plus chez les Boys : Butcher est à l’article de la mort après avoir abusé du Composé V frelaté, et il n’a plus que quelques mois pour mener sa mission avant de passer l’arme à gauche. Son obsession pour Homelander l’a poussé à trahir tout le monde, et surtout les gens qu’il aime. Résultat, ses coéquipiers le détestent, et son beau-fils joue les familles parfaites avec l’ennemi. De son côté, Stella a quitté les Seven pour devenir la porte-parole des opprimés, face à la force de frappe tentaculaire de Vought. Reste que la jeune femme a encore bien du mal à assumer son nouveau statut d’icône.
Chez l’ennemi, ce n’est pas beaucoup mieux. Homelander est en pleine crise existentielle. Le super-héros mégalo assume désormais publiquement ses prises de positions conservatrices, et cela semble fonctionner, puisqu’il rassemble de plus en plus de fidèles dans son sillage. Du côté des Seven, le départ de Stella et la mort (officielle) de Maeve ont obligé Vought à recruter de nouveaux visages. C’est donc Firecracker, une complotiste obsédée par Stella — sans qu’on sache encore pourquoi — et Sister Sage, autoproclamée personne la plus intelligente du monde, qui viennent compléter les rangs de la bande super-héroïque. Pas sûr que leur présence ne parvienne à calmer le jeu d’une Amérique de plus en plus divisée, où les partisans de Stella et de Homelander s’affrontent dans des manifestations de plus en plus violentes. À moins que l’objectif soit justement là ?
Un démarrage en douceur
La série d’Eric Kripke nous avait habitués au trash et aux combats survoltés. En 2022, la troisième salve d’épisodes avait d’ailleurs largement fait parler d’elle pour son utilisation déraisonnée de faux sang, autant que par la mise en scène de l’arc Herogasm, considéré comme l’un des plus explicites des comics originaux. Force est d’admettre que si la saison 4 s’est montrée plus discrète avant son lancement, c’est parce qu’il y avait moins à teaser. Les Boys ne sont pas encore devenus des enfants de chœur, mais le premier épisode signe un coup d’envoi timide, pas mauvais sans être mémorable, sans doute loin de ce qu’on espérait. Après deux ans d’attente, les personnages manquent de saveur et de poings dans la tronche. On en attendait peut-être trop.
Les nouvelles aventures de Frenchie, couplées au jeu très approximatif de Tomer Kapon peinent à convaincre, tant sur la forme que sur le fond. De leur côté, les premières images presque gaguesques entre le groupe de mercenaires et Victoria Neuman manquent parfois de cynisme et de violence. L’arrière-goût ferreux de bile et de sang qui restait latent sur les saisons précédentes semble avoir laissé place à un propos plus encadré. Dommage, c’est justement pour cela que les spectateurs avaient signé.
Ce premier avis à chaud est heureusement vite contrebalancé par la suite des évènements. À un premier épisode en demi-teinte, la nouvelle saison réplique dès l’épisode 2, en réajustant sa narration sur le triangle infernal formé par Butcher, Homelander et Ryan, et en rendant à The Boys toute sa dimension politico-satirique. L’épisode 3 confirme son changement de cap tardif, et nous rassure : The Boys saison 4 ne s’est pas pris les pieds dans le tapis, bien au contraire. Si la série a — pour le moment — décidé d’économiser ses galons de faux sang, elle ne rechigne jamais à coller des tartes en pleine tronche. La scène de la patinoire s’impose comme le point d’orgue de ce début de saison, en réunissant l’humour noir et le cynisme qui ont fait les grandes heures de la série depuis 2019. Notre visionnage s’arrête là, mais on a hâte de découvrir la suite.
La saison de la maturité ?
Le temps passe. Depuis 2019, Butcher, Hughie et la bande fracassent nos écrans à grands coups de rangers, sans (presque) jamais faiblir. Si les premiers épisodes suivaient de loin la trame dépeinte dans les comics, la série s’est définitivement affranchie de son ainée, et vole désormais de ses propres ailes. La saison 4 confirme ce positionnement nouveau, notamment à travers le personnage de Black Noire qui vient sonner le glas du schisme opéré avec son double de papier, rendant impossible tout retour en arrière.
Reste que pour cette quatrième salve d’épisodes, les personnages prennent définitivement leur indépendance, quitte à manger la poussière. Butcher troque son statut de leader cynique, et se transforme en vieil aigri, paumé et rongé par la colère. Condamné à une mort certaine, l’anti-héros de Garth Ennis ne sait plus sur quel pied danser, entre son désir de vengeance aveugle et l’espoir de sauver Ryan des griffes du Protecteur. Avant ce qui promet d’être un départ en apothéose, le personnage navigue en eaux troubles. S’il prend un sérieux coup de vieux, il n’a jamais été aussi profond que dans ces premiers épisodes, qui ont le mérite de réhabiliter (un peu) ses actions passées dans notre cœur.
Butcher n’est cependant pas le seul à vieillir. Confronté au temps qui passe, Homelander sombre peu à peu dans la folie. Alors qu’il commence à perdre pied, l’enfant gâté de Vought doit aussi assumer une paternité subie, et tente tant bien que mal de rallier Ryan à sa cause, avec l’objectif d’instrumentaliser jusqu’à l’existence de son fils biologique.
De leur côté, Frenchie, Kimiko et Hughie sont confrontés aux démons de leur passé. Sans être totalement dispensables, les intrigues secondaires de la saison 4 peinent pour le moment à faire le poids face à la force de frappe de Butcher et Homelander, qui s’imposent définitivement comme les personnages principaux de la série. Le duo formé par Antony Starr et Karl Urban est toujours aussi percutant, aussi bien sur la forme sur le fond. Dommage que cette alchimie se fasse au détriment des autres protagonistes, et notamment de The Deep (Chace Crawford) et A-Train (Jessie Usher), cantonnés à quelques ressorts tragi-comiques sur ce début de saison.
Un feu d’artifice en vue ?
En marge de son départ timide, et de ses protagonistes secondaires trop en retrait, The Boys saison 4 réussit à briller là où on l’attendait. L’épisode 3 en particulier, est un condensé de tout ce qui a fait le succès de la saga la plus trash de Prime Video. Des affrontements sanglants, une tension politique exacerbée, et une critique acide des démons de l’Amérique moderne… Toutes les cases sont cochées. La saison 2 avait eu droit aux nazis, cette nouvelle salve d’épisodes s’attèle à faire éclore une sphère complotiste et raciste décidément très actuelle.
Disponible dès le 13 juin sur Prime Video, la saison 4 de The Boys livrera ses trois premiers épisodes d’une seule traite, avant de passer à une diffusion hebdomadaire, jusqu’à la mi-juillet. Il faudra donc s’armer de patience avant de porter notre conclusion définitive sur la série. Après ce premier visionnage, on ne ressort pas totalement ébahis, mais pétris de sacrées promesses pour la suite. D’autant plus que plusieurs intrigues manquent encore à l’appel. Il faudra donc s’attendre à voir la narration s’accélérer encore davantage dès la seconde moitié de la saison.
The Boys saison 4 est sur Prime Video
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Ils se foutent tellement des USA d’aujourd’hui avec les trumpistes, complotistes et qanon, c’est très drôle.
Bisous au pizzagate au passage 🙂