Exit les super-héros justes et loyaux, symboles de moralité et d’altruisme, The Boys a redistribué les cartes dans le petit monde des adaptations de comics. En 2019, sur Prime Video, la série ouvrait les portes de son lore inspiré des bandes dessinées de Garth Ennis. Comme sur papier, les sauveurs du monde sont cruels, vaniteux et ne font pas dans la dentelle. Face à eux, une bande de hors-la-loi est bien décidée à mettre fin à leur impunité. Les boys menés par Butcher et Hughie vont s’attaquer des monstres d’acier et d’égo. Avec des méthodes bien à eux, les justiciers de l’ombre ont fait couler des litres d’hémoglobine en trois saisons sur la plateforme.
Alors qu’une quatrième salve d’épisodes est au programme des prochains mois, The Boys s’offre un premier spin-off en prise de vues réelles. Consciente de l’importance que revêt l’univers dans son catalogue, Prime Video entend bien multiplier les incursions aux côtés de ces super-héros. Cette fois-ci, la narration prend le chemin d’une université pour jeunes adultes aux aptitudes hors du commun.
Dans la très sélective Godolkin, chacun des étudiants se bat pour trouver sa place au classement des élèves les plus talentueux. Au fil des semaines, certains réussissent à gravir les échelons jusqu’à décrocher les contrats dans les meilleures villes. Marie fait sa rentrée en première année et attire déjà le regard de Vought International, qui dirige l’établissement à distance. Comme ses camarades, elle va néanmoins devoir naviguer entre sa vie étudiante, les responsabilités qu’implique un grand pouvoir et… la découverte d’un secret que l’établissement pensait profondément enfoui.
Sang pour sang teen
Il faut bien avouer que l’idée de voir la licence The Boys explorer le monde la fiction pour jeunes adultes n’était pas des plus rassurantes. Si la série mère profitait d’un ton irrévérencieux au possible et d’un goût prononcé pour le trash et la critique acerbe, ce spin-off aurait pu n’être qu’une tentative ratée de conquérir un nouveau public pour Prime Video. Après tout, les adolescents et les jeunes adultes sont les principaux consommateurs de séries sur les plateformes de streaming.
Néanmoins, Gen V semble avoir plus à offrir qu’une simple transposition des codes de la série d’Eric Kripke dans un contexte universitaire. Avec son récit, elle ambitionne de mettre en scène le passage à l’âge adulte à travers des dilemmes moraux, des situations dont elle seule a le secret et des métaphores à peine déguisées sur la quête d’identité, le poids de son héritage ou encore la violence d’une société qui confine ces héros au statut de modèles de perfection.
Dès les premiers instants, la série de Michele Fazekas, Craig Rosenberg et Tara Butters livre une séquence qui promet de faire date dans l’histoire du petit écran. Sans s’embarrasser de subtilité, le récit construit sa critique sociale aux côtés d’une nouvelle génération de justiciers que le public espère voir moins gangrenés par l’argent et la quête de célébrité que leurs aînés. À moins que… Gen V semble en effet se départir un peu du cynisme des comics pour immortaliser des personnages principaux plus moraux, attachants et torturés par leurs passés respectifs.
Dans les trois premiers épisodes que nous avons pu découvrir, le récit couvre de nombreux sujets devenus légions dans les productions “Young Adult”. L’accent est particulièrement mis sur le parcours de Marie, une marginale qui va peu à peu attirer l’attention de toute l’école par son talent pour la baston. Si l’approche n’est pas des plus originales — sous le vernis de la critique sociale, le premier volet accumule les lieux communs — Gen V a le bon goût de se contenter de quelques épisodes pour installer une intrigue principale autrement dense.
Car le cœur de la série est moins le récit d’une année scolaire dans cet établissement hors du commun, que celui d’une enquête menée par les protagonistes. Empire du divertissement, la multinationale se dévoile un peu plus à travers cette fois la manière dont elle forge ceux qui deviendront plus tard son fonds de commerce. Tous les étudiants sont des super-héros en devenir, dont l’entreprise tentaculaire pourra tirer profit financièrement une fois qu’ils auront terminé leur apprentissage. Ils sont l’élite d’une nation, et doivent naviguer entre les codes du vieux monde et l’envie d’un renouveau.
Dans un autre monde
Tout le cœur de cette nouvelle exploration de l’univers de Garth Ennis se trouve dans le rapport qu’entretiennent les étudiants avec leurs parents, et plus largement leurs aînés. Il s’agit de la première génération à avoir connaissance des origines de leurs pouvoirs. Les héros savent que leurs familles les ont offerts en cobayes à Vought en échange d’un gros chèque.
Avec des aptitudes aussi puissantes qu’incontrôlables entre les mains, ce sont pourtant eux qui en paient le prix. Le parallèle avec les problématiques contemporaines est assez évident. Sans véritablement les nommer, la série convoque des références à la crise climatique, sociale et économique qui frappe de pleins fouets les adulescents, qui doivent, eux aussi, composer avec un monde forgé par leurs aînés et qui court irrémédiablement à sa perte.
La narration adopte aussi parfois une échelle plus humaine en s’attardant sur les dilemmes de ces protagonistes pétris de complexes, attachants et qui répondent pour beaucoup à des archétypes du genre. C’est sans doute là que le bât blesse pour Gen V, qui ne parvient pas à s’extraire des poncifs du genre pour se réinventer tout à fait. La série se lance souvent dans une explication de texte qui aura tendance à lasser si la dernière née du catalogue Prime Video ne s’en défait pas rapidement. Elle effleure néanmoins des idées narratives particulièrement intéressantes, comme lorsqu’il s’agit de s’attarder sur une super-héroïne qui a le pouvoir de devenir minuscule.
Le talent des interprètes, à commencer par Jaz Sinclair qui campe Marie, permet tout de même de rendre la troupe attachante et de faire naître chez les spectateurs l’envie d’en découvrir plus. Trois petits épisodes ne suffisent pas encore à convenablement juger du chemin emprunté, il faudra sans doute en découvrir plus pour véritablement statuer sur la question. Mais en dehors de son positionnement, Gen V a autre chose à offrir.
Gare à l’overdose…
Une grande partie du succès de The Boys peut être alloué à la surprise qu’elle a provoquée chez les spectateurs. En s’inscrivant en totale opposition avec les stratégies de Marvel et DC, la série d’Eric Kripke se voulait être le pendant plus sombre et irrévérencieux du genre. The Boys devait tenir la comparaison avec les Avengers et la Justice League, là où Gen V sera irrémédiablement comparée à son aînée. Prime Video s’est d’ailleurs assuré que les liens de parenté entre les deux productions soient évidents, en invitant quelques Seven au détour de caméos. Si ces apparitions ne parasitent en aucun cas le récit, Gen V devra prendre garde à ne pas devenir exactement ce qu’elle avait l’ambition de parodier.
La mise en chantier de nombreux spin-offs, avec de nombreuses saisons, pourrait largement entacher sa réputation de “cool kid” à contre-courant de toutes les sagas blockbusters qui envahissent désormais aussi bien le petit que le grand écran. Bilan de ces premiers épisodes : bon trimestre, efforts à poursuivre, mais attention à ménager son auditoire. Une seconde saison a déjà été commandée, le passage à l’année supérieure est dans tous les cas assuré.
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Pour un début j’ai bien accroché parcontre faudra voir à revoir la série .
Wokisme de haut niveau
Pas 15 minutes sans qu’un homme blanc hetero ne soit ridiculisé.
Dommage car sans cette pathétique envie de faire du wokisme tendance, cette série aurait sûrement été bien.
Et c’est reparti pour les poncifs wokisme blablabla. Ça prouve que t’as rien compris à la série, même pas foutu de faire marcher tes neurones. Vous n’avez plus que ça à sortir ” wokisme par ici, wokisme par là”. T’es pas content t’y regardes pas. Tu ne l’as même pas regardé peut-être. Va prendre l’air au lieu de te ridiculiser.