Défi : essayez de passer une semaine (voire une journée) à lire des comptes spécialisés super-héros sur les réseaux sociaux sans tomber sur la moins originale des interrogatives : quel est votre Spider-Man préféré ? Tobey Maguire ? Andrew Garfield ? Tom Holland ?
Pourtant, depuis 2018, cet Ă©ternel dĂ©bat a connu un changement de formulation et, dĂ©sormais, on a tendance Ă parler non pas du masque, mais de celui qui le porte. “Quel est votre Peter Parker prĂ©fĂ©rĂ© ?”. Pourquoi ? Parce que depuis 5 ans, il n’y a plus qu’un seul et unique Spider-Man et qu’un autre Ă enfiler le costume : Miles Morales.
Lorsque Spider-Man : Into the Spider-Verse sort (sous-titrĂ© chez nous New Generation pour attirer le jeune public), personne n’est prĂ©parĂ© Ă la claque qu’il va prendre. Un film d’animation surfant sur la popularitĂ© toujours très haute d’un super-hĂ©ros qui a beaucoup trop changĂ© de visage dans ses versions live ? On pouvait craindre une Ă©nième tentative de capitalisation basique d’un distributeur connu pour n’avoir pas forcĂ©ment bien gĂ©rĂ© chacune de ses franchises autour de Spidey (annulation du quatrième volet de Raimi, du troisième The Amazing Spider Man, films solos sur des mĂ©chants du Tisseur sans ce dernier…).
Ă€ la sortie, le film fait Ă plusieurs mains met tout le monde d’accord, jusqu’Ă remporter l’Oscar du meilleur film d’animation. Une patte graphique poussant la 3D vers un univers inexplorĂ©, un nouveau hĂ©ros entourĂ© d’un concept audacieux riche et maĂ®trisĂ©, une mise en scène dĂ©fiant les lois de la physique… On ne se demande plus si Into the Spider-Verse sera un bon film consacrĂ© au Tisseur, on se demande s’il n’est pas le meilleur film consacrĂ© au Tisseur. Une longue introduction pour remettre les choses dans un contexte, car Spider-Man across the Spider-Verse n’a plus l’effet de surprise de son prĂ©dĂ©cesseur et il a Ă©galement la lourde tâche de tenter de le surpasser.
Spider-sens de la maîtrise
Une pression qui pèse dĂ©sormais sur les Ă©paules des trois nouveaux rĂ©alisateurs, Joaquim Dos Santos, Kemp Powers et Justin K. Thompson, toujours chapeautĂ©s par Phil Lord et Christopher Miller, ce dernier s’Ă©tant, cette fois, joint Ă son compère sur le scĂ©nario (avec Dave Callaham). Un stress Ă©vacuĂ© dès la fin du ballet des logos de production, car Spider-Man across the Spider-Verse semble n’avoir toujours eu qu’un objectif : dĂ©passer toutes nos attentes.
Pendant deux heures vingt, l’Ă©quipe nous livre un long-mĂ©trage Ă©blouissant, Ă©tourdissant, reprenant chaque point fort d’Into the Spider-Verse en les multipliant par cent, par mille. Un dĂ©luge de superlatifs Ă la hauteur de la dĂ©mesure d’un film qui n’a jamais eu l’ambition de se reposer sur les lauriers de son prĂ©dĂ©cesseur pour continuer Ă jouer la carte de l’audace sans aucun frein crĂ©atif.
Visuellement, ce Spidey tente encore de nouvelles choses, change rĂ©gulièrement de style d’animation, mĂ©lange les techniques, sature ses couleurs… il y avait un aspect très comics dans Into, ici on se rapproche plus d’une fois de l’aspect pictural. Mais loin d’ĂŞtre gratuite, cette diversitĂ© d’images permet surtout de raconter quelque chose sur un personnage ou un univers propre. Il offre Ă chaque plan, chaque scène sa propre identitĂ©, sa propre histoire.
Quel est votre film Spider-Man préféré ?
Une histoire bien plus dense que pour le premier opus. Notamment, parce qu’elle laisse davantage de place Ă l’entourage de Miles, Ă l’image de sa mère, mais Ă©galement parce qu’elle met en place un film dans le film en dĂ©veloppant l’arc personnel de Gwen. Elle y tisse sa toile en faisant quasiment jeu Ă©gal avec son jeune camarade, crĂ©ant ainsi une symbiose naturelle entre les deux hĂ©ros qui se rĂ©pondent.
Ă€ cĂ´tĂ©, les scĂ©naristes prouvent encore qu’ils maĂ®trisent autant la grande histoire de Spider-Man que les rĂ©cits intimes de ceux qui portent le costume. Le hĂ©ros, l’homme, la femme, la tragĂ©die et les responsabilitĂ©s, c’est une nouvelle fois un festival pour tous les amoureux du justicier du Queens, avec, Ă©videmment, une nouvelle belle fournĂ©e de clins d’œil qui rĂ©galeront les fans.
Est-ce les libertĂ©s offertes par l’animation ou le gĂ©nie de ses crĂ©ateurs, il n’empĂŞche que Spidey n’a jamais Ă©tĂ© aussi voltigeur, qu’importe sa version. Across the Spider-Verse joue avec la gravitĂ©, la physique, le haut et le bas dans une mise en scène qui met constamment Ă l’honneur les capacitĂ©s de l’AraignĂ©e. On pensait qu’Into the Spider-Verse Ă©tait une dĂ©claration d’amour achevĂ©e Ă Spider-Man, on n’avait pas vu qu’elle continuait au verso de la feuille et qu’il y avait encore beaucoup Ă dire, Ă montrer.
Une telle Ă©nergie ne pouvait pas s’accompagner d’un lĂ©ger bĂ©mol. En divisant cette suite en deux parties, le film s’handicape d’un problème inĂ©vitable : celui de, finalement, ne pas pouvoir s’apprĂ©cier Ă sa pleine mesure sans connaĂ®tre la fin de l’histoire. Dans sa volontĂ© de repousser les limites, scène après scène, le film va vite et expĂ©die les intentions de certains protagonistes de sorte qu’on a le sentiment ambigu de suivre une intrigue simpliste et, en mĂŞme temps, parfois confuse. Comme s’il nous en manquait des morceaux. Un comble au vu d’une durĂ©e qui a dĂ©jĂ tendance Ă tirer sur la corde sur la fin. Il fallait bien qu’on trouve un prĂ©texte pour compter le nombre de jours qui nous sĂ©pare de la sortie du troisième opus (308).
Spider-Man : Across the Spider-Verse sort ce mercredi 31 mai au cinéma. Son prédécesseur est disponible sur Disney+.
Voir Spider-Man : New Generation sur Disney+
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Les gestionnaires Marketing du concept Spider Man sont des Hommes forts
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