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Critique Shazam! 2 : La Rage des (a)Dieux⚡

Après un premier épisode réjouissant mais convenu, Shazam! La Rage des Dieux a-t-il l’étoffe d’un héros ? Critique.

Après une décennie d’errements scénaristiques (bon anniversaire DC) la licence est forcée de revoir sa ligne conductrice. Les propositions de Warner Bros et DC Films sur le secteur super-héroïque – très encombré – n’ont pas convaincu, l’ère Snyder touche à sa fin.

James Gunn et Peter Safran préparent le reboot complet de la licence, à quelques exceptions près comme Joker et The Batman qui pourront continuer d’opérer en solo sous la bannière Elseworlds. C’est donc dans une saga en pleine reconstruction que Shazam! La Rage des Dieux débarque au cinéma.

À la différence des personnages campés par Henry Cavill, Gal Gadot et Dwayne Johnson, son sort n’est pas encore scellé. En cas de succès, l’adolescent dans un corps d’adulte pourrait revenir pour un troisième volet. C’est donc avec toutes ces préoccupations stratégiques en tête que nous avons découvert La Rage des Dieux, craignant qu’il n’ait aucune consistance et sonne comme un pavé dans la mare. Son positionnement en marge de la Justice League pouvait néanmoins lui permettre de ne pas trop souffrir du grand chambardement qui s’opère en coulisses.

Toute la famille de Billy Batson
Crédits : Warner Bros / DC

Plusieurs années après s’être vu confié la sagesse de Salomon, la force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure, Billy Batson continue de sauver comme il le peut la veuve et l’orphelin. Il s’est depuis constitué une petite équipe, composée de ses frères et sœurs adoptifs. Ils essaient tant bien que mal de protéger les habitants de Philadelphie, mais sont loin d’être infaillibles.

Cette relative tranquillité va être bouleversée lorsque les Filles d’Atlas débarquent sur Terre pour retrouver la magie qui leur a été volée, il y a très longtemps. Billy et sa famille s’engagent alors dans une guerre destinée à conserver leurs pouvoirs, rester en vie et sauver la planète… C’est quand même une sacrée responsabilité à mettre sur les épaules d’adolescents.

C’est la famille…

Shazam premier du nom n’avait pas la résonance biblique d’un Superman chez Snyder, ni l’ambition historique d’un Wonder Woman ou la noirceur d’un Batman chez Matt Reeves. Avec les aventures de son super-héros immature, David F.Sandberg voulait surtout divertir petits et grands à la manière d’un film d’aventures des années 80.

Ce n’est d’ailleurs pas une surprise qu’il fasse référence ici et là à quelques classiques du genre. Après avoir pioché du côté de Big, qui met en scène un enfant piégé dans un corps d’adulte, il convoque la dynamique des Goonies (présent sur le t-shirt d’un personnage) pour raconter cette aventure teintée de mythologie. Les personnages se prélassent dans une grotte ancestrale décorée de lampions et de babioles colorées.

Billy doit de son côté composer avec le temps qui passe, et qui le rapproche de plus en plus de sa 18e année. Pour l’orphelin, ce passage à l’âge adulte est un constat douloureux : il va devoir quitter le nid et la famille qu’il s’est trouvée. Si ce postulat de départ est assez intéressant, Shazam! 2 n’arrive que très rarement à faire avancer ses protagonistes dans le bon sens. Le métrage ne va pas au bout de ses idées, comme le faisait déjà le précédent film.

Usant de dialogues bien trop littéraux, et de retournements de situation faciles, ce second volet ne maîtrise pas assez sa double lecture. La Rage des Dieux préfère ainsi se vautrer dans sa partition comique, mais le fait avec un certain panache. Dès lors qu’elle embrasse sa vacuité, la copie de David F.Sandberg s’impose comme un divertissement bas de plafond certes, mais généreux.

Billy et Freddy dans Shazam
Crédits : Warner Bros / DC

Pour éviter de court-circuiter sa dimension épique, Shazam! La Rage des Dieux met sous le tapis toutes les bonnes idées narratives qui auraient pu lui donner un peu de relief. Par exemple, à un âge où les adolescents rêvent de se débarrasser des boutons qui constellent leurs visages, pourquoi diable choisir de quitter leur forme adulte dès qu’ils en ont l’occasion ? Le parcours de Freddy aborde brièvement ce volet, mais ne s’y attarde pas assez pour véritablement offrir une réflexion sur la question.

Est-ce que c’est grave ? Pas vraiment puisque Shazam! n’a pas l’ambition d’être autre chose qu’une saga sur une famille qui parle de la famille et pour les familles. Ça devrait faire plaisir à Dominic Toretto. En revanche, cette légèreté ne sert pas l’impression de danger qui devrait régner dans ce genre de production. À trop vouloir faire rire, Shazam! La Rage des Dieux devient inconséquent et échoue à faire naître la moindre inquiétude chez le spectateur.

Cool Kids

Après avoir tenu l’affiche, Billy Batson doit partager la lumière avec ses compagnons de castagne. Son “origin story” ayant été largement abordée, au détour de quelques scènes malines, le deuxième film évolue autour d’une équipe hors du commun sans pour autant réussir à les faire briller tous de la même manière. À raison, le film écrit par Henry Gayden et Chris Morgan préfère se concentrer sur le noyau dur : Billy et Freddy. Comme la dernière fois, Jack Dylan Grazer vole la vedette à Asher Angel qui campe le jeune garçon par qui tout a commencé.

Crédits : Warner Bros

L’acteur déploie une énergie folle, surtout lorsqu’il forme un improbable duo avec le sorcier campé par Djimon Hounsou. De son côté, Zachary Levy semble prendre son pied à incarner cette figure héroïque immature. Résultat : on s’amuse aussi. Les antagonistes ne sont pas en reste, particulièrement Helen Mirren qui a une prestance folle, là où Lucy Liu a la fâcheuse tendance à cabotiner à bien des moments. Rachel Zegler, révélation du West Side Story de Steven Spielberg, fait comme elle peut pour s’emparer d’une partition qui manque souvent de nuances.

Touché par la grâce ?

David F.Sandberg n’a pas fait ses premiers pas avec des super-héros. Le réalisateur s’est fait connaître pour avoir mis en scène plusieurs films d’horreur, Lights Out qui est une adaptation d’un de ses courts-métrages, et Annabelle 2 : La Création du mal. Shazam n’était donc que son troisième film, à l’antipode de ce qu’il avait fait par le passé.

Après un premier opus tâtonnant, il gagne en assurance avec la suite. La première scène suffit à convaincre qu’il a pris ses marques. Si le résultat n’est pas exempt de défauts, Shazam! La Rage des Dieux est peuplée de belles idées de mise en scène. C’est particulièrement vrai lorsque des monstres s’invitent dans un Philadelphie aux prises des racines d’un arbre magique.

Les trois filles d'Atlas
Crédits : Warner Bros / DC

Reste que certains effets numériques douteux viennent parasiter la copie visuelle de La Rage des Dieux. Certains sont pourtant assez intéressants, à l’image du royaume divin et de ses entrailles ou encore de la grotte qui sert de repère à nos héros. Dommage, le film retourne dans ses travers dans la dernière moitié, préférant les combats aériens grandiloquents aux invasions de créatures sanguinaires.

On n’aurait pas misé sur Shazam! : La Rage des Dieux et pourtant. Sans grandes ambitions, et toujours avec les enfants en cœur de cible, la suite du film porté par Zachary Levy ne ment pas sur ses intentions. Un divertissement généreux, un peu bébête, mais qui se révèle particulièrement réjouissant s’il ne tente pas d’intellectualiser trop ses thématiques.

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Notre avis

Shazam! La Rage des Dieux n’a rien de l'éclair de génie, mais bénéficie de toutes les qualités du précédent film… et ses défauts. Épique à souhait, drôle parfois et surtout très enfantin, le second volet des aventures de Billy Batson est anecdotique mais pas catastrophique.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10

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