Le film d’épouvante est loin d’être exclusif à un seul pays. Si les États-Unis et l’Asie dominent assez largement la production, d’autres nations de cinéma se démarquent de temps à autre. Nous évoquions récemment avec vous l’horreur à la française, mais l’Espagne en fait définitivement partie.
Depuis le début des années 2000, les jeunes pousses espagnoles ont réussi à donner un véritable coup de fouet au genre. Plus encore que dans l’hexagone, des réalisateurs comme Alejandro Amenabar, Jaume Balaguero ou Jaume Collet-Serra ont su se réapproprier les codes de la peur hérités des USA, tout en y insufflant une touche ibérique.
Même tournés en langue anglaise, ces longs-métrages conservent un style particulier, où l’économie de moyen est le principal vecteur d’angoisse. Le Secret des Marrowbone s’insère parfaitement dans cette lignée.
Lorsque leur mère décède, Jack et ses frères et sœurs décident cacher la nouvelle afin de pouvoir rester ensemble. Cette dernière les élevant seule, il se retrouve isolé dans le domicile familial. Mais des événements étranges indiquent qu’une présence étrangère hante les murs de la demeure.
Et la lumière (ne) fut (plus)
Soucieux d’atteindre le niveau d’exigence de ses précédents collaborateurs, Sanchez fait preuve d’une véritable maîtrise de la mise en scène. Tourné dans les Asturies, son film affiche pourtant des relents gothiques britanniques. La douce lumière extérieure semble s’arrêter net au pas de la maison, et ne rejaillit que par les fenêtres du premier étage. Plus le récit nous mène vers le grenier, d’où les bruits étranges proviennent, plus cette dernière se fait rare.
Sanchez joue ainsi avec le clair-obscur des bougies et des lampes à huile pour composer des tableaux saisissants. Sous les bons reflets, un simple drap se transforme en menace derrière sa caméra. Sa vision d’esthète insuffle une angoisse latente au récit, qui n’a de ce fait pas besoin d’utiliser les jumpscares inhérents à ce genre de production.
Il peut compter sur un patchwork d’acteur qui affiche une belle symbiose à l’écran. George McKay montre ainsi une vraie assurance en chef de famille autoproclamé. Sa frêle carrure compose bien avec la beauté diaphane de Mia Goth, qui évoque Sissy Spacek ou Shelley Duvall, confirmant qu’elle est décidément toute désignée pour les univers fantastiques (A Cure for Life, 2017). Découvert dans Stranger Things, Charlie Heaton est finalement peu utilisé, mais livre une prestation intéressante .
L’enfer, c’est les Autres ?
Paradoxalement, sa volonté de démontrer son savoir-faire technique prend le pas sur l’écriture. Cela a pour effet de scinder le film en deux. Visiblement inspiré par les pirouettes scénaristiques de Shyamalan, ce dernier amorce une révélation qui est censée lui donner une autre lecture.
Sur fond de drame familial et de réalité altérée, Sanchez finit par réassembler les éléments scénaristiques éparpillés tout au long du film. Ce final arrive cependant un peu tardivement, ce qui a pour effet d’en altérer la surprise.
C’est d’autant plus dommage qu’il lorgne un peu trop sur la structure narrative des Autres d’Amenabar. Bien qu’il soit attendu, il tisse une métaphore plutôt habile sur la façon dont les enfants cristallisent en eux l’angoisse de leurs parents. Ce qui est déjà bien assez rare pour le genre.
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