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Critique Sous la Seine : les dents de la mer 2 ?

Un film de requin en plein Paris ? On a tous en nous un petit cœur qui bat pour ce genre de pitch, et Netflix a décidé de réaliser nos rêves avec Sous la Seine. Mais du rêve au cauchemar, il n’y a parfois qu’un pas.

Que Netflix ait décidé de lâcher son Sous la Seine à quelques semaines des Jeux olympiques de Paris 2024 a ce petit quelque chose de truculent. Certes, on sait que l’intention est avant tout marketing, mais pour qui se gausse déjà de voir Madame la maire en maillot de bain se jeter dans le fleuve le 23 juin prochain, l’idée d’y placer un requin géant et gourmand vaut mille fois celle, grandissante, d’y déposer ses déjections. Au visionnage, on aurait davantage tendance à penser que seule la nature de l’étron change.

Nous sommes à l’été 2024 et Paris va accueillir pour la première fois les mondiaux de triathlon sur la Seine. Un événement majeur qui servira de vitrine à la ville avant l’arrivée des Jeux olympiques. En parallèle, l’océanologue Sophia (Bérénice Bejo) est avertie par une militante écologique qu’un squale s’est perdu dans le fleuve. Avec l’aide de la brigade fluviale, elle va tout faire pour éviter le drame qui se prépare.

Sous La Seine
©

Ce n’est pas la première fois qu’une production française s’attaque à un genre requinqué avec les années, notamment avec L’année du requin porté par Marina Foïs. Un film qui ne savait pas à quelle dent se vouer entre la parodie et le premier degré. Cela tombe bien, c’est exactement la même hésitation dans laquelle nage Sous la Seine, ou plutôt, dans laquelle il se noie complètement.

Hélène et les garçons

Il faut ainsi revenir sur les quarante-cinq premières minutes du métrage de Xavier Gens. Quarante-cinq minutes où Sous la Seine a décidé d’imprimer fièrement sa carte d’identité à sa poitrine : nous sommes dans une production Netflix et à ce titre, il faut remplir le cahier des charges, soit être un objet divertissant, au budget moyen, qui ne doit surtout pas se risquer à perdre l’intérêt de l’abonné en cours de visionnage. Et quel est le meilleur moyen pour maintenir l’attention ? Aller vite, tout le temps, de sorte qu’on n’ait pas le temps de relever la bêtise d’une scène avant de passer à la suivante.

On va donc se farcir une tripotée de personnages plus caricaturaux les uns que les autres — mention spéciale à l’écologiste, cheveux bleus et homosexuel — dont la seule fonction est de nous placer la situation et de nous annoncer l’action suivante. Personne n’existe au-delà de ce que le scénario exige de lui. Cela nous offre des dialogues de haute volée où chacun récite littéralement son texte sans se soucier de ce qui l’entoure. Leurs actes étant du même acabit, on assiste à des prises de décision lunaires, comme si les personnages s’étaient lancés le défi d’être le plus bête du groupe. Que faites-vous si vous êtes entouré de requins nerveux dont l’un dépasse les sept mètres ? Oui, vous allez agresser le plus gros. La première séquence du film donne le ton, on n’a pas face à nous les couteaux les plus aiguisés du tiroir. Et le pire arrive ensuite.

Cette première moitié porte en elle tous les codes de la parodie et cela pourrait effectivement être drôle si Sous la Seine s’en amusait. Sauf que tout ce beau monde semble s’être vraiment pris au sérieux dans un délire écologico-horrifique. Comme si le long-métrage prétendait réellement vouloir nous raconter quelque chose, avoir une intention derrière autre qu’être un film de genre un brin fauché. Et, dans le même temps, avec des comédiens conscients de l’absurdité du machin. Le tout, sans vraiment de direction d’acteurs. Résultat, l’ensemble du casting joue faux, mais avec beaucoup de premier degré. Comme si on était coincés dans un épisode dérivé d’Hélène et les garçons, ou que la pauvre Bérénice Bejo rejouait la première partie de Coupez !, le twist en moins.

Seule Anne Marivin, en fille illégitime d’Emmanuel Macron et d’Anne Hidalgo avec la tête de Valérie Pécresse, prend un vrai plaisir à surjouer le grotesque du personnage politique. Chacune de ses interventions se situe dans la pure comédie, une manière pour Xavier Gens de tacler gentiment nos dirigeants. Sauf que cela se fait, dès lors, en décalage total avec le reste du long-métrage qui, lui, veut se maintenir dans le premier degré. Rien de mieux pour nous donner l’impression d’assister à un autre film dès qu’elle rentre en scène. Et rien ne permet de penser que cette cacophonie de ton est volontaire

Sous la scène, le requin veille

Qu’est-ce qui pourrait bien nous sauver de personnages archétypaux, voire hautement détestables pour certains ? Heureusement, qui dit film de requin dit requin. Il suffit d’une séquence où Xavier Gens refait Une année difficile – le film faussement militant de Toledano et Nakache – en version encore plus caricaturale avant, enfin, d’assumer sa vraie nature de burineur qui s’en fout de l’écologie pour nous réconcilier avec le machin.

Pas que le long-métrage devienne plus regardable, néanmoins le réalisateur et scénariste se décide à renvoyer sa partie scénariste pour juste se laisser aller en mode Sharknado rencontre Peur Bleue. Sous la Seine n’a ni l’assurance nanaresque de l’un, ni l’amour de la série B de l’autre, mais il plonge enfin dans le grand bain du n’importe quoi généreux.

Sous La Seine Action En Justice
© Netflix

À partir de là, le film n’échoue plus à nous raconter quelque chose puisqu’il n’essaie plus. Pas d’émotions, pas de discours écologiste, juste du requin face à son futur repas. Comme si le squale avait senti notre douleur et avait décidé de nous sauver en bouffant tout ce qui joue mal. Et ça fait du monde. Pour la première fois peut-être de l’histoire du genre – du moins de notre mémoire, le grand bleu est le gentil du script.

On reste dans le n’importe quoi, mais un n’importe quoi généreux, qui n’a plus envie de se tracasser avec la cohérence, n’ayant plus peur de se contredire lui-même. Le navet prend des accents de nanar et on entend presque, au loin, un squale crier « Philiiiiiippe ! Je sais où tu te caches ! Viens ici que j’te bute ». Un éloge du vide, mais un vide qui ose y aller franco. Le premier degré est toujours là, mais le pseudo réalisme s’est pris plusieurs coups de dents. Sous la Seine est une comédie qui s’ignore, ce divertissement qui s’apprécie malgré lui un soir entre potes où le bon goût est resté à la porte.

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Notre avis

Sous la Seine est une déception tant il échoue tout ce qu'il entreprend. Il ne sait absolument pas quelle direction prendre et le décalage de ton est constant. Il incarne une énième production générique au sein de la maison Netflix. MAIS. À force de faire n'importe quoi, on finit par jouir du moment lorsque ce n'importe quoi passe à la vitesse supérieure. Un navet qui a ce petit quelque chose de plaisir coupable dès lors qu'il se met à flirter avec le nanar.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 5 / 10
11 commentaires
  1. Alors que dire !!!NUL NUL NUL!!!DEPUIS QUAND LES REQUINS MORTS FLOTTENT!!!LA FEMME AU DEBUT DU FILM A LES TYNPAMS CREVÉ ET PUIS NON MAGIE ELLE ENTEND FORT BIEN DANS LA SUITE DU FILM!!!Bref à bloc d’incohérences !!!Passez votre chemin !!!😂🤣

    1. Un tympan déchiré par la pression peut se guérir en 2 à 3 mois, même après une intervention chirurgicale. Le film se déroule à Paris 3 ans après cet événement. Si vous cherchez un maximum de cohérence dans les films et séries actuels, vous serez souvent déçu. Ouvrez-vous peut-être un peu plus aux fictions incohérentes pour le plaisir.😇🤗😜

  2. Moi, ça m’a diverti.
    Il faut plus voir ça comme un film de science-fiction sarcastique et impertinent, qui se veut en lien avec l’actualité des JO.
    Cependant, je ne rêve pas de me baigner au milieu de la pollution infinie de la seine au milieu des sportifs qui s’y prêteront et je pense que malgré le travail de nettoyage immense qui a du être entrepris, il est bien plus rapide pour des milliers de personnes d’aller jeter des tonnes de trottinettes dans un fleuve que pour quelques plongeurs d’aller les récupérer.
    Et je ne parle que des trotinettes..
    Un film entre les dans de la mer et jurassic Park qui a eu le mérite de m’amuser.

  3. Pour une fois je sors le champagne car je suis du même avis.^^
    Un sharknado avec plus de moyen, j’ai adoré la caricature de la maire de Paris…

    1. Je me suis bidonné , j’ai adoré la Maire de Paris qui doit être pire que sa caricature ! J’ai passé un moment à hurler : ils n’ont pas osé ? Mais si, à mon plus grand plaisir de gamin de 73 ans, c’était plus excitant que les dents de la mer 1 2 3 4 , bravo

  4. Beaucoup de critiques, mais si on arrête d’analyser chaque scène et laisser vous juste emporter par le divertissement.
    Personnellement j’ai + que aimer ce film et même si il y a des choses pas très cohérente, et puis si tout les films été très réaliste ça ne serait plus divertissant, mais plus documentariste

  5. Très bon film je le recommande mais j’aurais préféré une autre fin pour la maire Oui i’ y a quelques incohérences mais ça n’enlève rien moi j’ai bien aimé

  6. Un film très marrant, a voir comme un nanar, ces incohérences sont la pour nous faire rire, le but de ce film n’avait à mon sens pas vocation à être sérieux, mais à détendre un peu les fesses coincer de certains français, qui prennent les choses beaucoup trop a cœur 😉
    Et puis, aussi peut être à nous laisser imaginer quelques choses de plus marrant pour ces JO qui avant même d’avoir commencer est déjà un fiasco! Haut les cœur ! Rigolez, c’est bien l’une des seule choses encore gratuite dans notre pays !

  7. Moi j’ai adoré votre critique !!! Le film, je ne l’ai même pas fini tant il est mauvais…

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