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Critique Sly : Stallone par Stallone, et beaucoup Rocky aussi 🥊

Peu de temps après Arnold Schwarzenegger, c’est son meilleur rival et ami qui signe son propre documentaire sur la plate-forme Netflix. Sly, c’est du Stallone par Stallone dans le titre, mais finalement peut-être pas encore assez ?

Arnold, documentaire de trois heures — en trois parties —retraçant la vie pas encore finie du chêne autrichien ? Bien sûr qu’on signe Netflix ! On a grandi avec le bonhomme omniprésent sur grand écran, voilà notre argent. Cinq mois après, nouveau documentaire, cette fois sur l’autre figure de ces années bénies (on assume, il n’y aucune objectivité là-dedans) : Sylvester Stallone. Sly : Stallone par Stallone, c’est 95 minutes où l’acteur, réalisateur, scénariste et producteur se raconte. Bien sûr qu’on signe Netflix, voilà ce qui reste sur notre compte épargne.

Et c’est dans une ambiance étrange que le documentaire de Thom Zimny, réalisateur davantage habitué au monde musical (clips ou docus), s’ouvre. On est début 2021 et l’acteur décide de quitter Los Angeles pour la Floride. Une page se tourne pour celui qui a eu tant de mal à faire son trou dans la Cité des Anges. Les camions de déménagement sont là et chaque objet, statues, représentant des personnages de la carrière du bonhomme sont soigneusement emballés, les protégeant des aléas du transport. On comprend surtout qu’il s’agit de les protéger du temps, de la poussière, de la cassure, comme pour signifier que si Stallone vieillit, ses personnages, eux, sont éternels. Sly n’aime pas les fins tristes.

Stallone chez lui
Crédits : Netflix

Victoire par K.O. pour Rocky

Qui est Sylvester Stallone ? Un homme qui en a bavé, un oustider cantonné aux rôles de figurant ou de voyou et qui a dû écrire le scénario de Rocky en trois jours, refusant ensuite une somme astronomique des studios cherchant à éviter qu’il l’incarne. Mais il n’a pas lâché l’affaire, c’était son rôle, sa vie. On connaît la suite.

C’est là le principal défaut de ce documentaire. On sait combien Rocky Balboa a été l’alter-ego de Sylvester Stallone, que ce soit pour lancer sa carrière (le 1ᵉʳ), la sauver (le deuxième film arrive après deux bides), renforcer son hégémonie (les deux suivants), un retour aux sources précipité (le cinquième) et enfin l’épilogue bouclant la boucle (Rocky Balboa). N’importe quel fan de l’acteur connaît l’importance du boxeur pour Sly, sauf que le documentaire entend en rajouter une couche… et une grosse.

Stallone derrière une caméra
Crédits : Netflix

Pendant plus de la moitié, Sly : Stallone par Stallone va davantage se raconter autour de Rocky, n’apportant finalement qu’assez peu d’anecdotes neuves sur la mythologie, voire offrant une vision réductrice de sa carrière et de l’homme, comme s’il n’y avait eu que Rocky, toujours, tout le temps, à chaque moment. Ce n’est pas entièrement faux, néanmoins, c’est un sentier battu et rebattu dont on aurait peut-être aimé que cette nouvelle production parvienne à s’extirper. On parle d’un homme qui a joué dans plus de 70 œuvres, en scénarisant la bonne moitié. Peut-être que, pour une fois, il aurait pu retirer les gants un peu plus longtemps.

Tuer le père

D’autant que le plus intéressant dans Sly : Stallone par Stallone ne se situe pas sur un ring, mais bien dans sa relation avec son père. Un père sévère, violent, toxique, jaloux qui aura été à la fois source de traumatisme et d’inspiration pour Stallone fils. Une relation problématique renforcée par les témoignages de Frank Stallone Jr, le frère cadet de Sly.

On apprend, ainsi, que peu de temps après Rocky, Frank Stallone a voulu produire son propre film de boxe (Sonny), qu’il a arrêté la carrière de joueur de Polo de Sly de manière agressive (et par deux fois d’une certaine manière) ou encore, que si Rocky Balboa représente Sylvester, celui de John Rambo s’inspire de Frank.

Stallone chez lui
Crédits : Netflix

Une figure paternelle qui a lourdement forgé le fils, rarement du bon côté de la barrière. Il suffit de voir des images d’archives des Stallone père et fils pour comprendre le lien tendu entre les deux, entre amour et haine, cultivant les scénarii de l’auteur et comédien, tout en lui donnant un exemple parental à ne pas suivre avec ses propres enfants.

Stallone avoue ainsi avec une émotion palpable avoir constamment recherché l’affection du public, refusant dès lors des fins tragiques à ses incarnations cinématographiques afin de rester dans une sorte de cocon protecteur entouré de l’amour de ses proches et du spectateur. Un homme physiquement imposant cachant un cœur fissuré, d’où les réactions souvent épidermiques aux mauvaises critiques, aux mauvais scores au box-office.

C’est sûrement pour cela que le documentaire évite de s’attarder sur la seconde partie de sa carrière, jalonnée de films au mieux passables pour la plupart. Un raté qu’il ne met pas sous le tapis pour autant, l’acteur ne cachant pas ses regrets, dont plusieurs de ces choix filmographiques, mais qui préfère toujours se tourner vers l’avant, à la recherche de son prochain succès.

Stallone dans Rocky
Crédits : Netflix

Une quête de reconnaissance qui ne l’a finalement jamais quitté depuis ses débuts, encore un coup du fantôme de Frank Stallone, jusqu’à mettre sa santé physique en péril lorsqu’il donna de sa personne pour ressusciter sa carrière (et celles des copains) avec le premier opus de la franchise Expendables. Mais Stallone le sait, il est condamné à désormais descendre la vague, comme son compère Arnold Schwarzenegger.

Schwarzy qui ne manque pas d’apparaître parmi les invités de ce documentaire, comme une façon de rendre la pareille à son copain après les témoignages de Sly dans le documentaire Arnold. On apprécie notamment que ces deux ennemis de l’époque devenus très proches mettent leurs egos de côté pour féliciter leurs succès respectifs puisque si Stallone donnait dans Arnold la victoire filmique à Schwarzenegger, celui-ci lui rend ici la ceinture. Une manière de dire que la trajectoire de ces deux géants reste la même avec des réussites, des échecs, des problèmes de famille… bref qu’ils sont avant tout des hommes au crépuscule de leur gloire. Mais comme dirait Rocky, “ce n’est pas fini tant que la cloche n’a pas sonné !”.

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Notre avis

Trop réducteur ou trop court ? Sûrement un peu des deux lorsqu'il s'agit de résumer Sylvester Stallone. Sly : Stallone par Stallone se penche sur une icône du cinéma, créateur de deux personnages cultes du septième art, rien que ça, mais qui a lui-même trop tendance à se focaliser sur l'une de ces deux créations. Pourtant, le reste mérite tout autant d'être raconté, surtout lorsqu'on est déjà familier d'un fameux boxeur. C'est le problème avec les combats d'un champion, on en veut toujours plus.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 7 / 10

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